« SolarWind évoque les orages magnétiques qui ont provoqué le blackout en 1989 au Canada où tous les appareils électriques étaient tombés en panne. L’œuvre joue sur nos peurs contemporaines en créant une tension autour de l’inconnu lié aux vents solaires et de leurs possibles effets sur la Terre. »
Les mouvements cosmiques seront traduits poétiquement par l’œuvre monumentale et pérenne de Laurent Grasso à travers des projections lumineuses sur les parois des silos Calcia, situés à la périphérie du 13e arrondissement de Paris. Chaque jour, plus d’un million d’automobilistes et au-delà depuis tous les bâtiments de grande hauteur du sud-est de la capitale, pourront admirer SolarWind, l’œuvre de Laurent Grasso haute de 40 mètres sur deux fois 20 mètres de diamètre.
SolarWind est la plus importante œuvre en commande publique à l’échelle du Grand Paris, dans une zone où la ville lumière se réinvente, et sera la première œuvre pérenne dans l’espace public de Laurent Grasso, un an après sa dernière exposition personnelle à Paris à la Galerie Perrotin. « SolarWind est une sorte de météo de l’espace dont les fluctuations lumineuses sont projetées sur les parois des deux silos en béton. Les variations chromatiques évoquent les phénomènes d’aurores boréales, une matérialisation mystérieuse des particules électromagnétiques du soleil traversant la couche atmosphérique que le dispositif semble avoir domestiqué. » Explique Sébastien Pluot, critique d’art.
C’est à l’initiative de la Mairie du 13e, des Ciments Calcia et de la SEMAPA, Laurent Grasso a été choisi pour intervenir sur deux silos, chacun de plus de 40 mètres de hauteur et 20 mètres de diamètre, du centre de distribution de l’entreprise Calcia. Cette infrastructure a rapidement marqué le territoire du 13e arrondissement par l’originalité de son architecture conçue par VIB Architecture. À cette force architecturale s’ajoute un emplacement stratégique à proximité du périphérique et la prochaine construction d’une rue piétonne entre le 13e arrondissement de Paris et Ivry-sur-Seine.
Autant d’éléments qui ont poussé Laurent Grasso à imaginer une installation lumineuse d’une grande puissance évocatrice. Laurent Grasso, dont le travail porte sur les notions de science, de croyance, de leurre et de fiction s’est intéressé aux tempêtes solaires et à la météorologie de l’espace pour créer une cartographie mouvante et colorée de ces phénomènes climatiques. Des phénomènes qui font l’objet d’une attention mondiale. Laurent Grasso a ainsi travaillé avec l’Observatoire de l’Espace, le laboratoire arts-sciences du CNES – Centre national d’études spatiales, qui lui a permis d’identifier les données scientifiques nécessaires pour mettre au point un algorithme capable de réagir en temps réel aux données des spécialistes. Véritable challenge technique, l’œuvre a été conçue en collaboration avec des ingénieurs spécialisés en optique pour obtenir une lumière extrêmement fine et puissante qui soit visible de très loin depuis le périphérique.
Laurent Grasso Grâce aux données rassemblées par l’Observatoire de l’Espace auprès de différents laboratoires, les fluctuations de couleurs et de lumière projetées sur les parois des silos traduiront en temps réel la visualisation de l’activité solaire. Tous les objets qui s’approcheront de la Terre, comme les météorites par exemple, amèneront un détail supplémentaire. Mais si l’œuvre a une indéniable portée scientifique, c’est d’abord en tant que moteur de fiction collective et poétique que Laurent Grasso l’a conçue. « La puissance des éruptions solaires nous met face à notre absence de maîtrise. C’est un sujet à la fois poétique et philosophique qui génère un imaginaire infini. » Laurent Grasso Dans la continuité de l’exposition « Soleil Noir », actuellement présentée à la Fondation Hermès de Tokyo, l’astre solaire continue d’occuper une place privilégiée dans l’œuvre de Laurent Grasso mais cette fois-ci à une échelle monumentale dans l’espace public. SolarWind est une œuvre à la portée à la fois scientifique et métaphysique qui met en doute les certitudes et les croyances du spectateur en mêlant le réel à la fiction au cœur même de notre environnement.
Inauguration le 25 janvier 2016