Intensifier les liens entre les médias et l’école, tel est l’objectif de la convention-cadre signée le 17 décembre par Fleur Pellerin, Najat Vallaud-Belkacem et Canopé. La ministre de la Culture et de la Communication a détaillé plusieurs initiatives qu’elle allait prendre dès janvier 2016. « Dés le mois prochain, a-t-elle assuré, je lancerai un programme de « journalistes en résidence » dans les quartiers populaires. Cela permettra aux journalistes volontaires de s’immerger dans un quartier sur la durée pour se mettre au service d’un programme d’éducation aux médias ou de création d’un média de proximité. Je crois beaucoup en cette idée ». Autre exemple : « Je souhaite que Mediaeducation.fr devienne dès l’année prochaine une plateforme d’échanges et de partage d’expérience entre les intervenants de l’éducation à l’information ». La ministre veut aussi soutenir Renvoyé Spécial, un projet de journalistes en exil accueillis à la Maison des Journalistes qui vont au-devant des élèves pour témoigner du prix de la liberté d’expression. Enfin, elle a rappelé l’appel à projets pour une mallette numérique, porté notamment par Ouest France, La Voix du Nord, le groupe Bayard. « Mon souhait est que ce projet puisse être déployé, dès 2016, dans 500 collèges-lycées et 500 lieux extérieurs (maisons des jeunes, foyers…) ». « Comme on apprend à avoir accès aux arts et à la culture, on doit apprendre à avoir accès aux médias et à l’information », a conclu Fleur Pellerin.
Extrait du discours de Madame Fleur Pellerin :
“Rares sont aujourd’hui les collégiens ou les lycéens à vivre leur vie sans Smartphone. Dans bien des existences, le téléphone intelligent, comme on dit au Québec, devient le cordon ombilical qui nous relie au monde.
C’est par lui que la plupart des jeunes accèdent à l’information et en sont aussi désormais des acteurs. C’est avec lui qu’ils découvrent des oeuvres, regardent des vidéos, les partagent, ou les recommandent à leurs pairs. C’est à travers lui qu’ils font l’expérience de la complexité du monde.
Ont-ils les moyens de s’y retrouver, dans cet espace saturé de signes et de sens ? Ont-ils la possibilité de faire le tri entre ce qui est fiable et ce qui ne l’est pas, entre ce qui est futile et ce qui est essentiel, entre ce qui est avéré et ce qui est fantasmé ?
Chacun doit pouvoir décrypter ce flot d’informations et d’émotions qui trop souvent nous submerge ; qui loin de nous éclairer peut nous aveugler, obscurcir notre jugement. Ces questions ne sont pas secondaires : la mutation numérique est porteuse avec elle d’une mutation anthropologique majeure, comme l’humanité en a peu connues par le passé.
Ces questions ne sont pas seulement philosophiques : elles sont aussi profondément politiques, car elles changent à la fois notre représentation du monde, la façon dont nous le comprenons, la façon dont nous l’habitons et la façon dont nous le transformons. C’est de l’avenir de nos enfants et des citoyens de demain dont il est ici question.
Voilà pourquoi l’éducation aux médias est indispensable.”
La convention prévoit plusieurs axes structurants de l’action des deux ministères :
– encourager et faciliter les partenariats, notamment l’intervention de différents journalistes et professionnels des médias et du numérique ;
– favoriser les projets des élèves, tant individuels que collectifs, soutenir et valoriser leurs pratiques autonomes d’expression, quel que soit le média utilisé, dans une démarche de parcours citoyen ;
– contribuer à la formation initiale et continue des enseignants en identifiant les compétences et les connaissances liées à l’éducation aux médias et à l’information (EMI), en lien constant avec l’université et la recherche ;
– soutenir les enseignants dans la mise en place de “projets médias” et leur permettre, en rencontrant des professionnels, de se former et d’acquérir la distance nécessaire à l’action éducative dans ce domaine. »
Photo : © Semaine de la presse et des médias à l’école 2015