Sonia Delaunay née Sonia Élievna Stern

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Sonia Delaunay - Nu Jaune
Sonia Delaunay Nu Jaune, 1908 Musée des Beaux-arts de Nantes © Pracusa 2013057

C’est en Ukraine, en 1885, que naquit Sonia Élievna Stern. Elle fut élevée par son oncle maternel, Henri Terk, dont elle prit le nom, et vécut son enfance dans un milieu cultivé où il était de bon ton de parler français.
Elle a tout juste vingt ans quand elle découvre Paris ; après quelques cours suivis à l’Académie de La Palette à Montparnasse, elle découvre à la galerie Bernheim, Paul Gauguin, Pierre Bonnard, Vuillard et André Derain, les fondateurs du fauvisme : suivant leurs exemples, elle s’essaie très vite à l’utilisation d’aplats de tons purs.

Son premier tableau Philomène11 (1907) est composé de couleurs vives cernées de noir ; la période fauve de Sonia est très intéressante, c’est également durant ces années qu’elle suit des cours de gravure dans l’Île Saint-Louis avec le peintre Grossman qui lui fait rencontrer le collectionneur et galériste Wilheim Uhde, dans la galerie duquel elle fera non seulement sa première exposition personnelle, mais où elle fera la connaissance de son mari, Robert Delaunay, et de Pablo Picasso, Derain et Georges Braque.

C’est l’époque où Sonia réalise ses premières « tapisseries-broderies ». Les Delaunay reçoivent beaucoup, des poètes, des peintres et en particulier Madame Epstein qui leur fait connaître Vassily Kandinsky.

1911 est l’année où Sonia réalise sa première œuvre abstraite en textile, c’est la couverture de son fils ; elle la réalise en assemblant des coupons de couleurs vives, dans la pure tradition ukrainienne. Sonia joue avec les tissus comme avec ses peintures, ses collages, ses reliures de livres, les couleurs vives y explosent, elle en recouvre des coffrets, des abat-jour et des voilettes.

L’influence qu’elle exerce sur son mari est indéniable ; Robert se lance dans des couleurs plus franches et applique le contraste simultané des couleurs à sa peinture.

Photo : Sonia Delaunay – Nu Jaune, 1908 Musée des Beaux-arts de  Nantes  © Pracusa 2013057

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1912 sera l’année des premières toiles de contrastes simultanés de Sonia ainsi que la première reliure peinte pour Blaise Cendrars que lui fait rencontrer Apollinaire ; le livre, « La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France » , est exposé non seulement à Paris mais également à Londres, New York, Pétrograd ainsi qu’au premier salon d’automne de Berlin où les tableaux et affiches simultanées de Sonia sont également mis en valeur…La carrière de Sonia est définitivement lancée.

Robert et Sonia peignent de concert ; elle réalise « les Prismes électriques (1914)», « Études de lumière, le boulevard Saint-Michel (1913)» et « Le Bal Bullier » où ils ont leurs habitudes et où Sonia y portera ses premières robes simultanées et Robert un costume du même style que son épouse lui a réalisé et qui feront sensation. Les robes de Sonia connaîtront par la suite un engouement sans égal.

Les Delaunay séjourneront ensuite plusieurs années en Espagne et au Portugal pendant lesquelles Sonia, en admiration devant les couleurs développe les applications décoratives de l’art simultané (robes, objets, décors), et peint aussi des toiles : Les Chanteurs de flamenco, Danses espagnoles Danseuses de flamenco où comme le souligne son mari, « le mouvement vibratif des couleurs crée le mouvement mécanique ».

Sonia Delaunay

Sonia Delaunay

C’est à cette époque que Sonia réalise ses premières affiches-poèmes dont la première « Zénith » marque le début du poème tableau. Sonia peint beaucoup pendant son séjour au Portugal et, suite à sa rencontre avec le créateur des ballets russes, Serge de Diaghiev, prend la danse et le ballet come thème de ses nouveaux travaux. Les Delaunay cherchent tellement à créer le mouvement par le contraste des couleurs que la danse et le ballet sont pour eux des sujets de prédilection. Ils collaborent avec Diaghiev en réalisant les costumes et décors de son spectacle sur Cléopâtre qui remporte un succès fou à Londres.

A Madrid, Sonia devient la décoratrice attitrée de l’aristocratie espagnole, elle crée des costumes et expose conjointement ses œuvres avec Robert.

En 1920, ils sont de retour à Paris ; sans abandonner la peinture, Sonia met toute son énergie dans ses recherches de costumes. Sonia réalise ceux des artistes et danseuses à la mode, et fréquente avec Robert le tout Paris.

Sonia continuera jusqu’en 1968 à produire des décors et costumes, mais elle va surtout se tourner vers la mode afin d’y appliquer ses recherches en peinture. Elle se lance dans la production ce qui la pousse à ouvrir une boutique, un atelier de couture, une maison de tissu, avec des vitrines, des dépliants publicitaires. L’année suivante, elle installe une boutique simultanée sur le Pont Alexandre-III avec le concours du couturiers Jacques Heim pour l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs de 1925. Le Tout-Paris se presse aux portes de la boutique.

Sonia crée des robes assorties aux voitures ou l’inverse. En 1924, elle crée une Bugatti simultanée : la Bugatti Type 35. En 1925, elle-même conduit une Citroën B12 qu’elle a décorée des motifs assortis à ses jupes, robes et manteaux . Et dans les années 1960, c’est la Matra 530 qu’elle va décorer.

La Matra 530

la matra 530

La notion de Sonia sur les formes géométriques dans le vêtement l’amène à donner une conférence à La Sorbonne dans la section Art plastique dirigée par Maurice Raynal. Il faut dire qu’à cette époque le monde entier achète les motifs de l’artiste qui sont repris et copiés, et ceci jusqu’à nos jours. Suite à la crise américaine, Sonia ferme son atelier, se remet à peindre et collabore avec Robert sur ce qu’ils appellent « Le combat pour l’art abstrait ».

Tous deux sont passionnés par la décoration, les couvertures d’ouvrages et travaillent de paire sur les affiches publicitaires. Après des projets d’affiches pour Dubonnet, le chocolat B, les cosmétiques Oja et le papier à cigarettes Zig-Zag, le couple va travailler sur les affiches lumineuses grâce aux lampes « Mica-tubes » qui ouvrent de grandes de possibilités pour les artistes d’avant-garde.

Le projet d’affiche de Sonia remporte en 1936 le premier prix de l’affiche lumineuse du concours de la compagnie parisienne d’électricité ; elle en produira plus d’une dizaine jusqu’en 1937.

Tubes lumineux

Tubes lumineux

Tubes lumineux que les Delaunay ont utilisé comme matériau pour leur publicités lumineuses

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1937, année de l’Exposition internationale est l’année des « grands travaux » des Delaunay.

Léon Blum veut que l’avant-garde soit présente à l’exposition internationale de 1937 et confie la décoration du Palais des chemins de fer et du palais de l’air à Robert et Sonia à la condition qu’ils fassent travailler cinquante peintres chômeurs.

Pour le Palais des chemins de fer, Sonia exécute plusieurs grandes peintures murales de 225 mètres carrés chacune. Il ne reste, de ses peintures monumentales, qu’une Étude pour Portugal, peinture murale, gouache sur papier, 38 5 × 93 cm, aujourd’hui conservée au National Museum of Women in the Arts, Washington.

En 1938, elle réalise en ciment coloré la porte monumentale du premier Salon d’Art mural et dont les motifs s’apparentent déjà à l’Art Cinétique.

La dernière œuvre commune des Delaunay est l’organisation du premier salon d’art abstrait : Les Réalités Nouvelles. Mais à cette époque, Robert est déjà affaibli par la maladie, et il meurt le 25 octobre 1941 à Montpellier.

Il reste pratiquement une quarantaine d’années à vivre à Sonia et si sa création va être abondante, sa principale obsession sera la reconnaissance des œuvres de Robert afin qu’elles soient enfin appréciées à leur juste valeur.

Elle réalise des lithographies, des gouaches et expose en1945 à Paris, à la Galerie René Drouin avec le groupe Art Concret.

1946 est l’année de la première rétrospective Robert Delaunay et du deuxième salon des Réalités nouvelles. L’activité artistique de Sonia augmente et en 1949 elle participe au IVe « Salon international de l’art mural.

En 1953, elle est un membre actif de la fondation du Groupe Espaceen, a une exposition personnelle à la galerie Bing, participe à l’exposition Le Cubisme, 1907-1919 au Musée d’art moderne de Paris, et deux ans plus tard, c’est la Rose Fried Gallery de New York qui lui organise une exposition personnelle .

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En 1955, Sonia obtient enfin ce qu’elle veut : Robert est reconnu comme un des tout premiers peintres de son époque. Le Musée Solomon R. Guggenheim lui consacre une grande exposition, qui va aller les mois suivants à l’Institute of contemporary art de Boston, puis la même année, au Musée d’art moderne et d’art contemporain de Liège et au musée des beaux arts de la ville de Paris.

De son côté, Sonia réalise une porte monumentale pour Berliet au Salon automobile de 1957, et 260 de ses œuvres sont exposées à la Kunsthalle de Bielefeld en Allemagne(Rhénanie-du-Nord-Westphalie) qui édite en 1960 son jeu de cartes simultanées. Cette même année, en France, elle est décorée de la médaille de chevalier des arts et lettres. L’année suivante, le Musée des beaux-arts de Lyon expose plus de 160 œuvres de Robert et Sonia.

L’artiste reprend durant la même période sa production composite de livres illustrés.

Motifs de Sonia Delaunay

Motifs de Sonia Delaunay sur une robe Ungaro 2002-2003

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En 1963, elle fait don de 117 œuvres de Robert et d’elle-même au musée d’art moderne de la ville de Paris, qui seront présentées au Louvre. . A partir de là, sa vie est rythmée par une abondante production, des expositions nombreuses : Galerie nationale du Canada en 1965, grande rétrospective au Musée d’art moderne de la ville de Paris en 1967,fondation Gulbenkian de Lisbonne avec Robert en 1972. Elle poursuit en outre sa recherche sur les tissus et les tapis, qui sont exposés au Musée d’art moderne de la ville de paris en 1972 et au Musée d’art et d’industrie de Saint-Étienne en 1979.

Sonia Delaunay est la première femme à avoir eu, de son vivant, une reconnaissance et une rétrospective au musée du Louvre (1964) au Pavillon de Marsan, exposition inaugurée par André Malraux. Elle a reçu la distinction d’officier de la Légion d’honneur (1975), et elle a réalisé le projet d’affiche de l’UNESCO cette même année où le Musée national d’art moderne lui a de nouveau rendu hommage avec une rétrospective.

Sonia est décédée dans son atelier parisien en 1979. Quelques années auparavant, elle confiait : « Tout est sentiment, tout est vrai. La couleur me donne la joie »

Le Musée national d’art moderne, le Centre Georges-Pompidou et la Bibliothèque nationale de France possèdent la majorité des œuvres de Sonia Delaunay. Deux mille d’entre elles y ont déjà été scannées et répertoriées.

Cette exposition du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris est la première rétrospective parisienne consacrée à Sonia Delaunay depuis 1967, avec plus de 400 œuvres : peintures, décorations murales, gouaches, estampes, mode et textiles.

La progression de l’exposition suit l’évolution de l’artiste de l’aube du XXème siècle à la fin des années 1970, et met en lumière l’importance de son activité dans les arts appliqués, sa place spécifique au sein des avant-gardes européennes, ainsi que son rôle majeur dans l’abstraction dont elle figure parmi les pionniers.

De nombreuses photographies et films d’époque agrémentent le parcours de l’exposition, qui souligne le paradoxe d’une œuvre atemporelle par ses recherches formelles mais profondément inscrite dans son temps – de la belle époque aux années 1970.

L’exposition sera ensuite présentée à la Tate Modern de Londres du 15 avril au 9 août 2015.

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Sonia Delaunay
Les couleurs de l’abstraction
17 octobre 2014 – 22 février 2015

Musée d’Art moderne de la Ville de Paris

11 avenue du Président Wilson
75116 Paris
www.mam.paris.fr

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Sonia Delaunay

Sonia Delaunay,Portrait, cliché André Villers 1971

Portrait, cliché André Villers 1971 © Pracusa 2013057 © BNF André Villers © Adagp, Paris 2014