Le prix Femina a été attribué à Yanick Lahens pour son roman Bain de lune aux éditions Sabine Wespieser. Yanick Lahens conte l’histoire d’un pêcheur qui découvre, échouée sur la grève, une jeune fille qui semble avoir été agressée. Lorsqu’elle se met à invoquer ses ancêtres, l’homme découvre un lourd passé familial. Les Lafleur et les Mésidor vivent dans un petit village d’Haïti. Les deux clans se détestent et pourtant lorsque Tertulien Mésidor rencontre Olmène Dorival, petite-fille d’un Lafleur, l’attirance est réciproque.
«Je suis très contente. La reconnaissance fait du bien et je suis surtout sensible au fait que le jury a compris que cette histoire, si elle se passe en Haïti, est universelle», a déclaré la lauréate.
«Nous sommes enchantés de pouvoir récompenser enfin des efforts remarquables d’un petit éditeur Sabine Wespieser», a souligné Christine Jordis, membre et porte-parole du jury.
Le prix Femina étranger est revenu à Zeruya Shalev pour “Ce qui reste de nos vies“, une envoûtante variation, au soir de la vie d’une mère, sur les mystérieux liens tissés entre parents et enfants.
Yanick Lahens est née à Port-au-Prince en 1953. Après des études secondaires et supérieures en France, elle est retournée vivre en Haïti, où elle a enseigné la littérature à l’université d’État (École normale supérieure) jusqu’en 1995. Longtemps professeur, mais aussi journaliste – elle a animé l’émission culturelle « Entre nous » sur Radio Haïti Inter, collaboré à différentes revues et été membre du comité de rédaction de la revue haïtianocaribéenne Chemins critiques –, elle consacre aujourd’hui une grande partie de son temps au développement social et culturel de son pays..
Après trois jours de tempête, un pêcheur découvre, échouée sur la grève, une jeune fille qui semble avoir réchappé à une grande violence. La voix de la naufragée s’élève, qui en appelle à tous les dieux du vaudou et à ses ancêtres, pour tenter de comprendre comment et pourquoi elle s’est retrouvée là. Cette voix expirante viendra scander l’ample roman familial que déploie Yanick Lahens, convoquant les trois générations qui ont précédé la jeune femme afin d’élucider le double mystère de son agression et de son identité.
Les Lafleur ont toujours vécu à Anse Bleue, un village d’Haïti où la terre et les eaux se confondent. Entre eux et les Mésidor, devenus les seigneurs des lieux, les liens sont anciens, et le ressentiment aussi. Il date du temps où les Mésidor ont fait main basse sur toutes les bonnes terres de la région.
Quand, au marché, Tertulien Mésidor s’arrête comme foudroyé devant l’étal d’Olmène (une Lafleur), l’attirance est réciproque. L’histoire de ces deux-là va s’écrire à rebours des idées reçues sur les femmes soumises et les hommes prédateurs.
Mais, dans cette île également balayée par les ouragans politiques, des rumeurs de terreur et de mort ne tardent pas à s’élever. Un voile sombre s’abat pour longtemps sur Anse Bleue.
Pour dire le monde nouveau, celui des fratries déchirées, des déprédations, de l’opportunisme politique, Yanick Lahens s’en remet au chœur immémorial des paysans : eux ne sont pas dupes, qui se fient aux seules puissances souterraines.
Leurs mots puissants, magiques, donnent à ce roman magistral une violente beauté.
Broché: 273 pages
Editeur : Sabine Wespieser (11 septembre 2014)
Collection : LITTERATURE
Langue : Français
ISBN-10: 2848051175
ISBN-13: 978-2848051178