Palace Paradis au Musée Départemental des Arts Asiatiques

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Palace Paradis

Palace Paradis : Qui n’a jamais rêvé de retrouver les plaisirs terrestres après la mort ?

À la suite d’un décès, les familles à Taiwan, achètent des substituts d’objets réels en papier, montés sur une structure de bambou, qu’ils envoient au disparu en les brûlant, accompagnés de monnaies funéraires – billets et pièces de papier en usage dans le monde des morts. De la maison miniature aux copies d’articles de luxe, ces créations hyperréalistes ne négligent aucun détail. Rien n’est laissé au hasard : programmes du lave-linge, smartphone équipé d’applications spéciales « paradis » et berline avec chauffeur. Ils sont brûlés pour assurer le confort des défunts dans l’au-delà.

Détruits par les flammes, les objets funéraires de papier n’ont pas laissé de traces matérielles mais des textes chinois les mentionnent dès le VIIIe siècle. Leur fonction rappelle celle des simulacres en terre cuite (mingqi) déposés de manière généralisée dans les tombes à partir de la dynastie des Han (206 avant notre ère à 220 de notre ère) pour recréer l’environnement familier du défunt.

Le monde des morts a toujours été à l’image du nôtre, il suit les modes et les nouvelles technologies. Dès le IIIe siècle avant notre ère, les objets de terre cuite enfouis dans les tombes (mingqi) reflétaient les cultures matérielles de leurs contemporains.

Aujourd’hui, les répliques d’articles de grande marque peuvent être de simples copies bon marché ou des reproductions hyperréalistes, presqu’aussi coûteuses que leurs modèles. Sacs à main, bijoux, et tenues de soirée… Les ateliers d’objets funéraires en papier offrent un large choix inspiré des marques les plus prestigieuses.

Les offrandes doivent aussi être à la pointe du progrès : casque sans fil, appareil photo reflex numérique et ordinateur portable. Certains ateliers proposent tablettes et smartphones de papier équipés d’applications virtuelles censées fonctionner dans le monde des morts.

La maison

Les ateliers de papiers taiwanais accordent un soin particulier à la réalisation de la maison, qui doit être l’offrande la plus spectaculaire. Celle-ci peut être de style moderne ou, plus classique, en forme de temple avec ses colonnes et agrémentée d’un décor de fleurs et dragons. À l’intérieur, une effigie en papier du défunt porte un titre de propriété immobilier, ainsi que l’inventaire des biens et de la somme d’argent envoyés par sa famille, ceci pour éviter que les offrandes ne soient dérobées par des fantômes affamés.

Les vivants offrent aux morts des biens, de l’argent et de la nourriture afin qu’ils deviennent des ancêtres protecteurs. Lors du rituel funéraire, le défunt peut être nourri par des répliques de mets en papier à brûler.

Les autels aux ancêtres disposés dans les maisons doivent aussi recevoir régulièrement de la nourriture. À l’inverse, les esprits des morts courent le risque de se changer en fantômes affamés s’ils souffrent de la faim et de la négligence de leurs descendants.

Les fantômes affamés

Ces entités dangereuses se manifestent souvent pendant les rêves et entraînent calamités et maladies. Chaque année, lors de la fête des fantômes affamés, de la nourriture et des objets de papier à brûler leur sont offerts pour les apaiser. Dai-Shi-Ye est une forme particulière de Guanyin, un être éveillé (bodhisattva) resté dans le monde par compassion. Avec ses cornes, ses crocs et les flammes qui sortent parfois de sa bouche, il effraie les fantômes affamés pour les maîtriser. Trop puissante pour être conservée, la sculpture de papier de Dai-Shi-Ye est brûlée à la fin de la fête des fantômes affamés. Elle accompagne ainsi les âmes errantes vers les enfers et les paradis.

Ces répliques de papiers s’inspirent des vanités de la société de consommation pour les faire partir en fumée. Le luxe exprime des valeurs profondes comme la famille et la mémoire des ancêtres.

Première exposition du musée du quai Branly – Jacques Chirac à Nice, il marque le début d’un partenariat entre le musée du quai Branly – Jacques Chirac et le musée départemental des arts asiatiques de Nice. Conçue en partenariat avec le Centre Culturel de Taiwan à Paris, l’exposition présente un ensemble de créations des ateliers Hsin Hsin et Skea réalisées exceptionnellement pour le musée du quai Branly – Jacques Chirac.

Maison Atelier Hsin Hsin – Taipei (Taiwan)
Papier, structure en bois, LED 140 x 85 x 65 cm (environ) – Oeuvre commandée à l’occasion de l’exposition © Kaohsiung Museum of Fine Arts

Palace Paradis
Exposition jusqu’au dimanche 29 mars 2020

Musée Départemental des Arts Asiatiques
405, Promenade des Anglais Arenas
06200 NICE

https://maa.departement06.fr/musee-des-arts-asiatiques-13422.html