Un livre animé (ou livre à système parfois désigné sous les anglicismes livre pop-up ou pop-hop) est un livre généralement destiné aux enfants, dont les pages contiennent des mécanismes développant en volume ou mettant en mouvement certains de leurs éléments.
Dès la fin du Moyen-âge, des manuscrits montrent des figures anatomiques avec des figures à languette que l’on peut soulever. On considère généralement que le premier « livre à système » est la cosmographie de Pierre Apian en 1524 avec ses disques mobiles montrant les mouvements célestes
Les premiers livres à système destinés à la jeunesse apparaissent en Angleterre en 1765 ; ce sont les « arlequinades » de Robert Sayer, dont les pages coupées en plusieurs parties peuvent être conjuguées différemment par le lecteur-manipulateur. A la fin du XVIIIè siècle se font jour les premiers livres magiques dont le contenu varie avec la façon dont on les ouvre, ainsi que les premiers peep-show ( décors en profondeur).
Mais c’est surtout au début du XIXe que les livres à figures mobiles connaissent un véritable essor ; les innovations se multiplient, et apparaissent les livres à volets ou à disques, à tirettes, en relief, musique….. Ces innovations du livre à système s’inscrivent dans un mouvement profond de l’évolution des techniques ; c’est l’époque de la lanterne magique, du praxinoscope, des panoramas et de la photographie stéréoscopique.
Jusqu’en 1914, le livre animé ne connait pas de mutations significatives ; dans l ’entre-guerres, les créateurs du livre d’enfant d’avant-garde (Tolmer, Père castor) abordent sans s’y engager vraiment le livre animé ; le premier Disney animé paraît en 1935 : c’est un vrai succès.
Après guerre, on remarque les créations du designer italien Bruno Munari, celles de Julian Wehr et les nombreux ouvrages du célèbre Vojtech Kubasta. Le livre animé va connaître un véritable essor dans les années 60 et 70 lorsque les américains se lencent dans ce secteur ; les livres deviennent inventifs et colorés et sont alors regroupés sous le terme de pop up. Les grandes histoires pour l’enfance réapparaissent (Le petit Poucet, Cendrillon….), les grands héros ne sont pas oubliés (Buck Rogers, Tintin), mais le pop up deviant un langage à part entière avec son champ spécifique.
En 1979 la Maison Hantée de Pienkowski paraît, c’est le pop up le plus vendu dans le monde à ce jour ; il combine tous les systèmes, y compris sonores. Les artistes contemporains explorent le livre à système dont Andy Wharol avec son Index Book qui réinterprête le pop up comme il l’avait fait avec la boîte de cambell’s soup.
De nos jours, le secteur du livre animé est très vivant avec 800 titres neufs aux Etats-Unis et des expositions qui lui sont consacrées dans le monde entier. Une association internationale de collectionneurs ainsi que de très sérieuses institutions constituent des collections permanentes.
En France, quelques éditeurs traduisent ou créent des livres animés, principalement pour la jeunesse, tel Le Seuil, Albin Michel Jeunesse, Natahan, Bayard…. La première exposition française consacrée aux livres animés a eu lieu au Marché Dauphine, Puces de Paris Saint-Ouen, durant l’hiver 2002-2003.
C’est au tour du MIJ, musée de l’illustration jeunesse, d’organiser une exposition regroupant les livres animés, mécaniques, tri-dimensionnés ou en relief. Cette exposition est une invitation à tourner les pages d’un monde aux multiples dimensions, plein d’audace, de couleurs et de poésie.
Avec un peu plus de 150 ouvrages prêtés par des bibliothèques publiques et des collectionneurs privés et livres d’artistes parfois uniques prêtés par les artistes eux-mêmes ou leur galeriste, les parents et enfants suivront grâce à un parcours ludique, l’évolution et les nombreuses techniques du livre animé.
Le musée de l’illustration jeunesse, patrimoine du Conseil général de l’Allier, a ouvert ses portes au public en 2005. Il est devenu en janvier 2012, le premier musée de l’illustration jeunesse. Il est installé dans un prestigieux hôtel particulier, l’Hôtel de Mora, situé dans le centre ville historique de la ville de Moulins, préfecture de l’Allier, en région Auvergne.
Cette affectation n’est pas sans lien avec l’histoire de ce bâtiment puisque les imprimeries Desrosiers, dont la célébrité a même dépassé les frontières de l’Hexagone, y ont déployé leur savoir faire de 1836 à 1858, en éditant des ouvrages régionaux somptueusement illustrés. Il s’agit du premier musée, en France, entièrement consacré à l’enrichissement et à la conservation d’un fonds d’œuvres graphiques réalisées pour la jeunesse, à son étude, sa promotion et à l’aide à la création.
Création du MIJ
Nicole Maymat, fondatrice des éditions Ipomée, à Moulins, et son « complice » imprimeur Dominique Beaufils, ont eu à cœur, après la cession du fond jeunesse de leur maison aux éditions Albin Michel, de voir préservées les œuvres ayant servi à l’illustration d’ouvrages et de valoriser tant l’art appliqué qu’est l’illustration que la profession, méconnue et longtemps mésestimée, d’illustrateur.
Après avoir proposé au Conseil général de l’Allier de consacrer un lieu à ces missions, ils ont participé activement, aux côtés d’autres spécialistes du domaine et notamment Michel Boucher, illustrateur lui-même et Marie-Thérèse Devèze, galeriste parisienne et éditrice (L’Art à la page), et avec le personnel scientifique de l’établissement, au premier Conseil artistique du Centre de l’illustration et à la constitution du premier noyau des collections.
Un lieu de vie et d’apprentissage
Un lieu qui retrace pour toutes les générations convaincues de la dimension patrimoniale de l’image dans le livre pour enfants, l’histoire de la place de cette image. Un lieu de conservation, à l’instar des musées étrangers dédiés à cet art (Japon, Etats-Unis), avec une identité visuelle forte mais aussi un lieu vivant, animé, avec des ateliers réguliers, des Master Class (les étudiants du master 1 Création éditoriale générale et jeunesse de l’Université Blaise Pascale de Clermont-Ferrand ont eu ainsi l’occasion déjà de rencontrer Jean Claverie, Yann Nascimbene), un lieu de lecture sur le graphisme et l’illustration contemporaine, un lieu d’échanges.
Favoriser la création graphique
N’oubliant pas qu’il doit se soucier constamment de répondre aux attentes toujours plus exigeantes des professionnels et du public, le musée de l’illustration jeunesse souhaite renforcer son action en faveur d’une plus grande proximité entre les artistes et le public en instituant dans le Département un lieu d’accueil qui leur soit réservé.
En créant cette résidence, les objectifs sont multiples et concernent à la fois le grand public et les professionnels du livre. Il s’agit de créer une dynamique autour du livre pour la jeunesse en favorisant, chaque année, les contacts entre un/une auteur/e, illustrateur/trice et le public et en favorisant également les conditions de création, dans notre département, d’un artiste.
Dans le même temps, la résidence a pour but de permettre au créateur invité, en partie soulagé de soucis financiers grâce à la mise à disposition par notre collectivité d’un lieu de résidence et grâce aux aides à la création qu’il aura perçues du CNL (Centre National du Livre) voire du CNC (Centre National du Cinéma et de l’Image animée), de consacrer la majeure partie de son temps à son travail personnel.
Cette résidence est ouverte à tous/toutes les illustrateurs/trices de livres pour la jeunesse de langue française, ayant déjà publié à compte d’éditeur, que leur travail se situe dans le domaine de l’illustration, qu’il relève du documentaire ou de la fiction.
Nicolas Bianco-Levrin et Julie Rembauville ont ainsi été accueillis en 2010 en résidence dans l’Allier. Ils ont pu intervenir auprès de groupes scolaires du 1er degré (maternelle et primaire), du secondaire et de l’enseignement supérieur.
- Exposition du 8 février au 31 août 2014
Musée de l’illustration jeunesse
- 26 rue Voltaire, BP 1669
- 03016 MOULINS CEDEX
- www.mij.allier.fr