La politique m’a tué : David Lefèvre, maire d’une commune rurale de 4800 habitants, dit son désenchantement de la politique. Pour ce jeune maire le système des partis est une impasse qui engendre notamment le vote FN.
Élu plus jeune Maire de France en 2008 puis plus jeune Conseiller Général de son département, David Lefèvre nous raconte de quelle manière il s’est retrouvé à la tête de sa commune sans réellement le vouloir. Difficultés quotidiennes, crochepieds, trahisons, vous découvrirez les coulisses de la vie politique locale et vous suivrez l’auteur dans l’apprentissage de son nouveau métier, des débuts enthousiastes et pleins d’espoir, jusqu’aujourd’hui où la politique l’a tué…
Dans la seconde partie de l’ouvrage, l’auteur nous livre son sentiment sur le monde dans lequel nous vivons, sur les aberrations d’un système qui prône le «toujours plus» et sur des politiques trop souvent déconnectées de la réalité. Il nous donne enfin sa vision du monde de demain dans lequel nous devrons tous prendre en considération le « tryptique des problématiques primaires» afin de relever les défis qui se dressent devant nous.
Profondément attaché à son indépendance politique et à sa liberté de parole, David Lefevre nous livre ici un premier ouvrage à l’image de son parcours, sans concessions…
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Au bout de trois réunions, nous sommes une petite vingtaine, un nombre inespéré, mais encore trop faible pour être en mesure de déposer une liste auprès des services de l’État. Nous sommes en décembre 2007, à quelques mois du scrutin et à quelques semaines de la date du dépôt des candidatures. Nous enchaînons les réunions, plus au moins constructives, mais je sens que la mayonnaise prend entre les participants. L’adversité est en effet un formidable moyen de tisser du lien et de renforcer la cohésion.
Les réunions s’organisent dorénavant à l’étage du magasin de ma tante. La salle du sous-sol de la mairie, jugée peu fiable et mal insonorisée, a été délaissée. Certains de mes collègues, suspicieux, s’imaginent que nos propos qui n’ont pourtant rien d’exceptionnel pourraient être entendus et livrés à nos adversaires…
J’ai parfois l’impression de me retrouver au cœur d’un thriller où la tension se mêle à l’excitation.
Cette émulation ne parvient toutefois pas à dissimuler un problème majeur : personne ne se sent de taille à devenir tête de liste. Il faut dire que notre expérience politique est nulle et l’exposition qu’implique ce rôle effraie quelque peu.
Afin de pallier ces difficultés, nous décidons de publier nos intentions. Jusqu’à présent, rien n’est officialisé auprès de la presse et même si l’écho de la constitution d’une liste opposante à l’équipe sortante se fait de plus en plus fort, les médias ne nous ont jamais sollicités et nous non plus.
C’est ainsi que nous recevons quelques jours plus tard deux journalistes de la presse locale au sein de notre quartier général. Le rendez-vous est fixé en fin d’après-midi et seuls quelques-uns de mes colistiers sont présents, une bonne partie d’entre eux se trouvant au travail.
L’accueil est un peu froid. Aucun membre de l’équipe n’est rompu à la communication avec les médias et nous ne connaissons aucun des deux journalistes présents.
L’entretien tourne essentiellement autour des motivations qui nous poussent à nous présenter face à l’équipe municipale sortante. Chacun avance ses arguments plus ou moins légitimes dans une assourdissante cacophonie. Bien que je m’efforce de faire la synthèse des propos tenus, je sens pertinemment que nos auditeurs sont dubitatifs devant tant d’amateurisme.
C’est alors que l’une des deux journalistes nous pose la question qui allait conditionner le reste de mon aventure.
– Pensez-vous sérieusement avoir une chance de l’emporter ?
Sans le savoir, elle vient de piquer mon esprit de compétiteur suffisamment fort pour que je prenne la mesure du chemin restant à parcourir jusqu’au soir des élections sans être tourné en ridicule.
Je réponds d’un air grave et investi :
– La véritable question n’est pas de savoir si nous pensons avoir de sérieuses chances de gagner ou pas. L’enjeu est de prouver qu’une autre voie est possible, qu’une autre façon de faire est envisageable et qu’une nouvelle dynamique peut s’installer durablement.
Sans m’en rendre compte, je venais de tirer les lignes directrices de notre campagne et de ma future vie politique.
Au soir de notre première interview, je suis intimement persuadé que le combat est perdu d’avance. Je prends progressivement conscience des enjeux qui se trament derrière une élection municipale, mais je suis aussi de plus en plus convaincu qu’une nouvelle approche de la gestion de la commune est nécessaire, voire indispensable.