Le musée Fries Museum présente la plus grande exposition jamais mise sur pied sur Mata Hari, cent ans après le décès de cette mystérieuse femme et courtisane.
Mata Hari fut jugée sans preuve formelle, condamnée à mort, elle fut fusillée en octobre 1917. Tout le monde l’avait lâché, même son amant, le capitaine russe Vadim Maslov. Mata Hari était pourtant quelques temps auparavant, adulée du Tout-Paris. Mata Hari est née aux Pays-Bas en 1876 sous le nom de Margaretha Zelle. Mariée à 18 ans avec un officier violent, ils partent en en Indonésie où celui-ci commande une garnison. Devenue Lady Mac Leod, soi-disant veuve mais en réalité divorcée de son capitaine, elle revient en Europe en 1903 où elle entame une carrière d’écuyère, puis de danseuse. En 1905, l’industriel lyonnais Émile Guimet (1836-1918) tombé sous le charme de Lady Mac Leod, invite cette dernière à se produire dans le musée des études orientales, musée qu’il a fondé à Paris, en 1889. Il lui sugère alors de prendre un nom d’artiste et lui propose celui de Mata Hari, « œil du jour », c’est-à-dire « soleil » en hindi. Sans tabous, précuseur dans le domaine du charme, de l’érostisme, et de la nudité en public, cette nouvelle profession l’amène de 1905 et 1910 à faire ses spectacles un peu partout en Europe, dont l’Olympia de Paris, à Berlin, à La Haye, à Madrid, à Vienne.
Le 15 octobre 1917, face au peloton d’exécution, Mata Hari refuse un bandeau et lance un baiser aux soldats. Mata Hari qui fut agent double, sans probablement avoir jamais réellement espionné, est désormais ce jour là, entrée dans l’histoire.
Cent ans jour pour jour après sa mort, le Fries Museum de Leeuwarden raconte pour la première fois toute l’histoire de la vie de Margaretha Geertruida Zelle, plus connue sous le nom mystique de Mata Hari. L’exposition retrace les moments-clés de la vie de Margaretha. Un cahier de poésies, un bulletin scolaire ainsi que des poésies écrites de sa main racontent le bonheur de sa jeunesse à Leeuwarden. Des objets récemment acquis, lettres et photos, jettent une nouvelle lumière sur son rôle, méconnu jusqu’à présent, en tant que femme et mère aux Indes néerlandaises. Un album photo de naissance illustre comment elle suivait le développement de son fils Norman et de sa fille Non. Après la perte de leur fils, le couple se retrouva au milieu d’un divorce conflictuel. Le centre historique et littéraire de la Frise, Tresoar, a récemment acquis des lettres témoignant de cette période et prête cette correspondance. Ces objets montrent comment son ex-époux refusa de payer une pension alimentaire et comment il interdisait à son ex-femme tout contact avec sa fille. Margaretha écrit ses doutes : rester près de sa fille, ou aller à Paris pour se construire une carrière.
Le Musée Guimet a prêté au Fries Museum à l’occasion de cette exposition, une statue de Shiva ainsi que 14 marionnettes Wayang. Ces objets formaient le décor lors de ses premiers spectacles dans la bibliothèque du riche industriel Émile Guimet. Les albums de Mata Hari datent également de cette période. Elle y notait minutieusement les photos, affiches, critiques et autres articles publiées à son propos. Cette collection personnelle fait partie des pièces-maîtresses de l’exposition. En 1916, peu avant son arrestation, Mata Hari fut immortalisée par le peintre Isaac Israëls. Ce portrait grandeur nature appartenant au musée Kröller-Müller a récemment été entièrement rénové. L’exposition Mata Hari : mère et mythe nous montre le tableau pour la première fois depuis cette restauration.
Après sa mort, Mata Hari devint un véritable mythe. Elle est icône de style, sex-symbole et femme fatale à la fois. Sa vie constitua le sujet d’un grand nombre de livres et suscita un véritable engouement international. Des vedettes de cinéma telles Greta Garbo, Sylvia Kristel, Jeanne Moreau et Marlène Dietrich jouèrent le rôle de Mata Hari.
En ce mois d’octobre est donné le coup d’envoi de l’événement Leeuwarden-Friesland 2018, Capitale européenne de la culture, dans la capitale de la province néerlandaise. A cette occasion, le musée Fries Museum présente la plus grande exposition jamais mise sur pied sur Mata Hari. Au travers d’une multitude de biens personnels, photos, cahiers, lettres et dossiers militaires, venez rencontrer Margaretha Zelle, la petite fille qui se cache derrière l’icône de l’espionnage. Voyagez avec elle, de sa ville natale de Leeuwarden jusqu’aux Indes orientales où le sort la poursuivra. Vivez la gloire de ses années folles dans les théâtres français, faisant naître les soupçons d’espionnage, et dénouez la toile d’intrigues dans laquelle elle se retrouve empêtrée pendant la Première guerre mondiale. Du 14 octobre 2017 au 2 avril 2018 inclus, au Fries Museum.
En savoir plus sur Mata Hari :
https://rha.revues.org/1993
https://www.histoire-image.org/etudes/exotisme-erotisme-belle-epoque-mata-hari-musee-guimet
Photo : DR
Mata Hari: femme fatale frisonne
Exposition jusqu’au 2 avril 2018
Fries Museum
Wilhelminaplein 92, 8911 BS Leeuwarden
Pays- Bas
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