Oxfam 2019

Oxfam : “Quand les multinationales et les grandes fortunes ne payent pas leur juste part d’impôt, elles privent les États de ressources pour financer les services publics essentiels, comme la santé ou l’éducation. Les gouvernements doivent agir contre les inégalités avec des mesures de justice fiscale.

La fortune des milliardaires a augmenté de 12 % l’an dernier, soit de 2,5 milliards de dollars par jour, tandis que les 3,8 milliards de personnes qui composent la moitié la plus pauvre de l’humanité ont vu leur richesse diminuer de 11 %, comme le révèle un nouveau rapport d’Oxfam publié aujourd’hui.

La taille d’un compte en banque ne devrait pas déterminer le nombre d’années de scolarité ni l’espérance de vie de quiconque, or c’est bien ce qui se passe dans trop de pays à travers le monde. Alors que les grandes entreprises et les super-riches sont relativement peu imposés, des millions de filles se voient refuser une éducation correcte et des femmes meurent par manque de soins obstétriques.Winnie Byanyima, Directrice générale d’Oxfam International

Winnie Byanyima
Winnie Byanyima

Oxfam souligne que le nombre de milliardaires a doublé depuis la crise financière de 2008, constatant que “les riches bénéficient non seulement d’une fortune en pleine expansion, mais aussi des niveaux d’imposition les moins élevés depuis des décennies”.

Quand les multinationales et les grandes fortunes ne payent pas leur juste part d’impôt, elles privent les États de ressources pour financer les services publics essentiels, comme la santé ou l’éducation. Les gouvernements doivent agir contre les inégalités avec des mesures de justice fiscale.

Lire :
https://www.artsixmic.fr/attac-france-les-grandes-entreprises-francaises-un-impact-desastreux-pour-la-societe-et-la-planete/

Dans le même temps, les services publics souffrent d’un sous-financement chronique ou sont externalisés à des entreprises privées auxquelles n’ont pas accès les personnes les plus pauvres. Dans de nombreux pays, l’accès à l’éducation ou aux soins médicaux de qualité est devenu un luxe auquel seuls les riches peuvent prétendre. Tous les jours, 10 000 personnes meurent par manque d’accès à des soins médicaux abordables. Dans les pays en développement, un enfant issu d’une famille pauvre est deux fois plus susceptible de mourir avant l’âge de cinq ans qu’un enfant né dans une famille riche. Dans des pays comme le Kenya, la scolarité d’un enfant d’une famille riche sera deux fois plus longue que celle d’un enfant d’une famille pauvre.

La réduction des impôts sur la fortune profite principalement aux hommes qui possèdent 50 % de richesses en plus que les femmes dans le monde, et qui détiennent le contrôle de plus de 86 % des entreprises. Le rapport révèle que le nombre de milliardaires a presque doublé depuis la crise financière, avec un nouveau milliardaire tous les deux jours entre 2017 et 2018, alors que les taux d’imposition des individus fortunés et des grandes entreprises n’ont jamais été aussi bas depuis des décennies.

  • Demander aux 1% les plus riches de payer seulement 0,5 % d’impôt en plus sur leur fortune permettrait de récolter plus d’argent qu’il n’en faut pour assurer l’éducation des 262 millions d’enfants déscolarisés et de fournir les soins médicaux pouvant sauver la vie de 7 millions de personnes.
  • En 2015, pour chaque dollar de recettes fiscales perçues dans le monde, seulement quatre cents proviennent d’impôts sur la fortune, comme les impôts sur la succession ou sur le patrimoine. Dans beaucoup de pays riches, ces types d’impôts ont été réduits voire éliminés, alors que dans les pays en développement ils sont à peine appliqués.
  • Les taux d’imposition des individus fortunés et des grandes entreprises ont quant à eux été baissés de façon spectaculaire. Par exemple, le taux maximum de l’impôt sur le revenu des particuliers dans les pays riches est passé de 62 % en 1970 à seulement 38 % en 2013. Le taux moyen dans les pays pauvres est de seulement 28 %.
  • Dans certains pays, comme le Brésil, les 10 % les plus pauvres de la société s’acquittent aujourd’hui d’une imposition sur le revenu proportionnellement plus élevée que les 10 % les plus aisés.

Les magnas de l’économie mondiale seront à Davos demain matin. Une interview dans Libération de Winnie Byanyima parle de la distance qui se creuse entre nous et les hyper riches patrons d’Amazon, LVMH, Facebook et consorts.

La moitié de la population mondiale vit avec moins de 5 dollars et demi par jour explique Pauline Leclere, porte parole d’Oxfam France : “La France est le pays qui a connu la plus forte progression de millionnaires après les États-Unis l’an passé. Huit milliardaires dans l’hexagone possèdent à eux seuls autant que les 30% les plus pauvres.

Les calculs d’Oxfam sont basés sur les données les plus complètes et les plus actuelles disponibles. Les données concernant le partage des richesses détenues par la moitié la plus pauvre du monde proviennent de l’almanach de la richesse du Crédit Suisse, pour la période comprise entre juin 2017 et juin 2018. Les données sur la richesse des milliardaires sont basées sur des informations plus détaillées de la liste annuelle des milliardaires de Forbes, pour la période allant de mars 2017 à mars 2018.

Le site d’Oxfam : https://www.oxfamfrance.org/

Photos : Oxfam

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