Septembre de la Céramique et du Verre aux Baux-de-Provence

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    Septembre de la Céramique et du Verre

    La création de Septembre la Céramique et du Verre aux Baux-de-Provence répond à une double exigence de qualité. Par son approche culturelle de l’art et de la technique cette manifestation cherchera à témoigner de l’évolution de la création contemporaine des arts du feu, aussi bien en France qu’à l’étranger, d’artistes connus ou reconnus ou de plus jeunes prometteurs ou de disparus. Montrer des artistes qui ont choisi le Sud pour y vivre et travailler et qui ont marqué le paysage français et la scène internationale. De l’archéologie à l’avant-garde, du savoir-faire à l’innovation technique, Septembre de la Céramique s’intéresse à l’objet utilitaire voire décoratif comme à la sculpture monumentale depuis sa conception jusqu’à son achèvement en passant par l’atelier. En cette année de Marseille Provence 2013 je voulais rendre hommage à Alice Colonieu.

    Cette grande céramiste, esprit libre et indépendant, caractère indomptable, qui était si fière que son nom renvoie aux colonnes romaines qui ont occupé la Provence, amoureuse du Moyen-âge, aurait été heureuse d’être à l’honneur à l’Hôtel de Manville aux Baux-de-Provence. Ancêtre des plasticiens d’aujourd’hui Alice Colonieu était déjà une artiste pluridisciplinaire. Les pièces exposées n’ont jamais été montrées auparavant et sortent de collections privées : liés par l’amitié qu’ils portaient à Alice, les prêteurs n’ont pas hésité à faire venir de lourds panneaux de céramique, son service de vaisselle personnel ou même les bijoux qu’elle avait réalisés pour elle-même.

    Une autre femme, une autre démarche avec Nathalie Talec exposant dans « Soleil Froid » les oeuvres réalisées à la Manufacture de Sèvres. C’est que Nathalie Talec se pense toujours en exploratrice, ses autoportraits en aventurière des pôles le confirment, et ses pièces s’envisagent alors comme des traversées. Parlant de sa pratique de l’art, elle reprend à son compte les mots de l’explorateur Knud Rasmussen qui écrivait dans un de ses comptes-rendus : « Il n’y a qu’un seul but à notre progression : définir notre position. Nous traversons une terre inconnue et ignorons à tous moments ce que chaque nouveau regard doit nous révéler d’abîmes, mais notre allure reste toujours la même… ». « Soleil froid » dans une nouvelle scénographie imaginée spécialement pour les Baux-de-Provence par l’artiste dans les salles de Post Tenebras Lux, illustrera la formidable mutation de Sèvres qui s’associe à Septembre de la Céramique, à travers le prêt d’oeuvres de ses collections.

    Enfin, Guy Bareff s’installe en résidence à L’atelier Serra, pour y produire « Les Marcheurs ». Ce projet commencé lors de la troisième édition du Festival a-part en 2012, a permis l’installation d’un four à l’atelier Serra et favorisé la création d’une résidence d’artistes céramistes qui va ainsi se développer chaque année. Sylvie Caron, commissaire d’exposition

    ALICE COLONIEU

    • Hôtel de Manville

    Céramiste, peintre, sculpteur, Alice Colonieu est née le 5 novembre 1924 à Marseille, morte le 16 juillet 2010 à Roaix (Vaucluse). Après l’École des Beaux-Arts de Marseille, elle s’inscrit à la fin de la guerre à l’École Nationale de Fontcarrade.

    Face au cloisonnement artistique des années 1945 aux années 1980, elle choisit tout d’abord la terre comme expression. C’est en tant que céramiste qu’elle explore les multiples facettes de la création. Ses céramiques lourdes, aux couleurs vives, réalisées au colombin et toujours sans moule, en pièce unique, sont bien connues des collectionneurs. Elle expose au salon des Arts décoratifs 1953 et 1954, à l’exposition des chefs-d’oeuvre de la céramique moderne de Cannes 1955, rafle la médaille d’or à l’Exposition nationale des Arts en 1961 et est membre de la fédération des métiers d’art depuis 1953.

    Alice Colonieu travaille pour des grands décorateurs comme Royère, la maison Rinck, et Leleu pour qui elle réalise les deux magnifiques panneaux en céramique qui orneront la piscine du paquebot Pierre Loti. Mais elle s’intéresse aussi à la décoration de bâtiments publics comme la Poste de l’Isle-sur-la-Sorgue, le lycée Mistral d’Avignon, ou même des autels pour les églises de Roaix, Sablet et Valréas. Ses oeuvres sont exposées au Musée National d’Art Moderne de Paris, au Musée national de la Céramique à Faenza, et dans de grandes collections internationales.

    Malgré le succès, Alice Colonieu choisit de s’installer et de travailler à Roaix dans le Vaucluse où elle fait construire une maison et une chapelle dans les années 60 qu’elle décore entièrement. Elle devient un exemple de dialogue artistique entre un lieu et la création. Elle s’oriente alors vers la peinture, l’illustration de livres. Artiste multiple, elle peut tout aussi bien réaliser des meubles pour sa maison, des bijoux, ou des tapisseries.

    Jean-Pierre Chalon lui consacre une belle exposition en 1992, puis un article dans le remarquable livre de Pierre Staudenmeyer « la Céramique des années cinquante » lui redonne tous ses titres de noblesse. De son oeuvre Pierre Staudenmeyer disait qu’elle était « vigoureuse, souvent baroque, respirant la force et l’énergie, atteignant une modernité faite de liberté et d’audace qui, poussant à l’extrême des références classiques, les déformant même, savait redonner une vitalité aux formes du passé. » L’exposition des Baux-de-Provence montre pour la première fois des grands panneaux de céramique tel que La Descente de Croix, des meubles et tapisseries provenant de sa maison de Roaix et des céramiques issues de collections particulières.

    NATHALIE TALEC « SOLEIL FROID » MANUFACTURE DE SEVRES

    • Galerie Post Tenebras Lux

    Nathalie Talec, née en 1960, vit et travaille à Paris. Sculpteur, peintre, vidéaste, performeuse, photographe et musicienne, Nathalie Talec est inclassable. Dès le début des années 1980, l’artiste a entrepris de donner une réalité au froid et posé la survie comme figure de la création.

    Sa rencontre avec Paul-Émile Victor (PEV) en 1986 fut déterminante et la conduira à s’emparer de l’exploration polaire et de ses modes opératoires comme métaphore de l’acte artistique. Elle réalise à l’issue de cette rencontre des séries d’autoportraits photographiques à partir d’objets réels utilisés par PEV lors de ses premières expéditions : traîneau, piolet, sac à dos…

    C’est à l’occasion de son exposition rétrospective au MacVal de Vitry-sur-Seine en 2009, qu’elle imagine de produire en biscuit de porcelaine de Sèvres, à taille réelle (150 x 70 cm) ce Traîneau, comme hommage et figure générique d’une stratégie exploratoire. Pièce unique et véritable prouesse technique qui a mobilisé les ateliers du plâtre, du petit coulage et du montage-ciselure, cette oeuvre inédite joue de la blancheur de la pâte et de l’ambiguïté entretenue sur la matière de l’oeuvre, en référence à la blancheur immaculée de la neige, au danger des simulacres et à la fragilité de nos certitudes.

    Dans le cadre d’une exposition monographique que lui consacre le Yerba Buena Center of Arts de San Francisco en 2011, Nathalie Talec collabore à nouveau avec Sèvres pour un nouveau projet d’autoportraits intitulé « The one who sees blindly ». L’artiste fait le choix de « réactiver » cinq bustes d’Adrienne, fille de Edouard-Charles Houssin (professeur de modelage et sculpture à la Manufacture de Sèvres de 1885 à 1924), en biscuit de porcelaine de Sèvres. Chaque pièce est unique car l’artiste intervient en agissant sur le regard des fillettes, à l’atelier de moulage-reparage, mêlant ainsi préciosité des matériaux et violence de la cécité.

    Son exposition personnelle en 2012 à la galerie parisienne de Sèvres – Cité de la Céramique réunit pour la première fois l’ensemble des oeuvres réalisées à Sèvres : le Traîneau, cinq autoportraits, « The one who sees blindly », un ensemble de quatre pièces intitulées « Cry me a river », décor qu’elle a peint sur la forme du vase Charpin ainsi que huit ensembles de Snowballs commercialisés en séries de quatre exemplaires de différentes tailles, hommage de Nathalie Talec à l’artiste New Yorkais David Hammonds. Dans la scénographie des Baux-de-Provence mise en place par Nathalie elle-même, les pièces en porcelaine de Sèvres sont complétées par des photos et des dessins issus de l’atelier de l’artiste.

    GUY BAREFF « LES MARCHEURS »

    • Résidence à l’Atelier Serra

    Guy Bareff, sculpteur-céramiste, peintre et écrivain. vit et travaille à Saint-Rémy-de-Provence. L’aventure commence à 15 ans dans l’atelier de son père, céramiste et peintre près d’Aix-en-Provence, un des fondateurs des céramiques d’Accolay. Rêvant de devenir architecte, la sculpture devient son mode d’expression et sa première exposition se fait à Marseille en 1968.

    Il travaille avec des décorateurs et des architectes pour des projets en collaboration (panneaux muraux, fontaines, mobilier, éclairages) et réalise d’importantes commandes pour les hôtels Méridien du Rwanda, Gabon et Île de la Réunion.

    Dans les années 90, Guy Bareff développe le procédé de fabrication des jarres à la corde, technique manuelle ancienne dont un seul ouvrier encore possédait le savoir-faire dans une ancienne fabrique de Biot.

    Installé à Tulette dans la Drôme provençale, il travaille pendant six ans avec Gérard Drouillet, peintre à Eygalières, qui vient développer dans son atelier une oeuvre de céramiques de grandes dimensions. Parallèlement il se lance dans la peinture ainsi que l’écriture, publie deux romans et des poèmes. En 2011, Guy Bareff choisit de vivre et travailler à Saint-Rémy-de-Provence.

    Il développe alors Les Marcheurs, il y a deux ans et dont une première étape a été exposée en 2012 aux Baux-de-Provence dans le cadre de la section céramique du festival a-part (commissaire d’exposition Sylvie Caron). Il s’agit de développer une foule de personnages en marche, qui compose une forme nouvelle d’humanité, sortant de terre et se mettant à marcher obstinément. On peut concevoir que c’est la terre elle-même, sous forme d’argile, qui se transforme en personnes humaines lancées dans l’aventure de la personnalisation individuelle, de la découverte du sens de leur naissance par la matière.

    Mythe récurrent de la création du monde et interrogation sur notre propre humanité, ce travail ne prétend pas apporter de réponses mais au contraire interroger chacun sur sa réponse personnelle. À terme, ce projet a pour vocation et ambition de réaliser une foule grandeur nature. C‘est le début d’une aventure, une marche vers quelque chose que nous découvrirons en fin de résidence.

    Horaires des expositions :

    • de 14h à 19h Grand Rue, pour les expositions de Alice Colonieu à l’Hôtel de Manville, Nathalie Talec à la Galerie Post Tenebras Lux.
    • de 18h à 19h à l’Atelier Serra (en haut des parkings), Guy Bareff, artiste en résidence

    SENSIBILISATION A LA CERAMIQUE
    Une visite commentée des expositions par le commissaire d’exposition portant sur l’histoire de la céramique et de la céramique de Sèvres peut être organisée à l’attention des scolaires. Les enfants pourront également visiter de l’atelier Serra et rencontrer Guy Bareff céramiste en résidence. Cette animation est gratuite. Sur réservation uniquement : Sylvie Caron, commissaire d’exposition, mail : septembre.ceramique.verre@gmail.com