Labellisé « Jardin remarquable », s’étendant sur plus de 20.000 m2 et construit en 1633 au centre du Palais Royal par la volonté du cardinal de Richelieu qui désirait en ornementer le Palais, le jardin du Palais Royal accueille jusqu’au 23 novembre prochain 20 sculptures monumentales du sculpteur auvergnat Thierry Courtadon, parmi lesquelles parisiens et touristes pourront s’adonner à une partie de cache-cache en plein cœur de la capitale.
« Une pierre dans mon jardin », tel est le nom de cette nouvelle exposition d’art contemporain composée d’œuvres minérales et sculpturales faites de la pierre noire et volcanique de Volvic et qui côtoiera les célèbres colonnes de Buren.
Sylvie Vial, l’administratrice des lieux, s’enthousiasme pour cette exposition :
« Thierry Courtadon est arrivé avec ses moucharabiehs de lettres – autrement appelées dentelles – et comme le Jardin est très graphique, que l’on joue sans cesse entre ombre(s) et lumière(s), j’ai immédiatement pensé que cela pourrait fonctionner. Par ailleurs, il faut pouvoir assumer l’espace » (…) « J’aime l’idée de voir un département, une région monter à Paris. » (…) « Le mouvement qu’il y a autour de lui est assez extraordinaire. Tout le monde est ainsi mis en avant. »
Et notamment le dossier Unesco concernant le classement au patrimoine mondial de la Chaîne des Puys et de la faille de la Limagne dont Thierry Courtadon, l’artiste volvicois, est l’ambassadeur idéal.
« La pression était surtout dans la manière d’habiter l’espace et comment créer une scénographie avec le jardin et l’architecture» avoue le sculpteur.
Pari réussi, les visiteurs sont sous le charme de la poésie qui émane du lieu et qui inspire à certains silence et recueillement tandis que d’autres s’adonnent à des conversations… Les lettres monumentales en pierre de Volvic se dressent au détour des allées, attendant le visiteur pour le guider de pierre en pierre.
Roche éruptive provenant des différentes coulées de lave du volcan, la trachyandésite, pour la citer sous son nom savant, est partie intégrante des mines et carrières proches de la commune de Volvic et fut pendant fort longtemps utilisée dans les constructions auvergnates.
On la reconnaît aisément à ses reflets sombres, conjuguant les camaïeux de gris, du plus clair au presque noir, habillant la cathédrale de Clermont-Ferrand. Certains la disent triste voire austère, le travail et le talent de Thierry Courtadon transforme et patine cette lourde pierre en révélant toute sa sensualité.
« On arrive à la modeler et à la tordre, on arrive aussi à lui donner une certaine sensualité grâce à ses mouvements et à son polissage, je fais ça naturellement », assure l’artiste.
Se disant provocateur d’émotions, aimant se jouer des mots, et poète à ses heures, Thierry Courtadon a placé face à face Colette et Cocteau, les hôtes de ce jardin.
Carrier, pierreux, tailleur de pierre, l’atelier Courtadon, situé à Volvic, perpétue une tradition transmise de père en fils, et dont les dernières œuvres magistrales et sublimes ont investi le jardin du Palais Royal faisant de l’automne un moment empli de magie.
« Une pierre dans mon jardin » jusqu’au 23 novembre au Palais-Royal de Paris
Crédit photos : jodie way