L’actualité de Velvet et Zoer a été dense en 2013 avec des projets artistiques entre le Danemark, le Mexique et la Russie. En France, invité à participer à un projet d’art public éphémère à Nantes, c’est au Palais de Tokyo à Paris que le grand public, amateur d’art contemporain, découvre leur travail au sein de l’exposition curatée par Lek & Sowat, Les Entrailles du Palais. Habitués des friches industrielles, Velvet et Zoer réalisent une installation dans le cabinet de Robin Soulier Consulting dans le 11e arrondissement fin 2013 ; un premier pas dans le nord-est de Paris avant leurs expositions à la Galerie Openspace.
La galerie Openspace présente du 8 mars au 29 mars, les travaux de Velvet et Zoer. Amis de longue date et collaborateurs, ces deux artistes se rencontrent au cours de leur formation de designer. Amoureux de l’objet, du graffiti, ils fondent le crew CSX. La complicité créative prend le pas sur la rivalité, chacun voit en l’autre la possibilité d’évoluer. Travaillant tantôt à deux mains tantôt à quatre, leur dialogue a su développer en eux un style inimitable. Au travers de leurs expositions, Zone Autonome et Perpetuum Mobile, ils confrontent leurs points de vue respectifs, leur manière, comme une sorte d’hommage à une collaboration qui n’en est qu’à sa genèse.
Matthieu Pommier alias VELVET (1986, FR)
Velvet s’inscrit dans la tradition de la peinture prônant la lenteur du geste et la primauté de l’image. Issu du graffiti, ce jeune artiste rencontre la peinture en l’an 2000. Dès le début, il choisit de ne pas se cantonner à un seul medium, un seul support. Alternant les wildstyles flamboyants sur mur et les aquarelles minutieuses sur papier, il s’impose rapidement parmi ses pairs. Il a su se démarquer grâce au soin apporté à la construction de la lettre et son éclectisme.
Il propose au travers de son exposition Zone Autonome de recomposer un monde partagé entre industrialisation et savoir-faire. Pour cela, il détourne, emprunte et assemble des objets quasi obsolètes. Peignant avec classicisme, il n’oublie pas ses contemporains. Influencé par Gerhard Richter et Arman, Velvet s’adonne à la nature morte et au paysage pour dépeindre un univers manufacturé confrontant plusieurs temps : un passé fantasmé et un présent presque décevant. Sa peinture, très narrative, indique les premiers mots de l’histoire invitant le spectateur à en déterminer le dénouement. Onirisme et désenchantement, rythmique et fixité, réalité et fantasme sont les notions qui sous-tendent son travail. Velvet allie ses souvenirs les plus intimes à une observation minutieuse de ce qui l’entoure pour construire un monde tout en contradiction, questionnant l’homme, la forme et l’objet. Camille Leflon
Frédéric Battle alias ZOER (1985, FR)
La quête de sens est au coeur du travail de Zoer. Cet observateur averti intervient, interprète, capte le réel pour mieux le pénétrer. Sa vision personnelle ponctue ses dessins dès son plus jeune âge. À 5 ans, il passe du temps dans les casses, dessine des scènes d’embouteillages. C’est ainsi qu’il commence inconsciemment à forger son vocabulaire formel. À l’adolescence, il se familiarise avec l’art de la bande dessinée. En éditant des fanzines, il développe l’art de la narration. À l’aube de l’an 2000, il se met à fréquenter la bombe et les terrains vagues tout en déployant une sensibilité pour la couleur. Il se fait rapidement remarquer pour sa richesse créative et son incorporation de l’illustration à l’art de la lettre. Au travers de cette pratique, il découvre des lieux mis entre parenthèses, en attente de leur dessein. Il croise également ceux que l’on exclut, marginalise.
Perpetuum mobile, comme un scénario se répétant à l’infini, nous permet de comprendre ses réflexions autour des sociétés et de leur empreinte, des destins en transition. A la manière de Henri Michaux, il raconte avec un détail quasi obsessionnel la désuétude, le rejet, afin de les rendre visibles, intelligibles. Tel un architecte, il vient avec poésie, construire la toile pour dévoiler et proposer un regard aux accents politiques sur la société, ses laissés pour compte, l’abandon des lieux et leur espoir de devenir. Au travers d’un langage plastique cultivant le paradoxe – la violence du sujet raisonne avec la délicatesse du traité ; la précision justifie le désordre ; le réalisme frise l’utopie – il donne à la scène de genre une dimension contemporaine pour appréhender l’habitat de l’exclusion ou l’exclusion habitée. Camille Leflon
- Exposition du 8 mars au 29 mars
GALERIE OPENSPACE – PARIS
56, rue Alexandre Dumas – 75011 Paris