En clin d’œil au titre de George Perec, « Espèces d’espaces », Propos d’Artistes a choisi d’investir deux espaces du 11ème arrondissement en proposant à plusieurs artistes internationaux de s’approprier depuis le 18 avril 2013, ces espaces singuliers pour en éclater les limites.
Ils sont en quelque sorte la page blanche que Pérec évoque dans son livre. Des espaces originels et intimes dans lesquels chaque artiste est invité à installer sa forme propre et nous faire partager sa relation à l’espace durant quelques jours. Il est donc question d’espace(s) bien-sûr mais aussi de temps, d’espace mental et de performance spatio-temporelle, d’espace irrationnel, impossible, inutile, éphémère, impalpable, bref dans ces espaces là tout peut se jouer, se disloquer et les créations se décliner à l’envi.
Pour le 3è et dernier volet de cette série d’expositions, Propos d’artistes collabore avec OHVII Studio (Isabelle Chatout et Mora Basualdo) pour proposer à 4 artistes très prometteurs d’investir le 28, rue de la Fontaine-au-Roi. Ainsi, l’artiste New Yorkaise Gail Mitchell nous propose une installation entièrement imaginée et conçue depuis son atelier New Yorkais à partir de photographies du lieu et de correspondances mail. L’artiste Française Marie Pichereau, présentée par OHVII studio, nous propose une œuvre troublant les perceptions et immergeant le spectateur dans une poétique de l’espace à travers une installation imposant ses marques. Quant à la jeune artiste Hélène Garcia, elle joue avec les mots comme elle joue avec l’espace, que ce soit celui de l’œuvre ou du spectateur. Elle s’applique à orienter le regard vers des contre-sens poétiques comme un possible dialogue avec l’ici-même.
Enfin A l’occasion de ce dernier rendez-vous, l’artiste Kim Su Theiler nous présente la vidéo intitulée « Paris » de la série des « Place-Names ». L’artiste crée dans ces installations, des conditions immersives dans lesquelles le spectateur est invité à participer activement, à créer des sphères expérimentales où le temps, l’espace et la sensation apparaissent et disparaissent dans une myriade de symbolismes voilés et de questionnements sans réponse.
Autant de regards, de singularités, de rencontres poétiques et de performances intriquées les unes aux autres pour tenter de définir de nouveaux repères. Cet événement hors des sentiers battus aurait également pu s’intituler, encore en référence à Pérec, Prière d’insérer.
Marie Pichereau
Installation
« Paysages fantasmés, mes installations naissent d’une transformation. J’aime le pouvoir qu’opère le simple changement d’une ligne dans un dessin, un espace. « Tu dis à la pieuvre d’être éléphant et elle devient éléphant » Eisenstein parlant de Disney. Changer d’angles de vue, passer d’un état à un autre, bouger une image, sont autant de jeux de perception et d’artifices au service d’une restructuration du monde.
Les différents matériaux bruts, communs à la construction d’une architecture, dessinent l’envers et l’endroit de mondes fictifs emprunts de réel. Ces représentations sont le fruit de souvenirs, de films et de livres où l’espace se dédoublent mais aussi de l’ambiguïté qu’entretient l’Homme avec la Nature.
Prenant la ville comme toile de fond, ces utopies invitent le spectateur à contempler, mais aussi à se positionner face à la construction d’un paysage, à ce qui le compose, à ce qu’il représente. Jouant sur l’échelle, notion essentielle de la représentation du paysage, elles sont un reflet décalé qui nous interroge sur notre notion d’infini. Elles sont comme des machines à regarder, des observatoires, miroir d’un monde en perpétuelle mutation, repoussant les limites de son authenticité. »
GAIL MITCHELL
Installation
« Mon travail est un récit ludique d’objets trouvés. Au cours des dernières années, j’ai exploré le mouvement, la translucidité, et les traces (résidus de textures, lettres, chiffres, etc.) Je pense à ces récits, non pas tant comme des histoires littérales, mais plutôt comme des dialogues sans paroles autour de la mémoire de ces objets, et dont l’écriture et la peinture serviraient d’intermédiaires pour susciter un questionnement. Je ne cherche pas à faire passer un message particulier.
Les objets trouvés, la peinture, les marques, les traces de colle et autres sont parties intégrantes d’un vocabulaire qui définit mon écriture. Je suis obsédée par la documentation et les choses du quotidien, j’aime les choses qui racontent une histoire. Chaque œuvre d’art combine ainsi anciennes et nouvelles trouvailles, en conjonction avec la peinture, le crayon, le pastel ou toutes autres techniques. C’est une sorte une cartographie personnelle.
Face à mon travail, c’est également au spectateur de construire sa propre histoire avec sa propre sensibilité. Passionnée de photographie, dessinatrice, musicienne et poète, toutes ces activités jouent et s’entremêlent les unes aux autres sans aucun ordre particulier. Elles suscitent et inspirent simplement de nouvelles idées ».
HELENE GARCIA
Installation, photographie
« En dilatant des récits ou scénarios que je compose, je tente de ménager des pauses, de divertir ou d’ironiser en apportant un regard parallèle sur ce que j’expose. J’extrais généralement références et inspirations de mon environnement, cultivant ainsi différents rapports qui m’intéressent : Architecture / Écriture, Héritage commun / Histoires personnelles, Espace de l’oeuvre / Espace du spectateur …
L’écriture occupe une part importante dans ma pratique que je retranscris en installation ou en édition. Le livre, objet qu’on ne peut regarder sans toucher, est également au centre de mes préoccupations. Par le biais de MANUEL, plateforme collaborative co-créée en 2011, nous produisons des publications diffusées à travers l’Europe lors de divers événements participatifs (expositions, résidences, workshops …)
Parallèlement, dans mon travail plastique, j’élabore des solutions pour parcourir l’édition. Afin de développer de nouvelles mises en forme du livre d’artiste, je construis pour son exposition des mises en espaces spécifiques. Je joue avec l’échelle pour intégrer les pièces dans l’in-situ au travers de la sculpture ou du décor. D’un regard sur ma pratique, on peut lire également cette volonté de traduire, de réinterpréter les mots et l’espace, que ce soit celui de l’oeuvre ou du spectateur, en orientant le regard vers des contre-sens poétiques. »
KIM SU THEILER
Vidéo et photographie
Depuis plus de 20 ans, Kim Su Theiler mêle art vidéo et performances dans des installations qui brouillent les frontières entre la vue et l’expérience. A l’occasion de ce dernier rendez-vous, l’artiste nous présente la vidéo intitulée « Paris » de la série des « Place-Names ». Après New York City, Chichen Itza, Palm Springs, Rome, Séoul, cette sixième vidéo a été réalisée à l’occasion d’une performance exceptionnelle lors du premier vernissage de cette série d’expositions.
Kim Su Theiler questionne à travers une exploration littéraire de l’œuvre de Marcel Proust, les relations qui existent entre les mots et les lieux et invite le spectateur à ressentir et vivre une expérience autour de la sensation « d’être ailleurs », des emplacements disloqués ; des destins cachés, des destinations inconnues et des battements de cœur intimes des lieux.
L’artiste crée dans ces installations, des conditions immersives dans lesquelles le spectateur est invité à participer activement, à créer des sphères expérimentales où le temps, l’espace et la sensation apparaissent et disparaissent dans une myriade de symbolismes voilés et de questionnements sans réponse.
Son travail repose sur des éléments complexes constitutifs de la perception et du vécu qui apparaissent lorsque les cultures se rencontrent. Dans ce qui pourrait être décrit comme une esthétique de la disparition, l’artiste aime à nous faire ressentir des choses sans jamais les montrer directement et laisse libre court à notre interprétation et notre sensibilité.
- Exposition du 12 décembre au 28 décembre 2013
- Vernissage le jeudi 12 décembre 2013 // 18h30 à 21h00, en présence des artistes
- www.proposdartistes.com
Galerie – 29 rue de la Fontaine au Roi – 75011 Paris