Une moisson d’or et de couleurs : Les céréales dans la peinture !

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moisson- Une moisson d'or et de couleurs
moisson- Une moisson d'or et de couleurs

La culture céréalière façonne nos paysages autant que notre imaginaire. “Une moisson d’or et de couleurs” propose, autour d’une trentaine de peintures de Le Nain, Millet, Van Gogh, Courbet ou Gauguin, une promenade colorée à travers les champs, les travaux et les jours. 

À l’heure où les moissons battent leur plein aux quatre coins de France, Passion Céréales, les éditions Artlys, filiale de la Réunion des Musées Nationaux, du Grand Palais, et la Manufacture du Patrimoine vous invitent à découvrir la place occupée par les céréales dans la peinture grâce à l’ouvrage « Une moisson d’or et de couleurs ».

Pendant des siècles, les sociétés humaines ont été avant tout des sociétés rurales tirant leur richesse de l’élevage et de la culture des céréales, tandis que le pain, bien plus que la viande, constituait la base de l’alimentation, représentant un enjeu stratégique de premier plan. La production céréalière a façonné et façonne encore nos paysages (des bocages normands aux plaines de la Beauce), l’importance du pain quotidien a forgé nos croyances religieuses (des premiers rites païens au mystère chrétien de l’eucharistie) et peuplé notre langue d’expressions imagées (des dictons de la sagesse populaire aux irrévérences de l’argot). « La charrue, en traçant le premier sillon, a creusé les fondations de la société. Ce n’est pas seulement du blé qui sort de la terre labourée, c’est une civilisation tout entière », écrivait en 1839 Alphonse de Lamartine.

Les céréales, une puissante source d’inspiration pour les peintres

Les 35 œuvres passées à la loupe dans cet ouvrage montrent que les céréales ont toujours inspiré les peintres, même si leurs motivations et les manières de les mettre en scène ont différé.

Représenter l’orge, le seigle, l’avoine, l’épeautre (parfois), le blé (surtout), a d’abord permis de témoigner de la vie quotidienne de milliers d’hommes et de femmes, des activités qui, invariablement, mois après mois, année après année, rythmaient leur existence tout entière : labourer, semer, surveiller, moissonner, engranger, vendre, trier les semences et labourer à nouveau. Les céréales sont naturellement venues sous le pinceau des peintres dans les œuvres illustrant les calendriers ou les saisons, en particulier à l’été, quand, au temps de la moisson, le paysan peut enfin récolter le fruit de son labeur. Le commerce (halle au blé, boulangeries) et la transformation des grains ont aussi été représentés.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’idéalisation des solidarités villageoises, la célébration du mode de vie simple et ancestral de paysans perçus comme les héros d’un âge d’or en pleine mutation prendront le pas sur la figuration crue de la rudesse du travail de la terre. Electeurs en nombre, les paysans restent une force politique de premier plan dont les régimes successifs ne manqueront pas d’exalter l’ardeur au travail et l’attachement à ces valeurs traditionnelles que la République finalement fera siennes, peuplant les décors peints des nouvelles mairies de glorieuses scènes de moissons et choisissant pour orner timbres et monnaie la célèbre figure de La Semeuse imaginée à la fin du siècle par le médailliste Oscar Roty.

La présence d’un motif céréalier dans un tableau est aussi parfois à interpréter, au-delà de la simple représentation du réel, comme un élan vers le divin. Nombreux sont les dieux des panthéons anciens associés aux céréales : les artistes n’oublient pas Demeter la Grecque ou Cérès la Romaine, déesses des moissons, les bras chargés de gerbes d’or ou le front ceint de couronnes d’épis. Dans la religion chrétienne, le grain de blé qui doit être enseveli sous la terre pour pouvoir donner naissance à un nouveau plant porteur de nourriture et de semence est symbole de résurrection. Il est identifié au Christ dont le corps, offert en sacrifice pour le salut des âmes, se retrouve, par le mystère de la transsubstantiation, dans l’hostie distribuée aux fidèles. Ainsi, quand ils ne peuplent pas les peintures explicitement religieuses, épis et miches de pain prennent-ils souvent sur la toile un sens second de communion spirituelle entre les êtres. Les « compagnons » ne sont-ils pas au sens étymologique ceux qui partagent le pain ?

Les céréales peuvent être également pour les artistes l’occasion d’une autre quête de sens, celle qui vise à atteindre par la représentation picturale l’essence des choses. Pour ces peintres qui cherchent à explorer la matière, à s’immerger dans la couleur (tels les impressionnistes qui redécouvrent le plein-air ou après eux l’inclassable Van Gogh, les Nabis, les fauves et même les cubistes ou le surprenant Magritte), elles offrent de merveilleux prétextes à expérimentation.

Une moisson d’or et de couleurs

  • Poche: 74 pages
  • Editeur : Editions ArtLys
  • Collection : BEAUX LIVRES HO
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2854956710
  • ISBN-13: 978-2854956719