72 tirages uniques numérotés et signés, pour la plupart en noir et blanc, ont été sélectionnés par l’artiste américain Sean Patrick Watters, autour du thème « Vagabondage au masculin ». Une l’expo-vente organisée par le fonds LINK au profit de l’association AIDES.
L’exposition-vente sera ouverte au public du vendredi 21 au dimanche 23 avril, de 12h à 19h. Les produits de cette vente permettront à LINK de financer les programmes « SPOT » de l’association AIDES, une offre originale et efficace de santé sexuelle pour mettre fin à l’épidémie du SIDA. Outil indispensable dans l’objectif de faire cesser les nouvelles contaminations au VIH dans notre pays, ce programme fonctionne sur le modèle des cliniques qui démontrent une grande efficacité aux États-Unis et en Grande Bretagne.
Sean Patrick Watters
Né en 1969 à Louisville, Kentucky (USA), Sean Patrick Watters vit et travaille à New York. Ses photographies exposées à Paris, invitent à la découverte d’un vagabondage dont le corps est le sujet. Au delà de ses oeuvres, l’artiste pose avec tact son regard sur une intimité qui se livre, accédant à l’état d’oeuvre sensible, émouvante voire sociologique. Reconnu comme un photographe exceptionnel de l’idéal classique masculin, Sean Patrick Watters est également un très grand photographe de mode qui a collaboré avec les plus grands magazines.
Sean Patrick Watters vu par René-Julien Praz
En 2013, à l’initiative de Guy Cogeval, directeur du Musée d’Orsay, se tenait Masculin/Masculin, une exposition retraçant deux siècles du corps nu masculin et l’opportunité d’observer la qualité des modèles et l’évolution des mentalités sur le corps. À l’exception du Leopold Museum de Vienne, jamais sujet, aussi florissant soit-il, n’avait été abordé par les Académies, soulignant par là même le problème de pudeur qui s’est imposé à ce nu jusqu’à récemment.
Si les codes du nu masculin changent avec les sociétés, le regard, lui, incarne une pertinente réflexion sur l’avancée des moeurs et des consciences. Dans l’idéal classique, via les thèmes mythiques de l’antiquité, ce nu héroïque évoquait la force et le combat. Mais c’est le XIXe siècle qui marqua un schisme dans l’art entre le regard adressé à ce nu masculin et la transformation de sa vision artistique. De modèle pictural, il devint modèle à part entière, voire une idole observée sous toutes les coutures grâce à l’apparition de la photographie.
Le nu et la photographie ont chacun leur histoire propre mais, dès lors que le nu investit celle de la photographie, il s’agit plus que d’une histoire : une phénoménologie. De même qu’une histoire du miroir ne se résume pas aux vicissitudes de l’instrument réfléchissant à travers les âges mais touche à l’anthropologie, la fable du nu rencontrant la photographie n’est plus tout à fait une simple affaire d’esthétique.
Plus qu’une « copie du réel », la photographie en est une émanation : « une magie, non un art », comme le suggérait Roland Barthes. En effet, la photographie est rigoureusement moniste : sa profondeur se confond avec sa surface ; elle est l’évidence de l’arcane, et oblige à penser la représentation. Ainsi au XXe siècle l’artiste prend le pas sur le corps, il se met en perspective par des autoportraits, il donne à voir ce qu’est le corps pour lui au fil d’un questionnement existentiel à l’image d’un Robert Mapplethorpe ou d’un John Coplans.
Même envisagée d’un point de vue très partial, la manifestation du nu dans la photographie témoigne de certaines questions posées au monde qui, pour n’être pas absolument intangibles, présentent une valeur d’universalité acceptable ; la culture y rencontre la « nature » (mort, temps, sacré, sexe), mettant au jour des expériences auxquelles toutes les cultures se confrontent sous des guises diverses.
Le corps masculin n’est plus seulement héroïque, il affiche ses faiblesses, ses peurs, ses questionnements, ses doutes et ses émotions. On ose évoquer sa part féminine, le trouble de la tentation, de la jouissance du masculin, l’homme devient un désir laissé à la libre exploration de ce corps. Une toile de fond de l’imaginaire, primitif, sauvage, l’énigme des rêves accompagnée d’une dose de sensualité. Cette monographie I have a tale to tell de Sean Patrick Watters invite à la découverte d’un vagabondage dont le corps est sujet. Au-delà de ses photos, l’artiste pose son regard avec tact sur cette intimité qui se livre, accédant ainsi à l’état d’oeuvre sensible, émouvante voire même sociologique. Il suggère un espace d’expression où les nus esthétisants et sophistiqués imposent aux regardeurs, à l’instar d’un Man Ray ou d’une Sally Mann, une profondeur et un pouvoir structurant de lignes et de lumière, sublimant ainsi la puissance évocatrice des formes et des textures.
Les jeux d’ombre et les mises en scènes sensuelles convoquant cette empreinte nommée désir. Reconnu comme un exceptionnel photographe de l’idéal classique masculin, S. P. Watters, comme ses illustres prédécesseurs, Bruce Weber, Frank Eugene Smith ou Herbert List, exerce son coupable talent depuis qu’il délaissa la danse au profit de son appareil photographique.
Si les magazines de mode ont toujours eu pour lui une tendresse fidèle, c’est que le « fashion photographer » a su se transformer en photographe plasticien, conteur et magicien, magnifiant ses proies pour le meilleur.
Ses clairs-obscurs et ses veloutés de lumière flirtent avec la chair alors que l’intensité de ses noirs profonds jouent avec notre pudeur qui réclame à « corps et à cris » un acte d’indécence. Sean a imposé comme personne son empreinte. Ses œuvres possèdent l’équilibre du geste, la grâce du mouvement, la vérité de l’instant et un besoin inné du beau agrémenté de cette pointe de provocation par laquelle s’exprime sa différence. Une identité qui lui assure un succès international auprès des amateurs et collectionneurs ainsi que dans les plus glamours des magazines.
Le site des Fonds Link : http://www.fondslink.org/
Photo : Sean Patrick Watters