VIDEO FOREVER 33 Animal Death : une séance spécifiquement dédiée au thème de la mort des animaux.
“Il y a exactement deux ans, en ce même musée de la Chasse et de la Nature, nous présentions la 23ème session de VIDEO FOREVER, dédiée au thème de la mort. Vous pouvez en trouver la reprise vidée sur le blog de VIDEO FOREVER. Nous avions montré, entre autres, un film de Raphaëlle Paupert-Borne sur la maladie et la mort de sa propre petite fille, décédée de mucoviscidose à l’âge de 4 ou 5 ans. Vous étiez tous restés regarder. C’était un beau film. Dans le déroulé de la séance, nous avions également montré le film Slaughterhouse de Ali Kazma. C’est aussi un beau film. On y voit les animaux mourir dans un abattoir kasher à Istanbul. Au moins vingt personnes avaient quitté la salle.
Claude d’Anthenaise nous a alors proposé d’organiser une séance spécifiquement dédiée au thème de la mort des animaux. Et nous nous sommes interrogés : comment se fait-il que la mort de la petite fille soit regardable, et celle des animaux ne le soit pas ? Il y a probablement de multiples raisons à cela. D’abord, la mort de la petite fille est une fatalité, celle des animaux est infligée. Mais la mort infligée ne fait pas systématiquement fuir les spectateurs du cinéma, loin de là. On pourrait répondre à ce contre-argument que dans les films de guerre les hommes ne meurent pas vraiment – mais à la guerre, oui, ils meurent vraiment, comme à l’abattoir.
L’une des hypothèses émises pour expliquer cette sensibilité différentielle serait la question de l’innocence. Nous aurions tous besoin d’une sorte de « protectorat de l’innocence ». L’humain ayant depuis le siècle dernier perdu toute innocence – nous savons désormais qu’il est capable du pire, massivement – peut-être que l’enfant, futur adulte, a lui aussi perdu de son innocence à nos yeux. Peut-être que les animaux représentent désormais pour nous une sorte de « réserve naturelle d’innocence » à laquelle nous ne devrions pas toucher. Peu importe que les animaux se tuent entre eux, ils n’en seraient pas moins exemptés de la possibilité du Mal.
Nous nous sommes alors mis à la recherche de la meilleure manière d’aborder ce thème, en évitant dans toute la mesure du possible que les spectateurs ne quittent la salle d’entrée de jeu — et si les vidéos d’art réunies dans la programmation proposée ne vont pas apporter de réponse aux questions fondamentales que nous nous posons à propos de la mort des animaux, elles vont nous permettre d’approfondir les questions posées, qui sont, entre autres :
– Ce qui fait de nous des êtres « mortels » – la conscience de notre mort en tant qu’individus et en tant qu’espèce (humaine) – est-elle partagée par les animaux ? Les animaux ont-ils conscience de leur mort – de la mort – de manière similaire aux hommes ?
– Dans les représentations qui visent à nous faire ressentir une telle conscience, quelle est la part de « projection » ? (une question particulièrement adéquate quand il s’agit de vidéos…)
– Pourquoi les artistes d’aujourd’hui ne représentent-ils pas la mort naturelle des animaux, quand bien même les animaux meurent de mort naturelle ? Pourquoi ne représentent-ils pas la mort que les animaux se donnent entre eux ?
– La volonté parfois forcenée d’annuler la mort des animaux répond-elle du désir d’annuler la mort humaine – et devant l’impossibilité de ce faire – à une sorte de détournement ?
– Qu’en est-il des rituels, des ritualisations de la mort ?
-Pourquoi les images classiques de chasse qui étaient et sont encore considérées comme « belles » (voir les images du musée) seraient-elles – ou sont-elles – aujourd’hui décriées, dans la mesure où elles sont contemporaines ?
– Que nous disent les artistes qui travaillent sur la mort des animaux de notre propre rapport à la mort ?
La programmation elle-même a été conçue par thèmes : la mort naturelle ; la question de la conscience ; les représentations de l’abattoir, incluant la chorégraphie ; la chasse, la pêche, et l’élimination des animaux nuisibles à l’agriculture ; les hommages aux animaux en voie de disparition ; la possible beauté des représentations la mort.” Barbara Polla
Introduction : Claude d’Anthenaise – Conference : Barbara Polla & Paul Ardenne
With Katja Aglert, Véronique Caye, Georges Franju, Julia Ghita, Mihai Grecu, Pauline Horovitz, Signe Johannessen, Ali Kazma, Merve Kaptan, Erik Levine, Lucy & Jorge Orta, Tiziana Pers, Lucie Plumet, sintacti-k, Jeanne Susplugas.
Entrée libre. Inscription indispensable à l’adresse suivante reservation@chassenature.org.
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