Jacques Pfister, Président de Marseille-Provence 2013 et Jean-François Chougnet, Directeur général se prêtent au jeu de l’interview croisée, pour dessiner les contours de la Capitale et en pointer les enjeux.
Une capitale européenne de la culture, concrètement, c’est quoi ?
Jacques Pfister : C’est un label mais c’est surtout une chance unique. Le programme d’une capitale européenne de la culture répond à une double exigence : celle d’un projet d’une haute qualité artistique et culturelle, ambitieux, qui sait rester ouvert à tous les publics. Mais cette appellation effective pendant toute une année va bien au-delà du simple festival culturel. Ce n’est pas une récompense décernée à un territoire disposant déjà d’une aura culturelle internationale, la ville choisie pour « capitale » l’est pour le projet qu’elle propose.
Qui en est à l’origine ?
Jean-François Chougnet : Son invention revient à deux grandes figures politiques : Melina Mercouri et Jack Lang. Ils ont imaginé ce concept ensemble, en 1985, afin de célébrer le rôle central des villes dans l’Europe culturelle et de créer un lien entre les peuples. La toute première fut Athènes. Depuis l’élargissement à l’Est, il ne s’agit plus d’une mais de deux « capitales européennes » qui sont désignées chaque année, après une compétition nationale. Ainsi, en 2013, Marseille Provence le sera en même temps que la ville slovaque de Košice.
Quel est le territoire concerné ?
J.P. La majeure partie du département des Bouches-du-Rhône avec notamment Arles, Aix-en-Provence et Marseille. En tout, soixante-treize communes fondatrices et quelques territoires associés ! Au total, plus de 1,7 million d’habitants. C’est un véritable laboratoire de l’aire métropolitaine.
Qui finance ?
J.F.C. Outre un apport de l’Union européenne, les treize collectivités fondatrices financent les deux tiers, et l’État et le mécénat le dernier tiers. En tout un budget sur cinq ans de quatre-vingt dix millions d’euros. Exemple unique de coopération, les collectivités territoriales suivantes sont réunies dans l’association présidée par Jacques Pfister : La Ville de Marseille, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Département des Bouches-du-Rhône, la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole, la Ville d’Aix-en-Provence, la Communauté d’agglomération du Pays d’Aix, la Ville d’Istres, la Communauté d’agglomération du Pays de Martigues, la Ville de Salon-de-Provence, la Communauté d’agglomération Arles Crau Camargue Montagnette, la Ville d’Arles, la Communauté d’agglomération du Pays d’Aubagne et de l’Étoile et la Ville de Gardanne et bien sûr la CCI Marseille Provence. Ont rejoint le projet des territoires associés : les villes de Miramas et de Port-Saint-Louis-du-Rhône et les communautés de communes Rhône Alpilles Durance et de la Vallée des Baux. L’énumération est longue, bien sûr, mais elle est à la mesure du défi.
Quelle est la place des entreprises dans une capitale européenne de la culture ?
J.P. Je crois que la place des entreprises doit être très large. Bien entendu, comme moteur économique, en élément important du financement institutionnel, plus de 15 millions d’euros, mais elles vont plus loin que cela. Avec les Ateliers de l’EuroMéditerranée, des dizaines d’entreprises organisent des résidences d’artistes et de créateurs. Enfin, en troisième lieu, dans l’accompagnement de ce projet, en terme d’accueil, d’infrastructures, d’hôtellerie…
N’y a-t-il pas le risque que cette implication des entreprises ne transforme Marseille-Provence 2013 en un vaste espace publicitaire ?
J.P. Ce n’est pas et cela ne sera pas une foire publicitaire. Les entreprises le savent bien. Les grands mécènes qui nous ont rejoints, le groupe La Poste, la Société marseillaise de crédit, Orange, Eurocopter et EDF sont de véritables partenaires, apportant leur image, leurs idées et la mobilisation de leurs salariés. Il en va de même pour les nombreux partenaires de nos événements.
Quelles sont les attentes en termes de retombées économiques ?
J.P. Il y a le court terme et le moyen et long terme. À court terme, des effets induits sur l’activité touristique et de services, comme cela a été observé à Liverpool en 2008. À moyen et long terme, une image de marque forte que notre territoire mérite.
Entre septembre 2008 et aujourd’hui, quel est le chemin parcouru ?
J.P. Le 16 septembre 2008, c’est la désignation de Marseille Provence par le jury européen, mais l’aventure commence un an et demi plus tôt, avec l’extraordinaire mobilisation de la candidature et le dossier préparé par Bernard Latarjet, directeur de la candidature qui reste à nos côtés pour suivre le projet. Elle trouve sa légitimité dans la délibération proposée par Jean-Claude Gaudin au conseil municipal de Marseille le 29 mars 2004. En relisant le dossier de candidature, je suis frappé par la constance de l’engagement de toutes les parties prenantes. Je suis frappé aussi par la continuité de la programmation axée par Bernard Latarjet autour de la rencontre de l’Europe et de la Méditerranée, ce que nous retrouvons aujourd’hui sous le mot d’ordre du « partage des midis ».
Pour conclure, êtes-vous dans les temps ?
J.P. Contrairement à ce qui se dit parfois, oui, mille fois oui ! Nous sommes à l’heure… Comme on sait, Marseille-Provence 2013 est un formidable défi d’aménagement culturel du territoire, avec à Marseille la création d’un nouveau quadrilatère culturel sur la façade portuaire, des projets emblématiques comme la réorganisation des musées et de la Friche la Belle de Mai, sans oublier le Silo et Klap ouverts dès 2011, mais aussi à Aix-en-Provence avec l’ouverture au public du site du Camp des Milles et le nouveau Conservatoire. Les collectivités de La Ciotat, d’Arles, de Gardanne, d’Istres, de Martigues, de Salon-de-Provence et d’autres encore ne sont pas en reste. Il y a les aléas de chantier, bien sûr, mais globalement, ils sont très bien engagés et les événements se préparent activement.
DU 1er JANVIER AU 31 DÉCEMBRE 2013 Marseille Capitale européenne de la culture
Une capitale européenne de la culture située au bord de la Méditerranée, dans un territoire urbain si vaste et singulier, ne peut qu’être hantée par une géographie sillonnée de voyages, de rencontres, de grandes expéditions.
Marseille, née de la Méditerranée, est tout à la fois marine et terrienne. D’Aix-en-Provence à Marseille, d’Arles à La Ciotat, se déploie une immense aire urbaine réunissant une centaine de communes. Trois grands aspects en définissent la singularité : les sociabilités interculturelles, la relation ville-nature et les cultures urbaines. Marseille-Provence 2013 a puisé l’esprit de sa programmation dans cette vitalité culturelle et sociale unique.
Un fil rouge traverse toute la programmation, qui se construit à la manière d’un récit composé de trois épisodes. Le thème du récit, c’est la Méditerranée, le dialogue des deux rives, « le partage des midis ». On le retrouve dans les « Ateliers de l’EuroMéditerranée », dans les grandes expositions qui scandent l’année, dans le programme des festivals,
dans les commandes artistiques, dans les projets littéraires, musicaux, cinématographiques, théâtraux et, enfin, dans les ateliers de participation citoyenne.
Trois épisodes composent le récit.
L’épisode 1, « Marseille Provence accueille le monde », met en lumière la tradition de l’hospitalité, le cosmopolitisme, le rapport à l’autre. Fondement des cérémonies, fêtes et événements de l’ouverture, il témoigne de la richesse et du foisonnement des nouvelles formes artistiques dans les villes, des nouveaux « territoires de l’art ». Comme, par exemple, le projet This is (not) music.
L’épisode 2 « Marseille Provence à ciel ouvert », privilégie, au cours de l’été, les relations à la nature, les parcours, les spectacles et les concerts sous les étoiles, dans des sites inédits.
L’épisode 3 « Marseille Provence aux mille visages », met l’accent sur l’art et le vivre ensemble dans l’espace public, les nouvelles écritures contemporaines, les œuvres composées pour l’enfance et la jeunesse, et enfin sur quelques figures emblématiques de l’histoire de l’art et de la pensée méditerranéenne.
À cette construction par épisodes s’ajoute une traversée du territoire par plusieurs projets mobiles ou projets circulants qui inscrivent l’idée de parcours et de mobilité au centre des programmations de l’année. Ce sera le GR 2013 ou le Pompidou mobile, les Écrans voyageurs ou Phèdre, le projet Ulysse ou les Grandes Carrioles. Ces projets circulants permettront à des publics très éclatés de partager des moments placés sous le signe de la rencontre.
Chaque épisode s’ouvrira par un zoom sur une discipline artistique ou un temps fort, assemblant plusieurs événements majeurs comme l’inauguration de nouveaux édifices culturels, l’ouverture d’expositions.
- L’ensemble des informations tarifaires et les modalités de réservation seront accessibles à partir d’octobre 2012 sur www.mp2013.fr.