Marie-Flore a envoûté l’International

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    Marie Flore

    Partout, on nous parle d’un temps que les plus de vingt ans ne croyaient pas connaître ; on nous parle du temps de la mondialisation. Un phénomène considéré comme le pire de tous les maux qui accablent nos sociétés. La mondialisation de l’économie implique que la France importe des biens manufacturés à des prix dérisoires à de nombreux pays ateliers, que Renault préfère délocaliser ses usines en Roumanie pour construire sa Logan et qu’ainsi, l’industrie française meurt à petit feu. Bien sûr, tous ces ouvriers sont rétribués gracieusement, possèdent tous une mutuelle et personne ne se fait de bénéfice sur le dos de quiconque. Et c’est à cet instant précis que débarque notre ministre vêtu de sa marinière pour acquiescer.

    On nous parle du temps de l’internationalisation des échanges qui augmente les émissions de gaz à effet de serre, contribue donc au réchauffement climatique et qu’il ne faudra pas venir se plaindre s’il y a de plus en plus d’inondations et de tsunamis car on y participe en achetant des fraises du Maroc pour notre prochain dîner romantico-commercial du 14 février. Et c’est à cet instant précis que débarque notre ministre vêtu de son jean pour acquiescer.

    On nous parle du temps de la mondialisation des échanges culturels comme n’étant pas si inoffensive que cela car les blockbusters US envahissent nos salles de cinéma et mettent en danger la culture française ; vous savez ceux mettant en scène un héros (un seul!), bodybuildé et au teint hâlé, qui parvient in extremis à sauver le monde d’une catastrophe nucléaire causée par une armée sanguinaire de zombies extra-terrestres (au moins ça…)

    Maintenant que j’ai bien plombé l’ambiance, j’aimerais ajouter quelque chose avant que vous n’éteigniez l’ordinateur et partiez déprimer au fond de votre lit Ikea. Certes, la mondialisation c’est tout cela mais pas seulement.

    La mondialisation, c’est aussi assister à un concert à l’International (tiens tiens, un bar qui porte bien son nom…), dans le XI ème arrondissement de Paris ; le concert d’une jeune française de 23 ans, Marie-Flore, qui chante dans un anglais parfait (comme quoi les français ne sont pas si mauvais en langues étrangères, n’en déplaisent aux statistiques), pendant que le public sirote des bières belges et des cocktails tout droit venus de l’hémisphère sud. Et là, je n’ai aucun scrupule à aimer ce que l’on appelle désormais le « village planétaire ».

    Et ce soir-là, le centre du monde, c’était bien cette petite brunette qui régnait sur son bout de scène ainsi que sur son public de courtisans qui ne cessait pourtant de graviter autour d’elle. Elle a tout simplement envoûté sa cour et ce, grâce à une arme redoutable : sa voix. Elle n’a aucunement besoin de s’époumoner pour que son charme vocal ne s’exerce ; bien au contraire, elle séduit les sens par une douce mélodie enchanteresse. Disons-le clairement, nous nous laissons envoûter, transporter, envahir avec notre consentement le plus total, nous nous soumettons consciemment aux rythmes pop-folk qu’elle entonne.

    Je prends tout de même quelques précautions car mes dires pourraient prêter à confusion s’ils sont lus en diagonale : certes, elle nous hypnotise délicatement le temps de quelques chansons mais Marie-Flore est bien une chanteuse. N’allez pas vous imaginer qu’il s’agit d’une magnétiseuse, d’une gourou (elle n’a pas réclamé un centime, l’entrée était libre donc le public n’a même pas eu besoin de casser son billet de vingt), voir même d’une musicothérapeute (encore que… sa musique a eu des bienfaits inattendus sur le couple à côté de moi qui a été totalement transcendé sur le dernier titre et unique en français, « Je t’aime tant », et dont l’amour a eu un besoin pressant de s’exprimer dans de folles embrassades).

    Toutefois chers lecteurs, toutefois… ne vous laissez pas entièrement abuser par le charme de la demoiselle. Restez en alerte afin de ne pas vous laissez berner par son apparente jeunesse car sa présence sur scène témoigne au contraire d’une certaine maturité. D’ailleurs, cette jeune artiste indépendante n’en est pas à ses débuts car en 2009, elle a sorti un mini-album, puis elle a assuré la première partie des dates françaises de Peter Doherty.

    Elle parvient même à tromper nos sens et notamment lorsqu’elle chante « By the dozen » car sa voix m’a semblé familière et je n’avais pourtant visionné son clip qu’une seule et unique fois, je le jure! J’avais l’impression que Marie-Flore avait déjà laissé son empreinte musicale dans ma mémoire auditive et affective. Et pourtant, sa musique n’est pas celle de tout le monde, elle ne ressemble pas exactement à celles de nos nouvelles petites chanteuses de la scène française ; on y décèle un grain de nouveauté qui la rend unique et cela nous plaît.

    À trois, vous vous réveillerez, vous n’aurez pas oublié ce dont je viens de vous parler ;

    je vous le garantis, Marie-Flore sera encore dans un coin de votre esprit…

    Un… deux.. trois. Aurore RICHARD pour artsixmic

    Ecouter “By the Dozen”

    Marie Flore – By The Dozen