« Avec cette voix-là, je vais t’emmener à l’Eurovision. » Quelques mois plus tard, Marie Myriam est assise dans un avion qui s’envole pour Londres.
Paris, hiver 1963. Pour la première fois, Myriam Lopes, petite Portugaise née en Afrique six ans plus tôt, voit la neige. Elle vit avec sa petite sœur et ses parents dans un hôtel vétuste du XXe arrondissement, qu’ils décident de transformer en restaurant, nommé le Ribatejo. Chaque soir, des chanteurs de fado viendront y faire le spectacle. Myriam, elle, rêve déjà de gloire quand elle chante avec ses copines les tubes à la mode tous les jeudis après-midi. Jusqu’au jour où un client l’entend : « Avec cette voix-là, je vais t’emmener à l’Eurovision. » Quelques mois plus tard, elle est assise à ses côtés dans un avion qui s’envole pour Londres. Nous sommes le 7 mai 1977, et elle représente la France au Grand Prix Eurovision. Le lendemain, elle aura 20 ans. L’inconnu du restaurant lui a présenté un auteur ; tous les deux lui ont écrit L’oiseau et l’enfant et ensemble ils lui ont trouvé un nom de scène : elle s’appellera Marie Myriam. Dernière Française à avoir remporté l’Eurovision il y a quarante ans, Marie Myriam a vendu quatre millions de disques avec la chanson qui l’a rendue célèbre. Retour sur son parcours, de la petite chambre de son enfance aux sunlights des plateaux de télévision.
Extrait :
Assise devant mon orgue, je m’applique à chanter. L’exercice est semé d’embûches. Il y a la chanson, difficile, et puis surtout il y a Brel. Cet interprète inimitable, cette incroyable bête de scène qui, comme personne, sait retourner le public d’un mot, d’un geste, d’un cri. La barre est haute pour l’apprentie chanteuse que je suis. Mais peu importe. Je suis seule dans cette petite salle à peine éclairée, au sous-sol du Ribatejo, le restaurant portugais de mes parents, et personne n’est là pour me juger. J’ai fini de participer au service de midi et je peux me consacrer à ma passion. Un jour, peut-être, j’aurai un vrai public. Pour l’instant, j’ai dix-huit ans, je suis à la cave, et je dois travailler.