Né en 1945 à Boulogne-Billancourt, l’œuvre de Patrick Modiano a été couronnée le 9 octobre 2014 par le prix Nobel de littérature pour ” l’art de la mémoire “ avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l’Occupation, comme l’a mentionné l’Académie suédoise, faisant de lui le 15ème homme de lettres français à recevoir cette suprême distinction. Auteur d’une trentaine de romans au public fidèle et nombreux, l’oeuvre de Patrick Modiano se fait intimiste, toute en nuance, simplicité et limpidité, marquée par cette éternelle dualité entre le fait de se souvenir et celui d’oublier, entre le fait de se taire et celui de révéler pour témoigner, laissant d’inaltérables traces.
Les écrits de Patrick Modiano prennent place dans le Paris de la Seconde Guerre mondiale. Ils s’attachent à dépeindre la vie d’individus ordinaires dont l’existence se trouve confrontée au tragique de l’histoire et, étant axés autour du thème de l’absence, peuvent être analysés comme une fiction personnelle par leur quête d’une jeunesse perdue. La jeunesse de Patrick Modiano fut en effet teintée d’une atmosphère bien particulière, au sein d’un couple désuni et absent, et auprès d’un frère dont il est très proche mais qu’il perdra d’une leucémie à l’âge de dix ans, marquant ainsi la fin de l’enfance.
Sa vie de lycéen dans des pensionnats à la discipline militaire feront de lui un fugueur récidiviste. Voulant devenir écrivain mais peu assidu aux cours d’hypokhâgne et de La Sorbonne, il fréquente les adeptes du Flore, mais son destin basculera vraiment le jour de sa rencontre avec Raymond Queneau, l’auteur de « Zazie dans le métro ». Celui -ci lui ouvre les portes du monde littéraire parisien, celui des soirées et des cocktails donnés par les éditions Gallimard. Patrick Modiano y publiera ainsi son premier roman en 1967, « La Place de l’Etoile » et ne se consacrera plus qu’à l’écriture.
L’album de chansons qu’il écrit conjointement avec un ami de collège, Hugues de Courson, est chanté par Françoise Hardy, « Etonnez-moi, Benoît… ! », et Régine, « L’Aspire à cœur », et on le retrouve sur les barricades de 1968….mais en tant que journaliste pour Vogue !
Obtenant en 1972 Le Grand Prix du roman de l’Académie française pour « Les boulevards de ceinture », il devient définitivement une personnalité de la littérature française du XXème siècle. La consécration se fera quelques années plus tard en 1978 avec son sixième roman « Rue des boutiques obscures » pour lequel il recevra le prix Goncourt.
Ecrivain brillant et admiré, Patrick Modiano est connu pour sa discrétion et son humilité ; amoureux des mots qui peuplent sa vie et son esprit, ses paroles demeurent des ellipses… « Heu… Oui… C’est-à-dire que… Mais… C’est un peu… Heu…J’écris pour matérialiser des rêveries… ».
Continuez à nous faire rêver Monsieur Modiano.
C’est un jour heureux pour la littérature française, une très grande émotion et une immense fierté pour la France et pour l’ensemble de nos concitoyens. Le Jury du prix Nobel a décidé de distinguer cette année un auteur français dont les romans, traduits en 36 langues, ont bouleversé et passionné des générations de lecteurs à travers le monde.
De La Place de l’Étoile à son dernier roman Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, son œuvre empreinte d’une douce mélancolie s’aventure avec une infinie poésie dans les replis de la mémoire et les méandres du souvenir. Écrivain d’un Paris occupé, des visages oubliés et des enfances retrouvées, il s’empare des destins individuels pour redonner vie à toute une époque.
Prix Goncourt plusieurs fois récompensé pour l’ensemble de son œuvre, il ne manquait que cette ultime consécration à Patrick Modiano qui représente aujourd’hui aux yeux du monde la vitalité et le rayonnement de la littérature française.
Je lui adresse mes plus chaleureuses félicitations.