Miss Tic : “FlashBack” d’images inédites…!

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FlashBack MissTic
FlashBack MissTic

Artiste plasticienne et poète d’art urbain, Miss Tic est apparue dans notre paysage pictural il y a trente ans. Bombe et pochoir en main, elle a fait des murs ses supports. Autodidacte, aventurière et poète, ses dons artistiques explosent au grand jour par le biais de ses autoportraits porteurs de jeux de mots et d’épigrammes qui relatent son parcours. Réfutant tout intellectualisme, elle choisit de prendre le nom de la sorcière railleuse Miss Tick  du Journal de Mickey.

Ménilmontant, Montmartre, le Marais, Montorgueil, la Butte-aux-Cailles assistent en 1985 à la naissance de Miss Tic. Pionnière dans l’utilisation des murs comme support d’expression, les parisiens l’adoptent bien vite, suivant les aventures de sa vie, ses espoirs, ses échecs sentimentaux, ses travers et ses fantasmes.

Singulière, originale, unique, le milieu de l’art ne l’adopte pas d’emblée pour autant, tout comme les premiers graffitistes dont l’art est considéré comme mineur, éphémère voire dégradant pour les murs…

Miss Tic a un style bien à elle ; se la jouant séductrice, elle en conjugue tous les artifices : la robe fourreau, le décolleté, les porte-jarretelles, les bas, les lanières, le fouet, les gants montants qu’agrémentent ses épigrammes poétiques. Ses pochoirs interpellent les passants, les poussent à réfléchir :

« Les images de femmes que je représente sont issues des magazines féminins, je les détourne. Je développe une certaine image de la femme non pour la promouvoir mais pour la questionner. Je fais une sorte d’inventaire des positions féminines. Quelles postures choisissons-nous dans l’existence ? » commente-t-elle.

Miss Tic

Il y a un peu plus de vingt ans, un incendie ravageait son atelier, détruisant les matrices des années 1980. Il en aurait fallu plus pour empêcher l’artiste de poursuivre inlassablement son œuvre, déclinant son talent avec sa charte noire et rouge, ses silhouettes et ses mots.

Les années 1990 sont celles des premières expositions régulières, une vingtaine, personnelles ou collectives, dans de petites galeries parisiennes ; des expositions que l’artiste illustrera de performances déclamatives soit de ses propres textes, soit de mémoires de prostituées ou de poésies de Jacques Prévert

En 1998, Miss Tic publie un premier livre : « Je ne fais que passer ».

Mais, à l’aube du XXIème siècle, marchands et musées demeurent toujours sceptiques et tags et bombages sont de plus en plus perçus par les autorités comme l’une des expressions de l’insécurité, ce qui lui vaut une arrestation et un procès pour détérioration d’un bien par inscription, qui aboutit en janvier 2000, devant la cour d’appel de Paris  à une amende de 4 500 €.

L’affiche de la Fête de l’Humanité qu’elle signe en 1999 puis son exposition en 2002 à la fondation Paul Ricard, « Muses et Hommes » assoient sa notoriété et font prendre un tournant à sa carrière.

Miss Tic, d’artiste éphémère, est devenue une authentique artiste plastique, maîtresse de son trait et de son style. Une « femme mur » dont la maturité et la persévérance sont confirmées dans un nouveau livre en 2003, préfacé par Régine Deforges.

J'ai du vague à l'homme Miss Tic

A partir du milieu des années 2000, la presse lui consacre de longs articles, reconnaissant une artiste au langage unique et qui a su évoluer avec le temps. Son fan-club est créé et soutient sa campagne « Miss Tic Présidente » où la politique est abordée par anti-slogans. Quand on lui demande quelles sont ses influences, l’artiste répond :

« Les dadaïstes, les surréalistes, les situationnistes, les lettristes, les nouveaux réalistes, les droguistes, le rock’n’roll, le Rimbaud, le subversif toutes catégories, les enfants du Paradis, les femmes qui courent avec les loups, les romantiques qui prennent la rosée pour du rosé d’Anjou, l’utopiste debout, les mamans et les putains, les piétons de Paris, les Claudettes, les gens de Dublin, les Miss Argentina et surtout les animaux.»

Depuis, sa trajectoire est celle d’une étoile. Les marques, attirées par son image de Parisienne ensorceleuse, la sollicitent : loueur automobile, maroquinier, couturier, papetier… Les galeries de renom l’exposent, les foires d’art contemporain l’invitent, à Venise ou à Miami, en 2007 elle entre dans la collection du Victoria and Albert Museum de Londres, et le cinéaste Claude Chabrol lui demande de réaliser l’affiche de son film La Fille coupée en deux. Les commandes publiques surviennent et son travail artistique exposé en galerie reflète une technique, une maîtrise du trait et un talent jusque là jamais atteint.

Plusieurs livres rassemblant ses phrases et dessins seront ensuite publiés, une rétrospective de son œuvre est organisée à Singapour en 2010, et une grande exposition a lieu à Paris sur le thème de l’amour, entre passion et illusion. La Poste émet lors de la Journée des femmes des timbres reproduisant ses œuvres, et l’Institut français de Berlin expose pendant dix semaines, sous le titre « Bomb it », une quarantaine de ses œuvres produites ces dix dernières années…

L'art et la vie Miss Tic

Trente ans plus tard, Miss Tic a choisi d’opérer un flashback et de revenir sur les moments phares de sa carrière avec de nouvelles œuvres et un ouvrage qui parait chez Critères éditions. Comme elle l’explique, elle a choisi un flashback plutôt qu’une rétrospective :

« Revenir sur mon parcours m’invite, plus qu’à l’énumération ou au recensement de ce que j’ai fait, au questionnement : comment est-on artiste ? socialement ? financièrement ? quand on est femme ? quand on réussit ? quand on échoue ? quand on provoque ? quand on écrit ? Création et vie sont intimement mêlées et s’il fallait identifier un événement fondateur, je le ferais remonter à un cadeau de ma mère quand j’avais huit ans. Le livre Paroles de Jacques Prévert. Il s’agissait de l’édition dont la couverture était illustrée d’une photographie d’un graffiti de Brassaï. Les mots de Prévert m’ont ouvert à la poésie. Des mots de tous les jours. J’aime que la poésie investisse le quotidien ou que le quotidien soit investi de poésie… Prévert avait aussi, pour l’enfant que j’étais, la saveur de la révolte, de l’irrévérence. Deux attitudes qui me vont bien. »

La Galerie Lélia Mordoch l’accueille pour une quatrième exposition à l’occasion de laquelle la plasticienne revisite son répertoire en effectuant de nouvelles associations entre ses aphorismes parmi les plus emblématiques, et ses fameuses figures féminines, dont certaines inconnues du public.

Ses femmes font l’objet d’une nouvelle collection automne/hiver aux couleurs revisitées, et, tout en poésie, s’affichent sur la toile de lin naturelle ainsi que sur la tôle rouillée. Certaines œuvres emblématiques des années 80 et 90 seront également présentées. Toutes reflètent cette sensualité et cette liberté d’expression qui fait leur marque de fabrique, pour ne citer que “J’enfile l’art mur pour bombarder des mots cœurs” de 1985 aux plus récents “Tu ne pers rien pour m’attendre” ou “Le temps est un serial qui leurre”.

« Je joue avec l’image de la femme, proie et prédatrice, objet du désir et non sa chose. J’ai la nostalgie des femmes fatales. Je mets en scène, à dessein, des femmes aux antipodes avec les starlettes d’aujourd’hui aux beautés rassurantes, qui nous parlent de leur grossesse, d’œuvres de charité et ne cessent de répéter qu’elles sont comme tout le monde. La femme fatale, c’est le jeu de la séduction, la passion de jouer et d’être jouée, l’art de l’illusion et des apparences. Cela provoque des réactions très variées. Je suis souvent cataloguée comme féministe. Dès que l’on est une femme qui s’exprime et qui pense,on est féministe. Je le suis comme une évidence. Mais je ne suis pas une militante. Certaines féministes me reprochent ces représentations très sexuées de la femme. Cependant, j’assume la charge érotique de mon travail » explique-t-elle.

Il fait un temps de chienne Miss Tic

Miss Tic, trente ans plus tard, c’est toujours autant de poésie et d’humour parfois acide, c’est un talent sans cesse grandissant qui a fait d’elle une artiste incontournable et emblématique de la scène street art.

Le livre « Flashback, 30 ans de création » sortira mi octobre. Un livre anniversaire qui dévoilera des images inédites, des confidences et coups de gueule, des souvenirs, des amis, tout ce qui a fait de Miss Tic une artiste aussi originale qu’unique.

Miss Tic, on t’aime tant !

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