Le projet est né du souhait d’exposer une collection d’amateur dont l’exercice est devenu presque ordinaire dans l’actualité artistique. Depuis Passions Privées, la première exposition d’envergure présentée au Musée d’art moderne en 1995, de nombreuses collections privées ont pris le chemin des expositions publiques et mis à jour ce qui relève d’une écriture intime. En invitant l’artiste Mathieu Mercier à faire un choix dans sa collection personnelle, le centre d’art de l’Onde souhaite montrer qu’une pratique artistique n’est pas figée dans un rôle de création mais qu’elle se positionne au centre d’une activité plus générale de recherche à laquelle la collection peut être associée.
Mathieu Mercier achète et échange des œuvres depuis qu’il a commencé à produire à la fin des années 1980. Sa collection réunit des tableaux de peinture figurative et minimale, des œuvres d’art conceptuel, des pièces de design, des photographies, des dessins, des livres et des objets divers comme des curiosités naturelles… Cet ensemble croise des problématiques récurrentes liées à l’usage, la fonction et la représentation attribués aux objets mais aussi des esthétiques variées qui témoignent d’autres affinités plus expressives avec des œuvres de Manuel Ocampo, Marlène Mocquet, Peter Saul. Attaché à l’objet et sa nature reproductible, l’artiste attribue autant d’importance aux œuvres éditées en série qu’il associe sans distinction à des pièces uniques.
L’exposition Monochromes & Readymades est le résultat d’un choix identifié comme une récurrence dans sa collection. Elle réunit deux références aux limites de l’art : d’un côté, la peinture réduite à une seule couleur ; de l’autre, l’objet manufacturé désigné comme œuvre.
Monochromes & Readymades est aussi un atelier qu’il active régulièrement avec des étudiants. Cet exercice spatial consiste à assembler des surfaces colorées et des objets récoltés dans le but de concevoir une exposition. Additionner, soustraire ou déplacer des formes, composer un ensemble en relation aux contraintes d’un site : chaque pièce devient l’élément d’un vocabulaire visuel qui s’écrit par le jeu de l’accrochage. De la même façon, au centre d’art, Mathieu Mercier invite à diverses associations d’idées par la composition d’œuvres autonomes.
Dans la Rue traversante, deux pièces introduisent le sujet de l’exposition : un ensemble de sérigraphies conçu par Olivier Mosset en collaboration avec des étudiants, dont Mathieu Mercier faisait partie il y a vingt ans, propose des variations autour d’un rectangle et d’un fond colorés. Face à cet accrochage, plusieurs dizaines d’objets produits en série et dont la fonction ne correspond pas à l’image qu’ils renvoient, constituent un travail en cours de l’artiste. Cet ensemble affirme simultanément la matérialité des objets et leur nature de représentation. Il convoque l’exercice de notre regard et notre attention au réel. Avant tout artiste, Mathieu Mercier élabore au travers de ses productions et de ses compositions formelles, une écriture visuelle qui interroge les systèmes de valeurs, de représentations et les limites de l’art. Dans ses projets, il change de rôle avec une grande liberté. Son intérêt pour la mise en espace l’amène à concevoir des expositions, des accrochages et initier des commissariats. Sa connaissance et son goût pour l’histoire de l’art, les avant-gardes et le design le conduisent régulièrement à conseiller et acquérir des œuvres. Il a été à l’origine, il y a dix ans, d’une galerie fondée sur le concept d’expositions d’éditions et réfléchit, dans un contexte différent, à de nouveaux moyens de monstration et de diffusion des œuvres. Une anecdote manifeste de cette constante façon de rejouer les codes, est la réponse adressée à un collectionneur de l’Adiaf * curieux de connaître de quelle façon il allait utiliser la récompense du prix Marcel Duchamp obtenu en 2003 : « Je souhaite dépenser l’argent comme vous le faites : collectionner. ».
Les artistes :
Carl André, John Armleder, Babou, Robert Barry, Monica Bonvicini, François Curlet, Jason Dodge, Noël Dolla, Marcel Duchamp, Sam Durant, Elmgreen & Dragset, Marc Etienne, Hans-Peter Feldmann, Robert Filliou, Fischli et Weiss, Sylvie Fleury, Nicolas Floc’h, Morgane Fourey, Michel François, Gérard Gasiorowski, Liam Gillick, Adrien Guillet, David Hammons, David Hardy, Mike Kelley, Ange Leccia, Gilles Mahé, Matthew McCaslin, Mathieu Mercier, Olivier Mosset, Giulio Paolini, Pierre Paulin, Pascal Pinaud, Présence Panchounette, Man Ray, Claude Rutault, Tom Sachs, Mathias Schweizer, Sismo, Daniel Spoerri, Haim Steinbach, Aldéric Trével, Jean-Luc Vilmouth.
- Exposition du 18 janvier au 22 mars 2014
- Lieu : galerie et Rue traversante de l’Onde
Regards croisés, le mercredi 19 mars à 19h30
Collectionner : une nécessité de l’art -Rencontre avec des collectionneurs autour de l’exposition de Mathieu Mercier
Collectionner pour défendre les artistes, pour construire une pensée, pour connecter son regard au monde… Les motivations sont diverses, et si elles n’échappent pas à des estimations lucides, elles se cristallisent toujours autour d’une nécessité de vivre à travers l’art, une aventure intellectuelle et sensible. À l’occasion de Monochromes & Readymades, le centre d’art de l’Onde propose d’aborder la question de la collection par différents points de vue : celui de l’artiste considérant la collection comme ferment d’un projet artistique et celui du collectionneur, personne civile, dont le projet essentiel est de vivre sa vie par l’art. L’intention de cette rencontre sera de montrer la richesse des situations et des contextes qui nourrissent un projet de collection.
Publication
Dans le prolongement de l’exposition, des portraits de collectionneurs donnent lieu à une édition dans laquelle Aurélien Mole, artiste et curator, a réalisé une série de photographies d’après les accrochages de leur collection. Elle sera remise aux visiteurs.
Commissaire de l’exposition : Sophie Auger
MICRO ONDE CENTRE D’ART DE L’ONDE
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