Sylviane Agacinski : Le tiers-corps – Réflexions sur le don d’organes

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Sylviane Agacinski : Le tiers corps
Sylviane Agacinski : Le tiers corps

Sylviane Agacinski, réfute l’idée d’un marché légal des organes et le consentement présumé du défunt.

Invitée hier sur France Inter, Sylviane Agacinski, réfute l’idée d’un marché légal des organes et le consentement présumé du défunt. La philosophe souhaite remettre en avant la misère dans laquelle se retrouvent les gens qui acceptent de vendre leur sang, des organes ou de porter l’enfant d’autrui par intérêt financier.

Le tiers-corps

Au cours de ses réflexions sur la transplantation, dans sa dimension à la fois technique et sociale, Sylviane Agacinski souligne l’ambiguïté d’une pratique médicale qui sauve de nombreuses vies mais crée aussi une « demande d’organes » : comment y répondre ? D’abord, soutient l’auteur, en protégeant le corps des vivants face aux ultra-libéraux, partisans d’un marché légal des organes, et aux trafiquants dont les miséreux et les réfugiés sont victimes, lorsque les États laissent faire. Ensuite, en privilégiant le don de soi post mortem, librement consenti, plutôt qu’en maintenant le stratagème du « consentement présumé du défunt ». Sylviane Agacinski s’appuie ici sur Marcel Mauss pour en appeler à une société solidaire, dans laquelle chacun peut à son tour recevoir ou donner et, quelquefois, transmettre la vie par-delà la mort.

« Une peinture de Fra Angelico représente saint Côme, patron des chirurgiens, et son frère Damien, au chevet d’un sacristain auquel ils sont en train de greffer la jambe d’un Maure. Comment les célèbres médecins s’étaient-ils procuré la jambe de l’Africain ? La fable ne le dit pas. Était-il donneur ? Mort ou vif ? Avait-il vendu un de ses membres ? Ou bien s’était-on simplement emparé de la jambe d’un homme de peu d’importance ? Ce personnage manque dans la scène. Ni médecin ni malade, il est le tiers dont le corps est requis par la transplantation : je l’appellerai le tiers-corps.» Sylviane Agacinski

Née le 4 mai 1945 à Nades (Allier) d’un père ingénieur des mines immigré polonais (Henri Agacinski) et d’une mère employée dans le commerce, elle est la sœur cadette de Sophie Agacinski, comédienne. Philosophe, Sylviane Agacinski enseigne à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Elle a publié son premier livre en 1977, (Aparté. Conceptions et morts de Sören Kierkegaard ) chez Aubier-Montaigne, dans la collection “La philosophie en effet”, dirigée par Jacques Derrida. Après sa Politique des sexes (1998 Seuil et 2001 POINTS), Le Passeur de Temps (2000 Seuil), son Journal interrompu. 25 janvier-25 mai 2002 ( Seuil 2002), Sylviane Agacinski a proposé sa Métaphysique des sexes (Seuil 2005).

  • Broché: 240 pages
  • Editeur : Le Seuil
  • Collection : LIB DU .XXI. S.
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2021393593
  • ISBN-13: 978-2021393590