Ousmane Sow à l’Académie des beaux-arts

    0
    3420

    Ousmane Sow
    Ousmane Sow, «Nouba debout» et «Couple de lutteurs corps à corps» aux Fonderies de Coubertin © Béatrice Soulé/Roger Viollet/ADAGP

    Le 11 décembre prochain, le sculpteur sénégalais Ousmane Sow sera installé officiellement au sein de l’Académie des beaux-arts par Jean Cardot au fauteuil de Andrew Wyeth (1917-2009). Ousmane Sow est le premier artiste Africain reçu à l’Académie des beaux-arts.

    Au cours de cette cérémonie sous la Coupole de l’Institut de France, Jean Cardot, membre de la section de Sculpture de l’Académie, prononcera le discours d’installation d’Ousmane Sow avant d’inviter ce dernier à faire, selon l’usage, l’éloge de son prédécesseur.

    À l’issue de la cérémonie, son épée lui sera remise par M. Abdou Diouf, Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie, ancien Président de la République du Sénégal.

    Le pommeau de l’épée, réalisé par Ousmane Sow, représente un Nouba effectuant un saut. L’artiste évoque ici son propre «saut dans l’inconnu» lors de la création de l’emblématique série des Nouba dont la reconnaissance lui fit abandonner, à l’âge de cinquante ans, son métier de kinésithérapeute. Son habit a été créé et lui sera offert par le couturier Azzedine Alaïa.

    Repères biographiques

    Né à Dakar en 1935, Ousmane Sow sculpte depuis sa plus petite enfance. En 1957, au décès de son père, il part pour Paris où il vit de petits métiers ; il y passe le concours d’infirmier puis entre à l‘école de kinésithérapie de Boris Dolto, personnage qui marquera fortement sa personnalité.

    Après l’indépendance de 1960, Ousmane Sow retourne dans son pays, devenu la République du Sénégal, dont le président est alors Léopold Sédar Senghor, et opte pour la nationalité sénégalaise.

    De retour en France en 1968, il travaille à Fontenay-sous-bois, Montreuil, Paris, dans des cabinets qui lui servent aussi de studios de cinéma où il réalise des courts-métrages mettant en scène de petites sculptures animées ; il transforme ses appartements successifs en ateliers de sculpture, détruisant ou abandonnant derrière lui les oeuvres qu’il crée. En 1980, il décide de rentrer définitivement au Sénégal et ouvre un cabinet médical privé. C’est là, dans son pays, que naissent ses premières grandes sculptures représentant les Nouba du Sud Soudan.

    Révélé en 1987 au Centre Culturel Français de Dakar, où il présente sa première série sur les lutteurs Nouba, l’artiste expose six ans plus tard, en 1993, à la Dokumenta de Kassel en Allemagne, puis, en 1995, au Palazzo Grassi, à l’occasion du centenaire de la Biennale de Venise, expositions qui signent sa consécration.

    S’attachant à représenter l’homme, il travaille par séries et s’intéresse aux ethnies d’Afrique (Nouba, Masaï, Zoulou et Peul), puis d’Amérique en représentant, en 1999, «La bataille de Little Big Horn», une série au souffle épique composée de onze chevaux et vingt quatre personnages.

    La même année, sur le Pont des Arts à Paris, une rétrospective de son oeuvre réunissant les séries africaines et «La bataille de Little Big Horn» attire plus de trois millions de visiteurs.
    L’oeuvre d’Ousmane Sow a été exposée par la suite dans plus d’une vingtaine de lieux, dont le Whitney Museum à New York.

    En 2001, il confie aux Fonderies de Coubertin la réalisation de ses premiers bronzes à partir de ses originaux. Plus de quarante grands et petits bronzes ont depuis vu le jour. Profondément enracinée dans la terre africaine et éminemment universelle, célébration magistrale du corps et méditation sur la vie humaine, son oeuvre est volontairement figurative. Ainsi en témoignent ses sculptures en bronze installées dans les villes d’Angers, Besançon ou Genève, représentant «L’Immigré», «L’homme et l’enfant», ou encore «Victor Hugo», réalisée à la demande de Médecins du Monde pour la journée du refus de la misère.

    Actualités

    Ousmane Sow travaille actuellement à la création de petites sculptures Nouba ainsi qu’à une série de sculptures intitulée «Merci», en hommage aux grandes figures qui ont marqué sa vie : dans le sillage de Victor Hugo, du Général de Gaulle, de Nelson Mandela et de son propre père Moctar Sow, sont en cours de réalisation à Dakar les sculptures de Martin Luther King, Mohamed Ali et Gandhi.

    Reprenant le thème développé dans «Toussaint Louverture et la vieille esclave», oeuvre acquise par la Smithsonian Institution et installée au National Museum of African Art de Washington, l’artiste travaille actuellement à une nouvelle effigie de Toussaint Louverture pour la Ville de La Rochelle.

    Quarante ans après Léopold Sédar Senghor, reçu le 2 juin 1983 à l’Académie française, c’est pour Ousmane Sow, «un véritable honneur que de représenter aujourd’hui le peuple noir au sein de l’Institut».