Le Mobilier national présente une exposition unique retraçant plus de trois siècles d’histoire du siège en France.
Du 25 avril au 24 septembre 2017, le Mobilier national présente à la Galerie des Gobelins, «Sièges en Société, du Roi-Soleil à Marianne», une exposition qui retrace plus de trois siècles de l’art du siège en France.
Héritier de l’ancien Garde-Meuble de la Couronne, créé en 1604 par Henri IV et réorganisé par Louis XIV en 1663, le Mobilier national est à la tête d’une impressionnante collection, l’une des plus riches au monde, issue des achats et commandes destinés autrefois aux demeures royales et impériales et de nos jours aux palais officiels de la République. Les trois cents sièges présentés à l’occasion de cette exposition seront répartis en huit sections et bénéficieront d’une mise en scène réalisée par Jacques Garcia qui a voulu leur restituer leur environnement d’origine. «J’ai souhaité que cette évocation fasse une large place à la fantaisie: dans chaque salle, les sièges sont présentés dans des organisations différentes, parfois ludiques, parfois moins. L’idée est de retrouver cette sensation de bien-être induite par le fait même de s’asseoir». Explique le célèbre décorateur.
Cet échantillonnage presque complet de l’art du siège en France sera également l’occasion de valoriser l’excellence de l’ensemble des métiers qui participent à leur création, qui créent et perpétuent les gestes et savoir-faire pour les générations futures : menuisiers, peintres-doreurs, tapissiers, intermédiaires du marché de l’art, ornemanistes (designers) et commanditaires.
La nef du rez-de-chaussée présente à travers 50 sièges un ensemble de témoignages des différentes techniques et corps de métier. L’atelier est au cœur de cette introduction avec les menuisiers, ébénistes et sculpteurs et leurs matériaux de construction, bois, métal, cannage, évoquant le caractère historique du siège, son ancrage parisien et son rayonnement dans les sociétés de l’ère moderne.
Domaine de prédilection du peintre-doreur, le revêtement est abordé avec 40 sièges, illustrations de différentes peintures et dorures sur différentes essences selon les époques : noyer et hêtre au XVIIIème siècle, acajou néoclassique et palissandre vers 1830. 25 sièges sont voués à l’art du tapissier dont des exemplaires pour la famille royale sous Louis-Philippe ayant gardés leur couverture, sièges en tapisserie des Gobelins ou de Beauvais. Dans la cage d’escalier est présentée la typologie du siège dans son contexte historique et social, l’ornemaniste-designer assurant le choix de la conception. Les 15 sièges exposés suivent une progression chronologique.
Au sein de la nef du premier étage, 100 sièges sont présentés dans leur signification sociale, à la fois symbolique et conceptuelle, sièges de salle à manger, sièges de salon ou de boudoir, sièges de cabinets de travail. Le mécénat du Roi-Soleil se matérialise au travers d’éléments tels un trumeau, console, banquettes, guéridons et environ 15 sièges. Le pouvoir est mis en scène grâce à 15 sièges : sièges d’étiquette, de représentation, de mécénat d’État. Mise en évidence de ce qui fait sens dans la réalisation d’un siège de pouvoir. Des ateliers pour enfants et adultes ainsi que des conférences émailleront cette passionnante exposition.
Photo : © Thibaut Chapotot.
Entretien avec Jacques Garcia, scénographe de l’exposition par Anne-Sophie Barreau.
Vous assurez la scénographie de Sièges en Société dans le cadre d’un mécénat de compétences. Faut-il y voir le signe d’un lien fort vous unissant au Mobilier national ?
Lorsque j’ai collaboré au remeublement du Château de Versailles entre 2001 et 2014, l’expertise de Jean-Jacques Gautier, Inspecteur du Mobilier national et commissaire de l’exposition Sièges en Société, a été précieuse entre toutes. Il a notamment joué un rôle déterminant dans la politique de dépôts du Mobilier national en faveur de Versailles qui a permis de faire revenir des meubles et des objets de tout premier plan dans leur lieu d’origine. Mais je connaissais naturellement les collections du Mobilier national avant notre rencontre. La pensée que des objets puissent rester sur des étagères dès lors que leurs dépositaires ne s’en servaient plus me troublait beaucoup. Je trouvais dommage que ces pièces qui ont fait la gloire de la France pendant tant de générations ne soient pas montrées. Le bien du peuple appartient au peuple, c’est une chose selon moi incontournable.
Comment avez-vous procédé pour l’exposition Sièges en Société ?
De la façon la plus simple : la scénographie a été conçue à partir des sièges et des thèmes retenus par Jean-Jacques Gautier. J’ai aussi souhaité que cette évocation fasse une large place à la fantaisie : dans chaque salle, les sièges sont présentés dans des organisations différentes, parfois ludiques, parfois moins. L’exposition recrée par exemple un atelier de sièges. L’idée était de retrouver cette sensation de bien-être induite par le fait même de s’asseoir.
L’exposition met à l’honneur les métiers qui participent à la création du siège
Cet objet a été pour la France un exemple de créativité absolument phénoménal. Pendant 200 ans, la France a dominé le monde en matière de création de sièges. Sièges en Société est une occasion unique de rendre hommage au savoir-faire des artisans et des techniciens d’art. En matière de restaurations, de remises en état et de créations, celui-ci reste aujourd’hui encore sans égal. Le message de l’exposition est de montrer que cette richesse existe et continuera d’exister quoi qu’il advienne.
La scénographie semble également suggérer que le siège n’a pas le même sens selon l’endroit où il se trouve
Non seulement il n’a pas le même sens mais il n’a pas toujours eu non plus la même vocation. Je pense par exemple à la salle à manger recréée dans l’exposition : les sièges sont tous installés autour de la table mais nous nous sommes amusés à les tourner dans l’autre sens. Dans l’exposition, le siège est mis en scène de toutes sortes de manières différentes.
Photos : © I. Bideau / Mobilier national
Rocking-chair réalisé par l’Atelier de recherche et de création du Mobilier national d’après un projet de Richard Peduzzi, est constitué par une seule bande de bois de merisier moulé se déroulant
comme un ruban.
Fauteuil d’un ensemble de cinq provenant de la chambre à coucher du duc d’Orléans, hériter du trône, au château des Tuileries. Vers 1830. Acajou, bois doré et bronze doré, soierie. Exceptionnellement quatre des sièges de cet ensemble ont conservé leur étoffe de 1840.
Fauteuil en bois doré et tapisserie de Beauvais ; bois de Paul Follot et carton de Jean Weber sur « Les contes de Perrault », « La Belle au Bois-dormant ».
Siège en société : du Roi-Soleil à Marianne
Exposition du 25 avril au 24 septembre 2017
Galerie des Gobelins – Mobilier national
42, avenue des Gobelins
75013 Paris