Musicien français, la carrière de Nicolas Godin va de paire avec celle du groupe de musique Air dont il l’un des membres et avec lequel il a sorti pas moins de 7 albums. Est-ce l’envie de retrouver ses racines forgées de musique classique ou de passer à autre chose, il n’empêche qu’épris de changement, Nicolas Godin vient de sortir il y a quelques jours, le 18 septembre, son premier album solo, intitulé « Contrepoint », un titre qui lui va comme un gant puisque dès les premières notes, il est clair que ça n’a plus rien à voir avec Air.
Contrepoint, c’est une nouvelle page qui s’ouvre, une renaissance ; à l’origine de chaque morceau, une mélodie de Bach agrémentée de rock et de jazz pour un résultat original et très personnel.
« Le vrai challenge pour un artiste est d’avoir une raison d’être, parce qu’il y a déjà tellement de disques qui sortent. J’ai fait un certain style de musique avec Air, mais je voulais revenir au classique, grandir musicalement et me réinventer. Avec les synthétiseurs, les boîtes à rythmes et les vocoders, je sentais que j’étais au bout de ce que je pouvais faire. J’avais l’impression de tourner en rond. Pour me sortir de là, il me fallait revenir à la source de la musique, avant l’invention du matériel qui m’a permis à moi, adolescent autodidacte, de créer un univers musical » confie l’artiste qui pour cela a repris ses études de piano, et s’est laissé envoûté par Bach et le génie de Glenn Gould dont le célèbre travail sur “Les variations Goldberg” est une révélation.
« Ca a été une vraie délivrance pour moi » raconte-t-il. « La musique de Jean-Sébastien Bach m’a sauvé, ça a sauvé ma créativité et mon amour de la musique ».
Maître du contrepoint, technique de composition contrapuntique consistant à superposer plusieurs lignes mélodiques indépendantes de même force, enchevêtrées en un même morceau, Jean-Sébastien Bach a entrainé Nicolas Godin sur le chemin de nouvelles explorations musicales : « Ca m’a beaucoup rappelé la double hélice de l’ADN, Il y a une force dans la musique de Bach, un sentiment de puissance incroyable du fait de cet enchevêtrement absolument parfait ». Explique-t-il.
Malgré de nombreuses années de pratique, l’artiste doit admettre que la raideur de ses doigts lui impose des limites et l’empêche de jouer avec le touché requis. Il décide donc de faire avec ses outils habituels, sons, filtres, effets et équalisations, faisant table rase de tout ce qui, dans cette science musicale d’hier, ne peut être adapté aux instruments contemporains que sont les synthétiseurs et boîtes à rythme.
« Contrepoint » est donc l’aboutissement de tout ce travail de réflexion et de réinterprétation ; on y découvre des rappels de jazz avec « Club Nine » et son hommage au Take Five de Dave Brubeck, à la musique de films avec le féérique « Elfe Man », à la bossa nova avec « Clara » et sans oublier la présence de nombreux éclats pop. On y entend également des chanteurs, Thomas Mars de Phoenix et le Brésilien Marcelo Camelo.
Ancien étudiant en architecture issu d’une famille d’architectes, on comprend mieux le rapprochement opéré par Nicolas Godin : « il faut se rapprocher de l’architecture pour voir des choses aussi solidement construites et qui sont aussi légères d’apparence. De la même façon qu’en architecture ce ne sont pas les murs qui sont importants mais l’espace qui est entre les murs, pour moi l’espace entre deux sons est beaucoup plus important que les sons eux-mêmes. Je crée de la musique en 3D. Mon but à la fin c’est de pouvoir poser le morceau sur une table et qu’on puisse le regarder. » Un album captivant, une superbe pièce d’architecture musicale.
Album “Contrepoint” de Nicolas Godin (Because Music) sortie le 18 septembre 2015
En concert le 5 novembre à Paris, à la Gaîté Lyrique