Tous les exercices d’anticipation n’auront pas suffi à la ville de Nice qui, pourtant, s’était préparée à l’attaque d’un extrémiste. Mais peut-on vraiment anticiper un acte aussi malsain, aussi vicieux et lâche que ce genre d’attentat. La France est en guerre, la France est en état d’urgence, la France est la cible privilégiée des terroristes et la France est aussi la deuxième nation au monde qui vend des armes, ce dont on se félicitait encore hier dans tous les journaux télévisés.
Invité de France Inter ce matin, Gilles Keppel* déclarait notamment ” le logiciel de ce terrorisme n’a pas été compris par le pouvoir politique, mais aussi, des effets d’annonce complètement contradictoires, mais encore, je crois qu’ils sont en deçà ; ce débat est minable et notre classe politicienne est nulle, ils sont en dessous de tout, toujours et encore dans leurs chamailleries et leur conquête du pouvoir“. “Là, on n’a même plus un couteau, on a un camion, un véhicule utilitaire, qui est simplement lancé sur la foule” poursuit-il !
C’est vrai qu’il est exaspérant d’entendre toujours et encore les mêmes complaintes de tous les intervenants politiques qui, quoi qu’il arrive, veulent tirer parti de ces tragédies qui ne les touchent pas, eux, dans leurs propres chairs alors que la population, elle, n’est pas protégée car non protégeable. Quant à la plupart des journalistes, ils ne cherchent qu’à faire du sensationnel, du dramatique, même sur France Inter dans sa manière de poser ses questions et de les mettre en place. Sans parler de ces inutiles et ahurissants appels aux témoignages qui n’apportent rien sinon dégout et révolte.
Dans ce monde avide de produits de grande consommation, la mort et le malheur font la recette de trop de médias et de politiques, auxquels se rajoutent désormais les réseaux sociaux qui atteignent le summum dans les diffusions d’actes de terrorisme et de voyeurisme. Ce matin, je suis perturbé, affligé, désemparé une fois de plus par tous ces morts inutiles, ces familles déchirées et massacrées pour rien par un… par un quoi ?
Ce matin, je suis asphyxié par tous ces mauvais mots, ces mauvais commentaires, ces mauvaises décisions, ces mauvaises images, ces mauvais réseaux sociaux, ces mauvais politiques qui entretiennent en permanence dans notre pays mais dans beaucoup d’autres pays du monde par la médiocrité de leurs actes et de leurs décisions la haine que d’autres utilisent pour tuer sans raison des innocents.
Depuis ce matin arrive dans la boite de notre rédaction des flots d’alertes du style : “Attentat de Nice : “Comment se sont organisés les secours pour prendre en charge les victimes ?” “Ce que l’on sait de l’attentat de Nice, qui a fait au moins 84 morts et 18 blessés en “urgence absolue” etc.. et pourquoi pas aussi “est-ce que le camion était véritablement blanc ?” “Avait-il fait son contrôle technique ?” “Le tueur avait-il son permis de conduire ou tous ses points ?”…. L’information en continu fait le jeu des professionnels du terrorisme, elle valide de fait la réussite de leur folie.
Dans ce monde fait que de contradictions, nous adressons nos condoléances aux familles des victimes.
*Gilles Keppel est un spécialiste de l’islam et du monde arabe contemporain. Il est professeur des universités à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po) et membre de l’Institut universitaire de France.
Il y a des fois, des jours, où, il n’y pas de mots assez forts pour exprimer ce que l’n ressent !