Connue pour son engagement et son soutien envers la jeune génération artistique de talent, la galerie Derouillon présente la première exposition de Roman Moriceau qui a fait du mélange des disciplines et des matériaux sa ligne de conduite artistique.
Le parcours artistique de Roman Moriceau est riche et varié, complexe et disparate, prenant parfois la forme d’un dessin, d’une peinture ou bien se métamorphosant grâce au graphisme et au design.
Il intègre l’école des beaux-arts d’Angers en 1998 non pas pour apprendre une technique mais pour y trouver la meilleure façon d’exprimer sa pensée.
La richesse de cette pensée, son foisonnement, vont l’entrainer dans une multiplicité de techniques qui, manipulées puis mixées par l’artiste, donneront naissance à des formes hybrides.
Roman Moriceau, Nebula, 2014.
Roman Moriceau a cette démarche unique et originale de s’exprimer à travers et en fonction des comportements humains; c’est ainsi qu’il a de prime abord détourné les images de notre vie sociétale pour s’intéresser ensuite aux vêtements après avoir découvert le livre du psychanalyste John Carl Flügel, “le rêveur nu”.
Cet intérêt pour l’impact que les tenues vestimentaires ont sur nos personnalités, nous influençant, modelant inconsciemment notre identité, conduit Roman Moriceau à rencontrer le styliste Martin Margiela dont il intègre la maison de couture et où il passera plusieurs années déterminantes pour la suite de sa carrière.
C’est en effet le côté éphémère et momentané du monde de la mode qui vont désormais influencer la démarche artistique de Romain Moriceau ; il quitte la France pour séjourner à Berlin
“une ville fascinante, pleine de contradictions, où l’art est omniprésent”
Et, tout en continuant à mélanger les genres, s’attache aux choses qui s’estompent, s’effacent, s’atténuent voire disparaissent au fil du temps, telle l’encre, la lumière qui s’éclaircit, s’évapore, puis s’évanouit.
L’artiste nous entraîne sur les chemins du temps, leur instabilité, leur empreinte passagère qui, en ne durant qu’un temps, révèlent toute leur fragilité. Fragilité de notre monde que nous provoquons par nos comportements et sur lesquels Roman Moriceau veut attirer notre attention.
Les couleurs de ses œuvres perdent de leur éclat, sombrent dans des noirs et gris, les images révélant ainsi une fatigue voire une usure; en associant les produits chimiques aux substances alimentaires et naturelles, l’artiste dresse un bilan tant écologique que politique, s’attaquant à l’omniprésence du plastique dans notre environnement et à l’indifférence quasi générale face aux manipulations génétiques opérées par la science.
Si les œuvres que Roman Moriceau soumet à notre regard peuvent de prime abord surprendre, elles affirment la volonté de l’artiste de faire prendre conscience des dérives de notre société.
Roman Moriceau, Untitled (Filtred), 2014
En associant les techniques et les matériaux, il nous prouve son appartenance à cette nouvelle génération d’artiste dont la vision artistique, si singulière soit elle, fait autant preuve d’originalité que d’exigence.
“Nous sommes tous des poussières d’étoiles; Roman Moriceau ouvre des passages entre l’infiniment grand et l’infiniment petit pour révéler l’effet papillon de nos habitudes.. Avec intelligence et justesse, il travaille les failles et les incohérences d’un système où le consumérisme prévaut sur la raison.” Julie Crenn
Infos pratiques
11 septembre au 31 octobre 2014
Vernissage le 11 septembre à partir de 18hGALERIE DEROUILLON
38, rue Notre Dame de Nazareth 75003 Paris
www.galeriederouillon.com
T + 33 9 80 62 92 65