L’ile Rodrigues, la dernière terre africaine avant l’Australie

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    Iles Rodriques
    Photos Renaud Van der Meeren

    Posée dans l’Océan Indien à 650km au nord est de l’Ile Maurice, Rodrigues longitude 63,25 E latitude 19,43 S d’une superficie de 108 km, représente la dernière terre africaine avant l’Australie. Avec ses 18 km de long et 8 km de large, elle est la plus petite formation volcanique de l’archipel des Mascareignes formée suite à des coulées basaltiques datant de 1.3 à 1.5 millions d’années.

    L’île est montagneuse avec des vallées plongeant de part et d’autre vers le lagon procurant une grisante sensation d’apesanteur en allant à la rencontre des 80km du littoral à travers les escarpements où des champs cultivés en terrasse. Le relief constitue une des particularités de l’île, envoûtante mais accessible, assurant au téméraire une impression de couronnement de l’effort bien mérité en se prélassant dans une de ses nombreuses criques désertes tout en appréciant le vol plané des paille en queue qui nichent dans les falaises proches. Délicatement bercée dans un lagon de 300 km2, l’île bénéficie d’un climat tropical avec des variations entre 28º et 35º C pendant l’été austral qui correspond d’ailleurs à la période cyclonique (novembre à avril) et de 18º à 27º C pendant l’hiver. Les vents généraux du sud est, portent au visage un crachin revigorant pendant la saison hivernale. Durant la saison des pluies les rivières asséchées retrouvent un air de jeunesse abritant des torrents insoupçonnés qui dévalent vers la mer se transformant même quelquefois en chutes d’eau aussi spectaculaires qu’éphémères. Le lagon abrite une vingtaine d’îlots coralliens notamment au sud et au nord ouest portant des noms évocateurs tels, Gombrani l’Hermitage, l’île aux Chats ou encore les plus renommées pour la multitude d’oiseaux qui y nichent : l’île au Cocos et l’île au Sable.

    FAUNE ET FLORE
    L’île Rodrigues a connu au fil des siècles d’occupation humaine et d’exploitation agricole, une déforestation considérable. Toutefois depuis quelques années une véritable prise de conscience a émergé sur la valeur du patrimoine endémique et indigène de l’île. De gros efforts humains et une allocation tant judicieuse qu’ambitieuse de ressources financières sont dorénavant consentis pour accentuer un travail de conservation et de reforestation titanesque dont les premiers résultats sont prometteurs. L’île dispose d’une pépinière d’essences indigènes qui répond aux normes internationales et référencée auprès d’organisations prestigieuses telle que : Kew Gardens en Angleterre. Le travail remarquable d’ONG animées par des passionnés de la conservation et de la restauration de l’habitat originels de l’île se dévouent corps et âme pour revaloriser le patrimoine arboricole et de la faune locale – Des essences telles le bois de fer, le bois d’olive, bois carotte, bois chauve souris, bois d’ébène, bois puant, autrefois menacées d’extinction font aujourd’hui l’objet de tous les soins à l’instar du fameux café marron que l’on croyait destiné à une extinction certaine et dont les efforts de conservations ont permis de sauver avec aujourd’hui plusieurs spécimens jalousement préservés grâce à un sauvetage in extremis. Au niveau de la faune ou le tableau demeure préoccupant, tout le monde a en mémoire le massacre organisé au 18ème des tortues de terre dont quelques coques et squelettes ont été récemment mises à jour tout comme pour le Solitaire – oiseau emblématique de l’ile.

    Certains résultats sont encourageants : Ainsi la chauve souris dorée ( golden bat ) est aujourd’hui hors de danger dans un milieu naturel entre autres à Cascade Pigeon même si certaines précautions demeurent d’actualité. Des programmes sont actuellement en cours pour sauver le Cardinal Jaune, un des rares spécimens de la faune endémique et indigène existant.

    POPULATION : Une convivialité authentique
    Longtemps isolée du reste du monde, la population de Rodrigues a développé une forme de résilience aux conditions de vies souvent difficiles amplifiées par l’éloignement. Le sourire authentique illumine le visage des gens d’ici le plus naturellement du monde. C’est ainsi que des valeurs telles la solidarité et le partage se sont développées. Ici tout le monde connaît tout le monde ou presque… Ce véritable art de vivre a su conserver une certaine primauté au sein de la société rodriguaise malgré que l’île et sa population soient entrées de plein pied dans la modernité avec l’apparition des moyens de communication modernes. Ici à l’heure de l’Internet, il n’est pas rare de voir un troupeau de moutons avoir priorité sur les véhicules. On prend le temps de vivre et l’on sait donner du temps au temps…

    Une âme métisse….
    Au gré des migrations de population, Rodrigues présente aujourd’hui un visage aux facettes multiples unique… Des premiers arrivants européens remontant à l’épopée coloniale française, il existe encore certaines traces qui se sont gravées au fil des génerations. Le métissage ou l’on remarque une prédominance africaine et malgache est expliquée par un peuplement à l’abolition de l’esclavage par l’administrateur colonial britannique en 1835. Aujourd’hui 38 000 habitants vivant au pays. Le Rodriguais du 21eme siècle se retrouve à l’aise dans la définition contemporaine d’être Créole.

    RELIGION
    D’une population majoritairement Catholique, la grande fierté des Rodriguais est entre autres d’avoir accueilli le Pape Jean Paul 2 en 1989 et plus récemment d’avoir élevé au Vicariat Apostolique statut qui leur procure un Evêque à part entière depuis 2002.

    La messe dominicale de la Cathédrale Saint Gabriel, donne une idée de l’attachement de la population à l’expression de sa foi. D ‘autres communautés religieuses complètent le tableau notamment l’Eglise Anglicane essentiellement regroupée autour de Port Mathurin, l’Eglise Adventiste du Septième Jour, l’Assemblée de Dieu, entre autres. L’île compte aussi une petite communauté de chinois qui sont intégrés au sein des églises chrétiennes ; de musulmans et d’hindous.

    GASTRONOMIE : Les papilles en émoi
    La combinaison de deux facteurs mènent le bal des saveurs qui font de la cuisine rodriguaise une des plus goûtées du monde créole et de la région océan indien : La fraîcheur naturelle des différents produits et bien entendu le savoir-faire transmis de génération en génération de recettes issues des alcôves familiales sous forme de variations sur un thème : celui des effluves et des saveurs qui donnent le tournis aux papilles. Salade de cono cono (coque) aux vertus dit-on aphrodisiaques, avis aux amateurs ; soupe de mais traditionnel ; crabe à la vapeur et aux épices du jardin ; curry d’ourite (poulpe) sur fond de maïs moulu maison et d’haricots rouges de la plantation ; émincé de boeuf en sauce ; porc au miel, jambon bouilli pays aux herbes ; cabri sauteur aux saveurs locales ; poulet pays au gingembre et curcuma ; assortiments de condiments : limons aigre doux, piment mangue, piment papaye, piment ourite (poulpe) et le tout agrémenté de desserts papaye givrée, tourte au coco et au miel ; gâteaux patate (douce), gâteau manioc et pudding de maïs traditionnel. La valse des saveurs bat son plein le temps d’un repas ou les produits du terroir s’entrelacent pour le ravissement des papilles en émoi tel un feu d’artifice de délices à apprécier sans modération.

    ARTS PLASTIQUES: Vivifiante ébullition ….
    Des panneaux multicolores accrochés ici et là et annonçant la présence d’un atelier de peinture et témoignant de l’émergence d’une expression artistique spécifiquement rodriguaise. Il existe même une galerie à Port Mathurin où les expositions d’artistes locaux attirent des amateurs. Sont également organisées des expositions de sculpture et de photographie longtemps restées dans l’anonymat imposé par l’insularité, les artistes locaux sont pour la plupart autodidactes.

    CULTURE
    Musique : Rencontre des mondes….
    A Rodrigues, la culture est une ode à la rencontre. Elle se décline au quotidien au gré des influences retraçant l’aventure humaine de l’île. La musique dite traditionnelle résulte d’une juxtaposition d’expressions musicales aux sonorités africaines et européennes s’appuyant sur deux piliers : Le séga tambour à l’influence afro malgache: espace de régulation sociale où l’on «composait» les travers du voisin, de la voisine, du concurrent en amour ou en affaires aux accents aigus du « maréchal» repris en choeur dans le roulement des tambours, mailloches et « bom » (Bobre). D’autre part l’accordéon qui reprenait les airs européens mazurka ( mazok karé ou krawzé) Scottish (kotis) Valse (laval) avec des mots de chansons oubliées, recomposées même quand la transmission orale avait quelque part failli…

    Un beau jour le séga et l’accordéon se sont unis pour le plus grand plaisir des danseurs, et des musiciens. Des groupes de jeunes musiciens proposent également toute la panoplie des musiques plus marquées par les tendances contemporaines – hip hop, ragga, reggae, RnB etc. ou de temps en temps l’accordéon fait une incursion, histoire de marquer le coup d’une tradition en phase avec les courants tendances… Des bals traditionnels ou l’accordéon règne en maître ponctuent également les dimanches après midi reprenant quelques fois la tradition du « ranne zaricot » ou celui ou celle qui trouve la fève dans le morceau de gâteau ou qui se fait enguirlander par la couronne de circonstance se doit de rendre la politesse lors du prochain bal.

    HEBERGEMENT
    L’île Rodrigues offre à ses visiteurs un choix varié d’hébergement, des hôtels 4-étoiles aux studios tout équipés, en passant par des auberges, pensions de famille, maisons d’hôte, cottages et appartements. Ils ont tous en commun cet accueil chaleureux « à la rodriguaise », qui rendra mémorable votre séjour dans l’île.

    Rodrigues Pratique : S’y rendre ?

    Par Bateau
    Deux navires mixtes Cargo Passagers – le Mauritius Pride et le Mauritius Trochetia desservent l’île par voie maritime sur une base quasi hebdomadaire. Le trajet dure entre 36 et 48 heures selon l’état de la mer.

    Par Avion
    Air Mauritius assure une liaison quotidienne entre Rodrigues et Maurice – Le nombre des fréquences pouvant atteindre 2 à 5 vols par jour selon les périodes. Le trajet dure au maximum 90 minutes.

    L’accès à Rodrigues nécessite un passeport en cours de validité et un billet aller retour. Le séjour initial maximum accordé est de trois mois.

    Rodrigues Tourism Office

    Rue de la solidarite, Port Mathurin, Rodrigues Island, Indian Ocean
    Tel: +230-8320866 / 867 Fax: +230-8320174,
    E-mail: ot-rodrigues@intnet.mu / info.rodrigues@intnet.mu
    www.tourism-rodrigues.mu

    iles Rodrigues
    Photos James Caratini