Robert Capa in color

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Capa in color
Capa in color

A partir du 21 Novembre 2015 au Jeu de Paume à Tours

Après New York et Budapest, l’exposition Robert Capa s’installe au Château de Tours, nous dévoilant pour la première fois que ce maître incontesté du photojournalisme, internationalement reconnu pour ses photos de guerre en noir et blanc, était aussi un passionné de la couleur.

C’est donc à la découverte d’un aspect méconnu de Robert Capa que nous convie cette exposition, à travers les plages de Biarritz, les courses de Deauville, des stars comme Humphrey Bogart, Pablo Picasso ou Ingrid Bergman : ces instantanés plein d’une vie sereine, légère et colorée tranchent avec le tragique des clichés de la guerre civile espagnole ou du débarquement de Normandie qui ont fait de Capa, un mythe de la photographie du XXème siècle.

Exposées durant cet été au Centre Robert Capa de Budapest (“Capa en couleur”, jusqu’au 20 septembre), c’est la première fois que ses photographies en couleur étaient exposées en Europe.

Robert Capa, Capucine

Robert Capa, Capucine

Pourtant, Endre Ernö Friedmann, plus connu sous son nom de scène de Robert Capa et né à Budapest en 1913, se battit toute sa vie pour la couleur qu’il employa dès le début de sa carrière, notamment dès 1938, pour un reportage sur la guerre sino-japonaise, en étrennant le tout nouveau film Kodachrome, mis sur le marché moins de deux ans auparavant.

Il chercha à convaincre les salles de rédaction mais l’expérience fut malheureusement un échec : celles-ci demeurèrent récalcitrantes, le coût en étant trop élevé, et la Kodachrome peu adaptée aux couvertures d’actualités. La pellicule devait en effet être envoyée aux Etats-Unis pour y être développée, rallongeant ainsi considérablement les délais.

“Les éditeurs refusaient les photos en couleur car ils ne les jugeaient pas assez nobles. Ils ne prenaient que celles en noir et blanc ; Il a très tôt voulu l’utiliser sur le terrain. Le miracle de Capa, c’est cette capacité à toujours se réinventer, y compris en utilisant la couleur” souligne Istvan Viragvölgyi du Centre Robert Capa.

Robert Capa, Humphrey Bogart et Peter Lorre

Robert Capa, Humphrey Bogart et Peter Lorre

Robert Capa, parallèlement à son travail en noir et blanc, persistera à réaliser des tirages en couleurs comme en témoigne une photo de 1943 montrant des méharistes (unité montée à dos de chameaux) dans le désert tunisien, mis en valeur par un ciel d’un bleu intense.

“Il sentait réellement quand la couleur pouvait apporter quelque chose à une image. En noir et blanc, cette photo aurait été assez fade. Mais ici la couleur renforce l’effet. Elle ne distrait pas l’oeil du spectateur, un reproche qui lui a souvent valu d’être jugée inférieure au noir et blanc”, souligne Istvan Viragvölgyi.

A partir de 1947, ayant adopté la nouvelle pellicule Ektachrome pour ses qualités et ses facilités à développer, Capa travaille systématiquement avec deux boîtiers, l’un pour le noir et blanc et l’autre pour la couleur, mais la plupart des éditeurs préféreront ses tirages en noir et blanc et à part Life, intéressé par des couvertures sur les people, nombreuses sont ses images en quadrichromie qui n’ont pas été publiées, et notamment une série sur Hemingway en vacances de chasse en famille.

Robert Capa, Sur la route de Namdinh to Thaibinh, Indochine (Vietnam)

Robert Capa, Sur la route de Namdinh to Thaibinh, Indochine (Vietnam

Cependant, les rédacteurs en chef faisaient preuve d’un conservatisme qui agaçait le photographe qui n’avait de cesse de les conjurer de “vivre avec leur temps”. En vain.

Robert Capa meurt à 40 ans, en 1954, lors d’un reportage en Indochine, après avoir cofondé en 1947 avec Henri Cartier-Bresson l’agence coopérative Magnum, qui elle aussi resta longtemps dominée par le noir et blanc.

La majorité des diapositives en Ektachrome ayant viré, le point faible notoire de cette pellicule, elles ont pu être restaurées grâce aux nouvelles techniques numériques. L’institut new-yorkais en compte quelque 4.200 photos en couleurs de Robert Capa dans ses archives, dont 136 sont montrées à Budapest.