L’exposition NOIR CLAIR : un passage. Du noir vers la réparation, en passant par le doute. Un processus créatif : celui du dessin. Crayon noir.
Le noir, concentration de toutes les couleurs, le deuil mais aussi l’élégance, Goya et Chapman mais aussi l’ironie et la légèreté du dessin, nous jette dans la vie. Le noir de la souffrance nous fait ressentir une ambivalence continuelle entre le noir et la vie, entre la vie et le noir : la vie noire, parfois comme une Halte dans le désert. La maladie, la menace, la mort. Les autoportraits au crayon ou à la plume de Bob Flanagan, artiste SM, moments de souffrance et de jouissance conjugués ; les monstres moyenâgeux à l’assaut des noirs châteaux du Frioul de Tonino Cragnolini ; les « gueules cassées », gravures récentes de Mat Collishaw et ses dessins de tumeurs et de malformations ; l’univers chaotique de Lucien Murat. Et à l’extérieur de la galerie, en guise d’accueil, la guerre déclarée de Luc Mattenberger, cocktail Molotov inaugural. « J’ai peur, je veux être la peur » : ainsi dessine Eric Pougeau.
La vie est grise aussi. Elle est hésitation. La vie se cherche, toujours, une autre vie, un nouveau souffle, une manière de sortir du dedans de l’aiguille, de se trouver un cavalier (Joseph Brodsky). La vie noire rencontre le doute à chacun de ses carrefours. Loin de figer, le doute, interrogation essentielle, scientifique ou existentielle, libère de l’énergie, initie le mouvement, entrouvre nos yeux vers de possibles réalités inexplorées encore. La conscience naît de l’hésitation. Les dessins en forme de questionnements de Julien Serve, les mots de Robert Montgomery, le répertoire polymorphe de l’apport du soi au monde de Martin Lord, les errances et itinérances de la dualité de Charley Case, les créatures étranges de Jeanine Woollard, les enfants (ou adolescentes déjà ?) de Françoise Petrovitch, nous laissent flotter dans ce doute qui ne sait encore de quel côté pencher.
Une conscience qui nous amène au processus. Processus de deuil, processus créatif, processus de réparation, aussi. Un processus dont le modèle même est mathématique, et musical : le dessin répétitif, les traits qui n’en finissent pas, les cercles qui ne se ferment jamais sur eux-mêmes, l’écriture, la formule, la synthèse, les portées, les notes, les mots. Les FAX de Rudy Shepherd & Frank Olive arriveront chaque jour dans la galerie, processus quotidien nous rappelant le passage des jours ; les équations poétiques de Jean-Michel Pancin nous rapprochent de l’« être rêvé » ; les dessins de Mounir Fatmi, références à La Jambe noire de l’Ange, esquissent un processus de guérison par la greffe de l’Autre ; ceux d’Andrea Mastrovito, processus abstraits et formels à la fois, nous font entendre leur musique, haut et bas et encore, alors que Fabrice Langlade, accroché à ses stylos, compulsif, griffonne des avions qui font s’envoler nos angoisses.
NOIR CLAIR évoquera aussi les liens entre patients (vivant le noir) et thérapeutes (déclencheurs de processus) et n’hésitera pas à entrer dans les sphères les plus personnelles des protagonistes, celles du doute quant à leur propre position existentielle – d’où la présence aussi de souvenirs d’autrefois, repères troublants plus qu’éclairants d’un chemin de vie entre le noir et la couleur, de Toulouse- Lautrec à Cocteau. Les trois volets de NOIR CLAIR seront présentés en parallèle, suscitant l’oscillation du spectateur entre le noir, le doute et le processus et appelant au déséquilibre.
Ces trois volets seront développés au cours de trois conférences par trois experts de l’art sous toutes ses formes, dont Philippe Hurel, compositeur, passionné de processus virtuels, abstraits, musicaux, et Régis Durand, qui élira au sein de cette exposition de travaux sur papier quelques photographies de son choix et nous permettra d’inclure dans NOIR CLAIR non seulement la photographie mais aussi une réflexion profonde sur l’image, le gris, le noir – réflexion inspirée tout autant de Fin de partie de Beckett que de la vie elle-même, sans fin.
LIGHT BLACK
LIGHT BLACK: a passage. Black towards reparation, travelling via doubt. A creative process: that of drawing. Black pencil. Black, the concentration of all colours, mourning but also elegance, Goya and Chapman but also the irony and elegance of drawing, immerses us in life. The black of suffering makes us sense a constant ambivalence: between black and life, between life and black, life as blackness, like a stopover in the desert. Illness, danger, death.
The self-portraits in pencil or pen by Bob Flanagan, an SM artist, moments of suffering and pleasure conjoined; medieval monsters attacking the black castles of Friuli in works by Tonino Cragnolini; the broken faces in the recent prints by Mat Collishaw and his drawings of his malformations; the chaotic world of Lucien Murat. And, outside the gallery, by way of a welcome, a declaration of war by Luc Mattenberger, an inaugural Molotov cocktail. “I am afraid, I want to be fear” – so draws Eric Pougeau.
Life is also grey. It is hesitation. Life is always looking for another life, a fresh start, a way of getting out from inside the needle, of finding a horseman (Joseph Brodsky). Black life encounters doubt at every crossroads. Rather than paralyse, doubt, that essential questioning, whether scientific or existential, liberates energy, initiates movement, gives us a glimpse of possible realities we have yet to explore. Consciousness arises from hesitation. The drawings in the form of questions by Julien Serve, the words by Robert Montgomery, the polymorphous realities of the self in the world as seen by Martin Lord, the wandering and journeying of duality with Charley Case, the strange creatures of Jeanine Woolard, the children (or teenagers, already?) by Françoise Petrovitch, leave us adrift in this doubt which still does not know which way to lean.
Some awareness leads us to the process. The process of mourning. Creative process. A process of reparation, too. A process whose model is mathematical and musical as well: repetitive drawing, endless lines and strokes, circles that never close, writing, the synthesizing formula, staves, notes, words. The FAXes by Rudy Shepherd & Frank Olive will arrive in the gallery in a quotidian process reminding us of the passing of days.
The poetic equations of Jean-Michel Pancin bring us closer to the “one we dream of.” The drawings by Mounir Fatmi, references to The Angel’s Black Leg, suggest the possibility of a healing process through grafting while those by Andrea Mastrovito, processes at once abstract and formal, serenade us with their music, loud and low and again. Fabrice Langlade compulsively wields his ballpoints, scribbling and scrawling airplanes that carry away our anxieties.
LIGHT BLACK will also evoke the links between patients (living in blackness) and therapists (who trigger processes) and will unhesitatingly enter its protagonists’ more personal spheres, their existential self-doubt – hence the presence of tokens from time past, markers that trouble more than they guide, showing a life path taken between blackness and colour, from Toulouse-Lautrec to Cocteau. The three parts of LIGHT BLACK will be presented in parallel, causing viewers to oscillate between blackness, doubt and process, impelling imbalance. These three parts will be more extensively explored in talks given by three experts on art in all its forms, including the composer Philippe Hurel, for whom virtual, musical, abstract processes are a passion, and Régis Durand, who will elect, in this exhibition of works on paper, a few photographic images and a profound reflexion upon the grey and the black, inspired by Endgame by Beckett as well as by life itself, with no end.
Exposition collective/Artistes présentés – Group Show/ Exhibited artists
Charley Case, Mat Collishaw, Tonino Cragnolini, Mounir Fatmi, Bob Flanagan, Fabrice Langlade, Martin Lord, Luc Mattenberger, Andrea Mastrovito, Robert Montgomery, Lucien Murat, Jean-Michel Pancin, Françoise Petrovitch, Eric Pougeau, Julien Serve, Rudy Shepherd & Frank Olive et Jeanine Woollard.
- Commissaires de l’exposition : Victor de Bonnecaze et Barbara Polla.
- Exposition du 8 septembre au 10 novembre 2012
3 conférences ponctueront l’expositionVendredi 14 septembre à 19h
- NOIR, Jean-Philippe Rossignol
Jeudi 18 octobre dès 18h
- Light Black, lecture, Régis Durand
- Présentation du livre NOIR CLAIR
- Conférence-musique, Philippe Hurel – Le processus en composition
GVQ – Galerie Vanessa Quang
- 5 bis rue de Beauce (Angle 45 rue de Bretagne)
- 75003 Paris