TANTALE : 5 fins différentes et 25 façons d’y parvenir

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Tantale
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Tantale, le film interactif de Gilles Porte : Un film, 5 fins différentes, 25 façons d’y parvenir cet été sur France Télévisions

Une fois n’est pas coutume en matière politique, avec TANTALE c’est à vous de décider ! VOUS êtes le Président de la République. Sur le principe d’une histoire dont vous êtes le héros, vous allez devoir négocier avec subtilité pour que les prochains Jeux soient attribués à Paris. Entre tentatives de corruption et manoeuvres en tous genres, c’est l’avenir de la France qui est entre vos mains.

Après avoir produit Un temps de Président, documentaire d’Yves Jeuland sur François Hollande, et Dring, websérie pour Studio 4, la Générale de Production présente sa nouvelle fiction politique, Tantale, vous emmène au coeur de décisions politiques et sportives qui aideront le Président de la République à obtenir les Jeux Olympiques de 2024. Réalisé par Gilles Porte, réalisateur ayant notamment collaboré avec Yolande Moreau pour Quand la mer monte en 2004 (César de la meilleure première oeuvre), Tantale propose une expérience cinématographique inédite : sur le principe d’une “histoire dont vous êtes le héros”, l’internaute oriente l’histoire en fonction de ses propres choix pour que Paris remporte ou non les futurs Jeux.

Tantale est une œuvre cinématographique à vivre en ligne et au casque audio, avec une interaction basée sur les potentialités du son binaural (son 3D). Pendant 30 minutes environ, l’internaute se voit proposer deux possibilités à chaque fois qu’il doit prendre une décision. A lui de choisir avec la flèche gauche ou la flèche droite sur son clavier d’ordinateur ou directement via son smartphone. Cette modalité d’interaction, très simple, permet à tout public de s’immerger dans l’univers feutré du film et d’orienter l’histoire selon son propre choix, avant de découvrir cinq fins différentes.  A vous de jouer, a vous de décider en  Cliquant ici

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Septembre 2017. Henri Laborde, le Président de la République Française, se rend à l’hôtel Carlton où de nombreuses personnalités du monde du sport et de la politique sont réunies pour designer la ville organisatrice des prochains Jeux Olympiques d’été. Dans les couloirs feutrés de l’hôtel, on discute, on promet, on spécule en secret. Car si l’attribution des jeux Olympiques scelle le sort de Paris et Mumbai, les deux dernières villes en lice, elle scelle aussi celui d’autres enjeux insoupçonnés et très éloignés de l’épicentre olympique.

Entouré de ses conseillers, Henri Laborde monte dans le grand ascenseur. Qui aller voir ? Quels mots utiliser pour convaincre celles et ceux qui feront la différence ? Le compte à rebours a démarré… Son téléphone vibre… C’est sa fille… Décrocher ou ne pas décrocher ? C’est à vous de choisir: vous êtes dans la peau du premier personnage de l’Etat ! Et si cette première décision, a priori anecdotique, pouvait littéralement changer le cours des choses ?

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Tantale-Casting
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Comment en es-tu venu à travailler sur « Tantale » ?
Gilles Porte : J’étais en tournage en Jordanie quand je reçois un appel du producteur, Jérémy Pouilloux, qui me demande si ça m’intéresse de faire un film interactif. Il commence à me parler de l’interactivité et, objectivement, je ne comprends pas grand chose. Je ne suis pas du tout geek, en fait. J’ai toutefois bien compris qu’il s’agissait d’un projet qui avait un rapport avec les Jeux olympiques, mais il s’agissait alors des Jeux olympiques d’hiver, dans une ville de province. Le personnage principal était un adjoint au maire, avec les malversations qu’il pouvait y avoir au niveau local. L’histoire m’intéressait, mais à condition que je puisse changer certaines choses dans le scénario et que je m’associe avec quelqu’un pour l’écrire. C’est comme ça que le scénariste Marc Gibaja est rentré dans l’histoire et qu’on a commencé à réfléchir ensemble. Rapidement, nous avons opté pour les Jeux olympiques d’été et décidé que ce ne serait pas un adjoint au maire notre personnage principal, mais bien le Président de la République Française. J’avais lu le livre de Sebastian Coe qui dévoilait en partie ce qui s’était passé en coulisses entre Jacques Chirac, Tony Blair, sa femme Cherie Blair, et Bertrand Delanoë lorsque Paris et Londres étaient au coude à coude pour l’obtention des Jeux Olympiques 2012.

Une histoire inspirée de faits réels ?
Gilles Porte : Oui, dans la course aux jeux de 2012, Paris était favorite. La majorité des gens pensait que Paris allait gagner. Le lendemain, quand le résultat est tombé, beaucoup ont été surpris. Plus tard, j’ai découvert que finalement, Blair avait mieux joué le coup que Chirac. En l’occurrence, Blair a semble t-il fait du lobbying dans l’hôtel où se réunissaient les membres des CIO, et a changé la donne, à quelques voix près. C’est comme ça que m’est venue l’idée de situer l’action dans un hôtel international, à la veille de la proclamation des Jeux. La campagne a lieu sur plusieurs années mais finalement, tout a basculé sur un coup de dés – et si on s’en tient à ce que dit Sebastian Coe – je dirais même sur un coup d’éclat de Jacques Chirac. Tony Blair en aurait profité pour retourner deux, trois membres ; ce qui a permis à l’Angleterre, à Londres en l’occurrence, d’avoir les Jeux olympiques. Donc, finalement, tout cela tient à peu de choses. Ce qui m’intéressait dans cette histoire-là, dans cette anecdote, c’était finalement l’humain qui prenait le pas sur le jeu politique.

Et, la figure de président – en tant que réalisateur ou directeur de la photographie – c’est une figure qui vous inspire ? Vous avez déjà travaillé sur la figure d’un Président, avec ‘’La Conquête’’ en particulier. Que diriez-vous de cette figure-là ?
Gilles Porte : Dans le film de Xavier Durringer, ‘’La Conquête’’, que j’ai fait comme directeur de la photo, j’avais été impressionné par l’incarnation du Président qu’en donnait Denis Podalydès. Le chef de l’Etat m’intéresse quand il rentre chez lui et qu’il n’y a plus rien dans son frigidaire, par exemple. D’ailleurs, pour Yolande Moreau dans ‘’Quand la Mer monte’’, c’était pareil. Ce qui m’intéresse particulièrement, c’est quand elle rentre après son spectacle, qui s’est bien passé, et qu’il n’y a personne, qu’elle est toute seule dans sa chambre d’hôtel. C’est pour ça qu’assez logiquement, dans l’écriture du scénario est arrivée une histoire personnelle qui se mêle au professionnel.

 On parle des acteurs, des personnages. Comment as-tu choisi les comédiens ?
Gilles Porte : En fait, ça s’est passé assez simplement. J’ai tout de suite pensé à François Marthouret pour le rôle du Président. Chaque fois que je pensais à un comédien, j’en parlais à François. Jean-Luc Bideau, c’était une idée de Marc… J’en ai parlé assez rapidement à François et il se trouve que Jean-Luc et lui se connaissaient. Ils s’étaient vus il y a très longtemps, et avaient beaucoup de respect l’un pour l’autre. La confrontation entre un Président, intellectuel, plus posé, et son conseiller, haut en couleur m’intéressait. Je pense à des couples comme Guaino / Sarkozy, qui sont peut-être assez atypiques, mais qui finalement, parce qu’ils sont différents, arrivent à faire bouger des lignes sans respecter tous les passages obligés. Après, s’est posée la question de la conseillère du Président. J’ai demandé à François s’il pensait à quelqu’un en particulier. Et c’est lui qui m’a présenté Marie Denarnaud. Il y avait une très forte envie de François de retravailler avec Marie, puisqu’ils avaient travaillé ensemble sur un film et sur une pièce de théâtre. Et j’ai par la suite demandé à Marie de me proposer un conseiller. Elle m’a parlé de Benjamin Siksou. Pour le Premier ministre indien, j’ai d’abord pensé à une femme. J’avais évidemment l’exemple d’Indira Gandhi en tête, et ça m’intéressait de mettre une femme dans un univers très masculin. Finalement, j’ai rapidement choisi Asil Raïs. Je ne l’avais jamais vu, mais j’en avais beaucoup entendu parler. Tous les acteurs choisis sont des acteurs qui ont l’habitude de jouer de théâtre. Asil Raïs est un comédien de Peter Brook, comme Emile Abossolo M’Bo, qui joue le membre du CIO africain.

Pourquoi ce sujet et pourquoi une fiction interactive avec ce sujet ?
Gilles Porte : Pour ce qui est de l’interactivité, je pense que c’est assez intéressant d’essayer de rentrer dans la tête, du président et de se dire « qu’est-ce que nous ferions, à sa place ? ». On peut critiquer – et je suis le premier, d’ailleurs, à le faire – les actions, ou plutôt les inactions de tel ou tel membre de l’État, mais qu’est-ce qu’on ferait à leur place ? Ça m’intéressait de travailler avec des décisions politiques, et en même temps, de l’humain. Il se trouve que le hasard a fait que Paris est devenu officiellement ville candidate pour les Jeux Olympiques de 2024. Il s’est trouvé aussi que Michel Platini et Sepp Blatter nous ont fait de la publicité malgré eux, avec une affaire dont on n’a pas fini de parler.

Qui aujourd’hui peut nous faire croire qu’il n’y a pas de corruption au sein de la FIFA et des Jeux olympiques ? Forcément, il y a dans « Tantale » des questions éthiques qui se posent, des questions humanistes, des questions qui en réalité nous concernent tous.

Tantale est une histoire où le spectateur fait des choix pour avancer dans l’histoire. Est-ce que tu peux nous en dire plus ?
Gilles Porte : Il y a une histoire, 25 manières d’y arriver et cinq fins différentes. Paris qui gagne, Paris qui perd, Paris qui gagne, mais qui dénonce la corruption, l’Inde qui gagne, ou Paris qui voit qu’il va perdre, donc qui va convaincre le Premier ministre indien de dénoncer la corruption ensemble afin de pouvoir ensuite sortir par la grande porte. C’est un truc de fou ! C’est Marc Gibaja et Mathilde Mélèse qui ont écrit le scénario pendant que je travaillais sur le tournage de « Dans les forêts de Sibérie » de Safy Nebbou. Pour eux cela a été une schizophrénie totale ! On avait beau réduire des paramètres – comme l’unité de lieu, l’unité de temps, le petit nombre de personnages (6 comédiens en tout) – il restait tout de même un grand nombre de curseurs sur lesquels jouer, à partir du moment où ceux-ci étaient multipliés par les choix offerts au spectateur. On ne savait pas du tout quelle durée allait faire le(s) film(s), au départ. 15’? 20’? 30 ou 35 minutes. Il fallait qu’on ait le temps de développer un minimum la dramaturgie et les personnages. Finalement, on arrive aujourd’hui à 25 histoires de 30 minutes. Ecrire un scénario c’est toujours compliqué, mais celui-ci, c’était encore plus délicat !

Dans Tantale, la place du spectateur est particulière. Vous avez imaginé une diffusion interactive via le web, mais aussi dans la salle de cinéma ?
Gilles Porte : Avec Catherine, la monteuse, on a voulu que le film puisse se regarder sans forcément intervenir ; qu’il puisse tenir la route, sans que l’interactivité soit un gadget. Comme n’importe quel film en fait ! Si les gens ont envie de choisir, ils peuvent, s’ils ont envie de ne pas choisir, de se laisser guider par l’auteur, ils doivent pouvoir le faire aussi. J’avais aussi l’ambition de m’adresser à la fois à des enfants, des adolescents et des gens de ma génération ou des gens plus âgés. C’est-à-dire que je n’ai pas voulu privilégier une cible en particulier. La forme interactive faisait qu’a priori, je m’adressais plus à des gens de la génération 2.0 qu’à des gens qui vont régulièrement voir les films de cinéma dans les salles d’Art et d’Essai. Mais j’avais l’intention de m’adresser à ces gens-là aussi. Et, quelque part, l’histoire que je raconte s’adresse plus à ces gens-là, qu’à des gamers. Pour moi, la première interactivité dans un film reste l’empathie qu’on a envers les personnages. J’ai toujours privilégié le spectateur-acteur. Avec « Tantale », il devient doublement acteur, parce qu’il a la possibilité d’y répondre, il y a forcément une part de soi quand on regarde « Tantale » et puis il y a une part de spectacle. Parce que il y a aussi une volonté de distance : nous sommes dans la peau du président, mais nous ne sommes pas le président. On est à sa place et en même temps on le regarde faire.