Si l’on devait présenter sommairement Stanislas Guigui, on dirait que c’est un photographe français né en 1969. Mais cela serait dommage car Stanislas Guigui c’est beaucoup plus. Ses photographies, par leur unicité et originalité, font de lui non seulement un grand photojournaliste mais le consacrent en tant qu’artiste contemporain dont le travail a été récompensé à PhotoEspana en 2006 et à l’Unicef en 2008.
La fureur, l’exaspération, l’indignation et la révolte sont les thèmes de prédilection de Stanislas Guigui qui est fasciné par les exclus de notre monde moderne, marginaux, clandestins, oubliés, afin de tester la faculté d’indignation de son public face à ces inégalités.
Dans cette optique, il a photographié durant 3 ans les milliers de sans-abris suite à la guerre civile qui a ravagé la Colombie dans les années quatre-vingt-dix, se faisant accepter des habitants du quartier El Cartucho à Bogota où les conditions de vie étaient misérables, et siège de combats au couteau et de fumeries de crack.
Résidant dorénavant à Marseille, il parcourt les quartiers sensibles de la cité, avant de partir faire de même aux USA. Comme l’a écrit Rolling Stone magazine :
“Si le Rock c’est marcher sur les chemins sauvages de la vie, Stan Guigui incarne le Rock à l’état pur”.
Dans un tout autre registre, il nous présente à la galerie Suzanne Tarasieve, une série de photographies noir et blanc “Cabaret New Burlesque”, réalisées à la suite du film “Tournée” de Mathieu Almaric. Des femmes, danseuses, dans l’intimité de leurs loges, puis dans celle de leurs chambres d’hôtel où l’excitation, l’impatience, la gaieté et la fatigue se mêlent à tour de rôle.
Julie Atlas Muz, Théâtre de la Cité, Paris, 2011
“J’ai été très inspiré par le Cabaret New Burlesque dans ce qu’il représente à la fois dans son esthétique et dans son idéologie : une révolte glamour et sexy contre les stéréotypes établis par nos sociétés. Dans un monde envahi par le culte de l’égo qui tend souvent à la médiocrité, mon intention était de montrer la beauté, la générosité, le professionnalisme et l’humilité de ces artistes hors du commun, qui transgressent tous les codes sans jamais tomber dans le grotesque ou la vulgarité.
Coulisses, loges, scène… L’esthétique pin-up, à la fois retro et classique, associée à un certain côté rock’n roll et provocateur font partie de l’univers qui m’attire. Avec le Cabaret New Burlesque, j’ai eu l’impression de suivre un groupe de rock en tournée. Avec des strings à paillettes et des gros seins en plus… A moitié princesse et à moitié chattes de gouttières, les filles de la troupe sont un mélange de rage et de grâce, et je me suis retrouvé plongé en pleine mythologie hollywoodienne.
C’était un peu comme si le cinéma de Fellini et de Tarantino se télescopait avec les dessins animés de Tex Avery, sans jamais essayer de les imiter, le tout dans une orgie musicale qui va du groove au punk. Ce qui m’a réconcilié aussi avec l’Amérique. Car le Cabaret New Burlesquereprésente aussi tout ce qui m’a toujours plu dans ce pays: l’anticonformisme, la révolte, une insolente joie de vivre et un talent inné pour le spectacle.” Stanislas Guigui
Ambiance fellinienne digne de la misère sublimée par Victor Hugo, Stanislas Guigui nous entraîne dans un monde de bohème où le dépaysement se teinte tout autant d’étonnement que d’émotion.
A admirer jusqu’à fin novembre.
Infos pratiques
Cabaret New Burlesque
SUZANNE TARASIEVE PARIS – LOFT 19
Passage de l’Atlas – 5, Villa Marcel Lods – F-75019 Paris
Du 23 Sept. au 29 Nov. 2014