2016 est l’année de l’art autochtone alaskien en France.
Le Musée de Boulogne-sur-Mer s’apprête à célébrer ses dix ans de partenariat avec la communauté Sugpiaq de l’Ile de Kodiak à travers son exposition événement Alaska Passé/Présent qui débute le 25 juin prochain, et, innovatrice dans le domaine artistique, cela fait plusieurs années que la galerie ORENDA nous fait partager la vitalité artistique de cette terre lointaine, nous faisant découvrir à nouveau jusqu’au 17 septembre prochain une sélection de peintures, sculptures et joaillerie alaskiennes.
Depuis qu’Alphonse Pinart, jeune explorateur français de Boulogne-sur-Mer, s’est aventuré sur les rives de l’Ile de Kodiak, au début des années 1870, l’ Alaska et la France sont unis par d’étroits liens. De ce périple, il avait rapporté une remarquable collection de masques traditionnels réalisés en bois sculpté, et associés à la pêche et à la chasse, à la transmission des récits et des valeurs, suscitant un intérêt croissant de la part des ethnologues, historiens de l’art et collectionneurs.
Une collaboration s’est établie entre une nouvelle génération de sculpteurs et le musée de Boulogne, favorisant le renouveau des anciennes techniques de facture des masques, ainsi que l’éclosion d’une efflorescence artistique contemporaine parmi les autochtones de l’Ile de Kodiak. Comme leurs voisins Inupiat, Tlingit et Yupik, aujourd’hui exposés à la Galerie, les Sugpiat puisent leur inspiration aux sources de leurs traditions, tout en s’inscrivant dans les grands courants de l’art contemporain universel.
Comme le soulignait Claude Lévi-Strauss :
« Le sculpteur d’ Alaska ou de Colombie-Britannique n’est pas seulement le sorcier qui confère au surnaturel une forme visible, c’est aussi l’interprète qui traduit en chef-d’œuvre éternel les émotions fugitives des hommes. »
Une sélection de maitres sculpteurs de plusieurs générations est ainsi présentée par la galerie ORENDA.
Une parfaite connaissance des traditions se reflète dans les masques de Lawrence Ahvakana (Inupiaq) ; de puissants esprits animaux y sont représentés : oiseaux marins (macareux et chevaliers) protecteurs des pêches, symboles de prospérité, et corbeaux facétieux, « tricksters » imprévisibles, perturbateurs et protecteurs.
Aux côtés de ce maître, deux jeunes sculpteurs sont présentés pour la première fois en France: Drew Michael (Yupik) et Alison Bremner (Tlingit), dont les œuvres font déjà partie de collections de musées. Drew Michael propose une œuvre puissante et originale, une étrange silhouette de taille presque humaine, interprétation très libre de l’art traditionnel, tandis qu’Alison Bremner, formée par les anciens maîtres, propose un beau hochet de chamane et deux masques humains incarnant l’harmonie avec le ciel, la terre et la mer.
Crystal Worl, jeune artiste en résidence à Paris, est la vedette de cette exposition. À vingt-sept ans elle figure déjà parmi les artistes autochtones dont les œuvres sont exposées dans les ambassades américaines pour représenter leurs cultures. Tantôt minimalistes, tantôt très structurées, ses créations recèlent de nombreux symboles.
Une bien belle exposition où se conjuguent la passion, l’imagination et le talent de ces artistes qui, chacun à leur manière, reflètent les traditions, codes et modèles de représentation traditionnels de leur Alaska natal, et en réinterprètent les mythes et légendes pour ouvrir leur propre voie au sein de l’art contemporain.
GALERIE ORENDA
54 rue de Verneuil – 75007 PARIS