Roger Edgar Gillet “Tempêtes” à la Galerie Guigon

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Roger Edgar Gillet
Roger Edgar Gillet

La Galerie Guigon présentera une sélection de 30 “tempêtes” que Roger Edgar Gillet a réalisées entre 1990 et 1994 dans son atelier de Saint-Suliac prés de Saint-Malo . Jean Pollak (Galerie Ariel) , le marchand et ami de Gillet pendant 50 ans , avait à la Fiac de 1994 montré quelques toiles de cette série sous le titre “Bateaux Ivres “. Gillet, Roger Edgar, français. Peintre, aquarelliste, dessinateur, graveur, sculpteur, * 10.7.1924 Paris 2.10.2004 Saint-Suliac (Manche).

Elève à l’Ecole Boulle de 1939 à 1944 où il acquiert de solides notions techniques, Roger Edgar Gillet poursuit sa formation en fréquentant l’atelier du peintre Maurice Brianchon à l’Ecole des arts décoratifs à Paris. Dès la fin de la guerre, exerce les métiers de décorateur de théâtre et d’architecte tout en enseignant à l’académie Jullian de 1946 à 1948. Participe rapidement à plusieurs expositions, notamment celles organisées par les critiques Michel Tapié et Charles Estienne qui réunissent les tenants d’un art informel comme Georges Mathieu. Peint alors des œuvres – notamment des sortes d’oiseaux mystiques sur des grands formats – en ayant recours à une matière à base de sable, de colle de peau et de cailloux dans laquelle il inscrit une écriture proche de celle produite par la génération abstraite qui est la sienne. Présente sa première exposition personnelle à la galerie John Craven à Paris en 1953 et obtient le prix Fénéon l’année suivante. Un jeune marchand, Jean Pollak, qui a récemment ouvert à Paris la galerie Ariel, lui achète ses premiers tableaux. Lauréat du prix Catherwood, séjourne grâce à une bourse de voyage aux Etats-Unis en 1955 et y rencontre Jackson Pollock. A son retour en France, seconde exposition personnelle de ses œuvres récentes à la galerie Ariel à laquelle il restera fidèle tout au long de sa vie. Au début des années 1960, à ses peintures aux tonalités brunes succèdent peu à peu une nouvelle manière qui renoue avec l’image. Marquant un évident retour au réel, les figures livides qui peuplent désormais ses toiles empruntent à la vision du monde qui est la sienne – privilégiant toujours les tonalités assourdies et les étranges lueurs – en même temps qu’elles semblent dénoncer l’hypocrisie ambiante de la société. S’emparant de l’œuvre au début des années 1970, la production sérielle rythme dorénavant sa création qui puise dans des sujets l’amenant à déployer, souvent dans de grands formats, une pâte généreuse, tels les cycles consacrés aux Nains (1973-1974), aux Villes (1975-1976), aux Bigotes et aux Juges (1976-1977), aux Musiciens (1978-1979), aux Gens d’église (1979) ou encore aux Prisons et Palais (1982). Dès lors, l’étrange théâtre qu’il dresse sous nos yeux laisse tour à tour s’exhiber la passion, la folie ou le ridicule, comme l’atteste justement la série des Juges nourrie de la même verve qu’un Honoré Daumier. L’idée de traiter du monde de la justice ne lui est pourtant aucunement dictée par un quelconque besoin revendicatif mais par le plus surprenant des hasards lorsqu’un jour de pluie, rejoignant le quartier de Saint-Germain-des-Prés, ses pas le conduisent dans une salle d’audience du palais de justice où il peut, pendant un instant, se mettre à l’abri. Intéressé par l’ambiance cérémonieuse, les couleurs en présence, les comportements et la gestuelle des gens de justice, il entreprend une série de toiles qui nous renvoient l’image d’une justice tout à la fois cynique, féroce et navrante, voire pitoyable. Après ses Mutants des années 1980 qui donnent lieu plus tard à des sculptures en bronze, il reprend le thème des Juges vers 1990 pour en rendre des formes convulsives qui viennent encore attester de son impératif besoin de peindre et du plaisir qui est le sien à pétrir et mélanger les couleurs, indifférent qu’il est aux modes et aux mots d’ordre, ce que révèlent une fois encore sa série des Tempêtes et des Bateaux ivres (1991-1993). Bien que ses yeux l’aient empêché de toucher aux pinceaux les dernières années de vie, il a continué jusqu’à sa disparition à peindre « dans sa tête », comme il aimait à le dire. Philippe Bouchet

1924 >1950

Naît à Paris en 1924, ses parents, originaires des Vosges, travaillent à l’hôpital Saint-Anne, elle le jour, lui la nuit. Ils rêvent que leur fille soit institutrice (elle le sera) et le fils gendarme. Échouant au certificat d’étude il entre au collège de l’école Boulle ou il apprend la gravure sur médaille. A l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, Il admire Bonnard, Vuillard puis Kandinsky et Mondrian. En 1947 donne des cours de Dessin à l’académie Julian ou il rencontre Thérèse qu’il épouse en 1950.

1951 > 1955

Travaille à Paris comme décorateur, mais abandonne cette activité pour se consacrer à la peinture. Ce sont les années abstraites marquées par la rencontre avec le critique Michel Tapié qui l’expose en 1952 pour Un Art Autre .Exposition à la Galerie Evrard à Lille avec Georges Mathieu en 1952 et la Galerie Craven à Paris, en 1953. Reçoit le prix Fénéon en 1954 et le prix Caterwood en 1955 qui lui permet de voyager quelques mois aux Etats-Unis.

1956 > 1962

Exposition personnelle en 1956 à la galerie Ariel, fondée par Jean Pollak qui présentera Gillet régulièrement (plus de 15 expositions personnelles). Expose à la Galerie de France à Paris (59, 61, 63) et à l’étranger (Milan, Genève, New York). Sa peinture quitte progressivement l’abstraction et aborde une figuration imaginaire avec des thèmes tels que Les poux, puis les premiers portraits.

1963 > 1970

En 1963 quitte Paris pour la région de Saint-Malo. Il y peint des personnages suggérés puis plus expressionnistes : Marilyn .le tiers Monde, la fête chez Pollak. Réalise 12 gravures illustrant La Nymphe des rats, poèmes de Salah Stétié. Fait partie du comité de sélection du salon de Mai, avec lequel il se rend à Cuba en 1967 et participe à la réalisation d‘une fresque collective à La Havane. Expose en Italie, à Munich et à Bruxelles à la Galerie Stéphane Janssen.

1971 > 1981

Près de Sens, dans l’Yonne, avec sa femme il rénove une ferme, et dans un bel atelier, il travaille sur une série de grands formats : Les Epousailles des nains, et aborde des thèmes tels que : Les juges, les bigotes, les musiciens. Exposition avec le sculpteur Eugène Dodeigne au Musée Galliéra à Paris en 1971. Pour La SACEM réalise en 1978 une peinture murale : le Grand Orchestre. Les dessins préparatoires sont exposés à la Galerie Erval. La galerie Nova Spectra, à La Haye, l’expose en 73, 76, 80, 81

1982 >1990

Revient vivre à Paris mais passe tous les étés à peindre près de Saint-Malo. Poursuit sa recherche sur les personnages et en parallèle aborde de nouveaux thèmes : Villes, Prisons et palais, Natures mortes….Rétrospective au Centre National des Arts Plastiques à Paris en 1987. Entreprend la série des Mutants (peintures et sculptures) évoluant vers la Marche des Oubliés, grands tableaux exposés par la Galerie Ariel à la FIAC en 1989, Stéphane Janssen organise deux expositions aux USA : Musée de l’université d’Oklahoma et au Centre des Arts de Scottsdale (1990)

1990 > 1995

Peint des paysages maritimes qui, sous le titre Tempêtes et Bateaux ivres , sont présentés à la Fiac en 1994, par la Galerie Ariel. Invite, en Juillet 1994, ses amis à Saint- Suliac pour fêter avec Jean Pollak leurs 70 ans et 50 ans de collaboration. Expositions personnelles à la Galerie Henry Bussière (93, 94, 95, 97), la Galerie Duchoze à Rouen (96, 97, 99) et la Galerie Fred Lanzenberg de Bruxelles.

1995 > 2004

Pendant l’été 95 réalise une centaine de dessins publiés sous le titre de Journal ce qui l’incite à reprendre l’étude des personnages : Les demoiselles d’Avignon, les apôtres et en 98 la danse. Rétrospective « 50 ans de peinture », Sens, 1999. Edite un livre de 21 gravures les Oubliés de l’Arche. Texte de Lydia Harambourg. A partir de 2000 de très graves troubles de la vue l’empêchent de peindre…En 2002, deux expositions personnelles présentent les années abstraites: 10 tableaux majeurs des années 50 à La Galerie Ariel et Figures Voilées à la Galerie Guigon qui, en 2003, montre les grands thèmes des années 70 et suivantes

– Décède en Octobre 2004 à Saint-Suliac

  • Exposition du 19 octobre au 17 Novembre 2012

Galerie Guigon