Inauguration de la galerie Pact avec Manuel Scano Larrazàbal
Non, ne cherchez pas, « Pact » ça ne vous dit rien et c’est normal car c’est la toute dernière galerie d’art qui vient d’ouvrir à Paris, mais retenez bien ce nom car, du fait de sa philosophie et de sa politique artistique, vous n’avez pas fini d’entendre parler d’elle !
En fait « Pact », ce sont les initiales de ses deux fondateurs : Pierre-Arnaud et Charlotte Trivini.
Tous les deux ont fait leurs gammes chez Artcurial, Charlotte au département Inventaires, organisant en parallèle plusieurs expositions pour le compte d’entreprises et d’amis artistes, à Paris et New York, puis participant deux années consécutives à l’organisation de la FIAC, après une expérience en communication spécialisée dans le mécénat artistique. Pierre-Arnaud, quant à lui devient art advisor, pour des clients européens et asiatiques, rejoignant plus tard la Martos Gallery à New York, dont il dirigera le nouvel espace à Los Angeles.
Pierre-Arnaud et Charlotte ont créé la galerie pact pour diffuser le talent d’artistes émergents pas ou peu visibles en France, qu’ils soient ou non déjà reconnus à l’étranger. pact, c’est aussi leur manière de concevoir chaque exposition comme un pacte artistique, chacune faisant l’objet d’un dialogue enrichissant :
- Soit avec une oeuvre d’un autre artiste ayant inspiré la série exposée (issue du second marché ou prêtée par une galerie ou un collectionneur, cette oeuvre historique présentée au sein même de l’exposition pourra être une oeuvre d’art contemporain comme d’art moderne, brut, tribal etc.)
- Soit à travers l’intervention d’une personne extérieure à l’art contemporain, dont le travail ou la réflexion est en corrélation avec le thème de l’exposition (mathématicien, danseur, chirurgien, réalisateur etc.)
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Pour son inauguration, la galerie pact expose pour la première fois en France l’artiste italo-vénézuélien Manuel Scano Larrazàbal.
Après une jeunesse passée à Caracas, il quitte la ville en 1992 avec sa famille suite au coup d’état d’Hugo Chavez pour rejoindre son Italie natale où il est né en 1981. Diplômé de l’Accademia di Belle Arti de Brera en Italie, il fréquente différents ateliers d’artistes et résidences telles que la Fondazione Spinola Banna à Gênes, la Fondazione Antonio Ratti sur le Lac de Côme et la Fondazione per l’Arte à Rome.
Après plusieurs expositions personnelles et de groupe en Italie depuis 2011 et une récente exposition personnelle à la MaRs Gallery de Los Angeles, Manuel Scanò Larrazàbal investit la galerie pact à l’occasion de sa première exposition en France.
L’oeuvre de Manuel Scano Larrazàbal fait aujourd’hui partie des collections de la Deutsche Bank, Collezione Fondazione per l’Arte (Roma), Collezione Giorgio Fasol (Vérone), Collezione Concetto e Sofia Bosco (Catane), Collezione Luca Amato (Paris), Collezione Carlo Vespa (Milan), Collezione Alessio Sbordoni (Rome), Collezione Risaliti (Rome).
L’artiste exprimant ses passions, ses sentiments et ses idées à travers ses œuvres, sa création et son geste artistique suppléant ses paroles, l’exposition ne pouvait revêtir meilleur titre que « Pantomime ». Articulées autour de mobiles faits de bois et de fils de nylon au bout desquels semblent danser des crayons, les oeuvres créées par les machines de Manuel Scano Larrazàbal voguent au gré du mouvement des ventilateurs.
« L’exposition est articulée autour de l’idée même de mouvement, au sens propre et figuré. Le mobile est conçu comme un coeur qui irrigue et fait respirer l’ensemble. Corps en mouvement, cette machine est à la fois une oeuvre en soi et un procédé de fabrication : la plupart de mes oeuvres sont d’abord élaborées par la machine, qui chorégraphie le mouvement des feutres, crayons et autres outils suspendus. Puis je me les approprie au prix d’une bataille physique, à coups de cellulose jetée contre le papier, qui dilue l’encre apposée par la machine. Certaines oeuvres sont d’ailleurs uniquement le fruit de cette intense manipulation. » Commente l’artiste.
Les jeunes galeristes, au vu de l’influence de l’univers musical et de l’esthétique chorégraphiée des installations de l’artiste italien, ont décidé de conjuguer cette exposition avec le chorégraphe et performeur français Benjamin Bertrand.
La recherche artistique de cette artiste parisien né en 1989 se situe aux croisements de la danse, de la performance et de la poésie. Pour Benjamin Bertrand, le corps est un matériau poétiquement plein, physiquement engagé, esthétiquement chargé, politiquement alerte.
Ses travaux prennent la forme de paysages polyphoniques : image, mouvement et son, composent un dispositif immersif et pulsatile. Ses créations sont paysages : paysages sensitifs composés de points de tension et de liaison, d’images survivantes, de danses resserrées, de fantômes orientaux ; paysages nomades pour espaces muséaux, friches ou espaces théâtraux ; paysages rituels où la question de l’origine et de la pulsation sont centrales.
Il présente en 2015 son premier solo « Orages » solo autofictionnel sur sa naissance sous X au Centre Chorégraphique national de Roubaix et au Carreau du Temple, «O\vide» au Palais de Tokyo, installation vidéo et chorégraphique, « De l’orage » au Point Ephémère, trio mélancolique et « Centaures » en 2013 pour l’ouverture du prix Sciences-Po pour l’art contemporain.
Interprète pour Karine Saporta, Philippe Quesne, François Stemmer, il travaille principalement pour Olivier Dubois au Ballet du Nord comme interprète de « Tragédie » et participera à sa nouvelle création, « Auguri ». Il collabore par ailleurs avec l’artiste Jean-Luc Verna dans sa première pièce « Uccello, Uccellacci and the Birds », et avec la metteur en scène Marine Mane dans « À mon corps défendant ».
La dernière création de Benjamin Bertrand « Rafales » –duo dansé avec Léonor Zurflüh– aborde le thème du cycle amoureux et la recherche d’unisson de deux corps tourmentés au gré d’un vent doux et interrompu par la violence des tirs : les tirs envoyés en plein coeur de nos batailles amoureuses, mais aussi le flux rythmique que provoque l’écoute d’un son ou la lecture d’un texte poétique. « Rafales » s’écoute au son du « Phèdre » de Racine dit par Dominique Blanc, du « Paradis » dit par Philippe Sollers, et du prêche possédé de Tamara Bennett, évangéliste afro-américaine.
Avec pour seul décor un ventilateur et une fine bâche translucide, cette performance dansée trouve écho dans les mobiles de Manuel Scano Larrazàbal, à travers le choix commun de certains matériaux et la quête d’équilibre.
Benjamin Bertrand présente l’exposition en ces mots :
« L’arbre en s’élevant à la verticale
recherche en permanence l’équilibre
et conduit avec le nombre de ses branches
le poids de ses feuilles et leur distribution,
à la même analyse sur le vide
que celle du funambule avec ses bras tendus »
Giuseppe Penone, « Respirare l’ombra », 1997« Laisser libre cours.
Laisser libre cours à l’air.
Laisser libre cours aux vents.
Le travail de Manuel donne au bois le mouvement du corps et à l’air la matérialité de l’eau.
Ses mobiles délimitent un espace, donnent du sens à son étendue,
impriment des frontières par le tracé des lignes.
Constellation de corps-objets, orchestre balletique où l’aléatoire se mêle au contrôle.
Elles donnent peut être à voir notre commune soumission à la gravité.
Aussi le risque de la chute.
Encore à sentir, ce qui, entre les murs blancs de la galerie, relie nos corps entre eux.
C’est un de nos points de fuite communs : celui d’un espace à conquérir, de lignes d’air à construire, d’un élan et d’un horizon à esquisser.
Donner libre cours au flow et lui donner une voix. »
Benjamin Bertrand, À propos de «Pantomime», 2016
Les deux artistes se rencontrent, se confrontent puis se complètent, chacun créant au rythme de sons qui donnent une rythmique à leurs thématiques créatives et qui, en se faisant écho au sein de la galerie pact, font de cette exposition inaugurale un très beau départ pour une galerie qui n’a pas fini de faire parler d’elle.
A voir dans les prochains mois :
Michael Bevilacqua 3 juin – 31 juillet
Dorian Gaudin 10 septembre- 16octobre
Ethan Greenbaum 21 octobre – 4 décembre
Infos pratiques :
Galerie Pact
70 rue des Gravilliers – 75003 Paris