Ursula Morley – Price au musée d’Art moderne de Troyes

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    1958

    Large Twist Form, 2013, Grés / © Philippe Mazère
    Large Twist Form, 2013, Grés / © Philippe Mazère

    Depuis son ouverture en 1982, le musée d’Art moderne de Troyes n’a cessé d’enrichir les points de vue sur l’art moderne proposé par ses fondateurs, Pierre et Denise Lévy, en développant une programmation et une politique d’acquisition originales. Le renouveau des arts décoratifs du XXe et du XXIe siècle a été retenu comme l’un des axes privilégiés de cette politique culturelle. Les arts du feu sont depuis quatre ans au coeur de l’actualité du musée. L’enrichissement et la mise en valeur du fonds de peintures, dessins et verreries de Maurice Marinot, l’acquisition, en 2011-2012, d’un ensemble de pièces représentatif de l’activité de l’atelier de verrerie artistique de Claude et Isabelle Monod au Touron (Alpes Maritimes), la présentation d’une exposition majeure sur la céramique d’artistes, en 2012, … sont accompagnées d’une série de publications de référence. Le fonds des arts décoratifs du XXe siècle s’est récemment enrichi de dessins d’André Derain, de céramiques d’Odette Lepeltier, Henri Lebasque, Pierre Lebasque, Jean Mayodon, André Méthey, Jean Puy, Jean Renoir, Gabriel Simonet dit Sébastien, Maurice de Vlaminck.

    En 2013, le musée d’art moderne de Troyes s’associe avec la Galerie de l’Ancienne Poste de Toucy en Puisaye, une galerie associative renommée qui milite en faveur de la création céramique contemporaine, pour proposer une rétrospective du travail d’Ursula Morley Price. Peintre et céramiste d’origine anglaise, Ursula Morley Price vit et travaille en France depuis 1973. Diplômée des écoles de la Camberwell School of Art et de Slade School of Fine Art à Londres, elle poursuit une carrière internationale de céramiste depuis quarante ans. Ses grès d’une finesse exceptionnelle s’apparentent à l’art raffiné du pliage des papiers. Ses oeuvres sont représentées dans de nombreux musées en Europe et aux Etats-Unis.

    L’exposition réunit une sélection de quelque quatre-vingts pièces uniques réalisées par l’artiste entre 1963 et 2013. A la faveur de cette première rétrospective française, le musée d’art moderne de Troyes fait l’acquisition de trois pièces récentes de l’artiste. Deux d’entre elles (Large Twist Form et Large Mouth Form) sont acquises par la ville de Troyes en association avec les Amis du musée, la troisième (Plume de Fountain) est offerte au musée par la Galerie de l’Ancienne Poste.

    Plusieurs formes représentent son oeuvre : Flange, Ruffle, Trompel’oeil, Bottle,… (forme centrale, vase, bouteille ou coupe).

    Ursula Morley- Price

    Céramiste, sculpteur, Ursula Morley- Price défie les limites de l’argile cherchant ainsi à créer du mouvement à travers différentes formes. L’exposition réunit une sélection de quelque quatre-vingts pièces dont la plupart s’apparente à des bols, des vases, des bouteilles auxquels viennent s’ajouter de fins colombins que l’artiste pince jusqu’à l’extrême. Une technique créant différentes formes et ondulations aériennes, déclinées au fil de ces années, laisse oublier le poids du grès.

    Ursula réalise toutes ses pièces à partir de l’ancienne technique du colombin, roulant chacun d’eux entre les paumes de ses mains. Ce qui prime dans son travail c’est la matière et le mouvement. Travaillant à partir de la forme traditionnelle du bol, elle épuise toutes les possibilités que lui permet cette contrainte.

    L’une des toutes premières céramiques “Collerette” (Flange) est réalisée en 1974. Elle veut ainsi donner une forme de mouvement dans son travail. “J’imaginais une douce brise souffler et agiter leurs minces et délicates ailes ou bien encore le courant de l’eau frôler doucement leurs protubérances.” Il est possible qu’elle ait été inspirée par le petit ruisseau en bas de la colline de chez Gaty, pour la réalisation de ses oeuvres.

    Ursula crée ces pièces en forme de collerette dans les années quatrevingts et quatre-vingt-dix, influencée par la fraise en dentelles que portent les personnages représentés dans les peintures flamandes des XVIe et XVIIe siècles. Un petit pied délicat supporte les plis souples d’un large bord ondulant dans une beauté fragile.

    Les formes « Pompons » (Pom-Pom) réalisées par Ursula au début des années quatre-vingts sont influencées par les décorations japonaises en ruché de papier fin, de son enfance. Celles qu’elle découvrait lorsqu’en ouvrant la carte se déployait en trois dimensions une boule par la technique de ce papier léger et finement plié.

    La série des “Carafes” (Bottles) s’appuie sur un travail qui remonte à ses tous débuts de céramique. Toutefois la forme a considérablement évolué en s’allongeant progressivement. Ursula explique “Je reviens souvent à des concepts antérieurs pour avancer. Il me paraît essentiel de redécouvrir des techniques et d’explorer d’anciennes idées pour réaliser de nouvelles formes.” (Ursula Morley-Price, Mouvements, Vendin-le-Vieil, La revue de la céramique et du verre, 2008).

    La série des “Fontaines” (Fountain) est une forme qui est apparue récemment dans l’atelier de l’artiste. La manière dont les ailerons sont disposés autour du bord et la façon dont ils s’arrondissent pour retomber vers l’intérieur, donne la sensation que de l’eau se déverse. Les ailerons s’amincissent et se rétrécissent à mesure qu’ils atteignent le pied de la pièce.

    En 1999, Ursula renouvelle son approche du décor céramique en présentant avec succès une série de vases et pichets rubanés en trompe l’oeil d’un décor cinétique blanc et noir imitant les rayures souples d’une toile de pyjama.

    La recherche constante du mouvement aboutit à la création des Twist Forms à partir des années 2000. Plus récemment, Ursula expérimente l’effet visuel d’une hélice à double révolution dans un matériau à priori peu propice à l’expression de ce “tour de force”.

    Le plus invariablement, mon travail donne l’impression qu’il est influencé par la vie végétale marine. Ce n’est pas vrai ! C’est le mouvement que je donne à mon travail qui donne ce sentiment. Je suis très préoccupé par le mouvement dans mes céramiques et par l’ingénierie de l’argile ainsi que la prise dans ses derniers retranchements, et la construction de l’épaisseur du papier et de n’utiliser le soutien d’aucune sorte, lors de la construction de mes formes. Je construis dans les plis onduleux. L’objet doit être terminé comme je l’ai prévu. Je fais mon propre émail mat à partir de cendres de chênes et de châtaigniers, mes gammes de couleurs sont d’argent, de blancs, de crèmes, de roses à bruns et de gris moucheté. En faisant ma céramique, j’estime que j’utilise des techniques de dessin, parce que mes yeux suivent constamment les contours de mes formes créées et mes mains adoptent un mouvement rythmique pour former les surfaces en terre.

    (Graham & sons Ursula Morley-Price http://www.graham1857.com/artists/ursula-morley-price/).

    Commissariat général de l’exposition : Olivier Le Bihan, directeur du musée d’Art moderne de Troyes et Isabelle Brunelin, présidente de l’Association de la Galerie de l’Ancienne Poste. Catalogue de l’exposition : Editions Le temps qu’il fait, Bazas.

    •  Exposition du 22 juin 2013 au 27 octobre 2013

    Musée d’Art moderne