Pour commémorer le 60e anniversaire de l’Indépendance et le 5e anniversaire de la Révolution, la Fondation Rambourg, l’Institut National du Patrimoine et le ministère des Affaires Culturelles de Tunisie organisent l’exposition L’éveil d’une nation, L’art à l’aube de la Tunisie moderne (1837-1881).
L’exposition L’Eveil d’une nation, L’art à l’aube d’une Tunisie moderne (1837-1881) est une exposition pensée pour commémorer le soixantième anniversaire de l’Indépendance et le cinquième anniversaire de la Révolution. L’Eveil d’une Nation est un événement unique qui présentera le contexte et le processus de construction de l’Etat moderne tunisien durant une période peu connue de son histoire : celle des grandes Réformes.
Initiée et symbolisée par le règne d’Ahmad Bey (1837-1855), cette époque s’acheva après un cycle de désintégration du système politique tunisien à l’Instauration du Protectorat en 1881. Elle demeure un moment décisif de grandes avancées politiques, intellectuelles et sociales pour le royaume tunisien sous l’autorité de la monarchie Husseinite qui s’est déroulé dans un contexte de reconfiguration du bassin méditerranéen. Durant cette période complexe d’expansion des empires européens face au déclin du pouvoir ottoman, la Tunisie a mis en place une politique de modernisation de l’État à travers une série de réformes qui ont permis au pays de s’autonomiser et de se doter de structures pérennes.
Le défi de cette exposition a ainsi été double du point de vue curatorial : identifier dans des collections éparpillées dans différents fonds publics et privés depuis plus de soixante ans des objets témoins d’une culture tunisienne située entre tradition orientale et modernité européenne symbolisée par une culture matérielle inédite. Ces œuvres devaient témoigner des transformations traversées par le pays, entraînant une sélection d’œuvres qui se devaient à forte connotation politique.
Sur le plan artistique, les œuvres sélectionnées attestent de l’importante évolution du goût dans les domaines de l’architecture, du mobilier, du costume et des beaux-arts, sous une influence étrangère toujours plus importante et l’attrait qu’elle exerça sur une classe dirigeante cosmopolite. La peinture a ainsi fait son entrée dans les complexes palatiaux beylicaux et des principaux dignitaires, créant un cadre de cour éclectique, inspiré des cours européennes. Les peintures d’histoire et les portraits qui seront exposés renferment un discours historique méconnu qu’il était important de mettre en lumière pour leurs qualités artistiques et pour leurs enjeux identitaires dans un contexte post-révolutionnaire. Nous avons décidé de présenter ce patrimoine unique dans le monde arabe aux côtés des principaux objets de mémoire tunisiens parmi lesquels les textes fondateurs de l’État que le public découvrira pour la première fois à l’occasion de cette exposition.
Cette invitation à explorer les sources de la Tunisie sera l’occasion de faire découvrir aux visiteurs environ trois cents œuvres (dont une grande partie inédite) d’une grande variété, parmi lesquelles des peintures de Franz-Xaver Winterhalter, de Charles Gleyre, de Charles-Philippe Larivière, des trônes, des médailles, des manuscrits, des firmans ottomans, des costumes, une exceptionnelle tapisserie de la manufacture des Gobelins, mais aussi les premières œuvres picturales d’artistes tunisiens. Les visiteurs pourront ainsi apprécier la richesse des collections nationales, témoins d’un siècle en pleine mutation, et les spécificités d’une Tunisie qui profita de sa position entre deux mondes pour édifier les fondations d’un État moderne.
Le parcours de l’exposition :
La scénographie imaginée pour l’exposition L’éveil d’une nation suit un parcours chronologique selon cinq sections, marquant les temps forts de l’histoire du XIXe tunisien – de 1837, avènement du règne d’Ahmad Ier Bey, à 1881, que marqua la signature du début du protectorat français sur la Tunisie.
La première section traite du début des réformes en Tunisie. Elle décrit le cadre historique et culturel des règnes de Husseïn II jusqu’à l’avènement du réformateur Ahmad bey. Elle présente un panorama de la Tunisie contemporaine, de sa société, de son économie et de son régime politique dans un contexte général de réorganisation de l’empire ottoman qui a abouti à l’envoi des tanzimat: les fameuses directives fondées sur un modèle de gouvernance européen plus performant. Cette section débutera par une immersion à travers des dessins et des objets du quotidien qui dépeignent le Royaume de Tunis au tournant de la décennie 1830 à 1840.
La deuxième section débutera avec les règnes successifs d’Ahmad et de Muhammad bey. Les grandes avancées effectuées sous le règne d’Ahmad bey seront représentées à travers des documents d’archives et une série de portraits en pieds du souverain et de ses ministres réalisés à Paris. Elle traitera en effet d’une période où la Tunisie s’est rapprochée de l’Europe, matérialisée par le célèbre voyage à la cour de Louis-Philippe en 1846. Sera également considérée la Guerre de Crimée, conflit armé auquel la Tunisie participa, symbole de la chute de l’Empire ottoman et de l’éloignement de l’État tunisien de la Grande porte. Des toiles historiques, notamment le Retour du contingent tunisien, des armes, ainsi que des prêts exceptionnels feront revivre aux visiteurs ce moment particulier de l’histoire de la Méditerranée.
La troisième partie de ce parcours, qui occupera le patio du palais beylical, constituera le centre du parcours vers lequel convergent toutes les sections. Véritable cœur de l’exposition, il rassemblera les pièces les plus importantes : les textes fondateurs de l’État moderne tunisien qui seront pour la première fois présentés au public et mis en scènes afin de les rendre plus accessibles aux visiteurs. Au milieu de cette installation où figureront portraits, archives et médailles, s’élèvera le Dostour, la Constitution de 1861, qui acte le droit des citoyens tunisiens et la nouvelle répartition du pouvoir monarchique, faisant entrer la Tunisie dans une nouvelle ère de son histoire.
La quatrième section relate les changements survenus à la suite de l’adoption de la Constitution et des autres textes fondateurs de l’État moderne tel que le Quanun al jinaiyat wal ahkam al orfiya. Le partage des pouvoirs exécutif et législatif avait en effet entraîné des mutations dans l’exercice du pouvoir qui renforçait désormais le rôle des dignitaires mamelouks et l’application d’une nouvelle législation judiciaire et fiscale qui allait conduire à la révolte des tribus de 1864. Cette partie de l’exposition reviendra à travers des peintures et des journaux d’époque sur ces terribles événements qui allaient momentanément suspendre l’application de la Constitution et entraîner une répression sanglante d’une rare violence dans le territoire. En parallèle, la nouvelle représentation politique sera illustrée par une série de portraits de dignitaires inédits dépeignant le cadre de vie d’une nouvelle élite tunisienne cosmopolite.
La dernière partie de l’exposition traitera enfin de la mise en place des nouvelles institutions administratives et étatiques aux sources de son modernisme, initiés dans un premier temps sous le gouvernement de Mustapha Khaznadar, puis celui de l’ambitieux Khayr el Dine. Cette section présentera ainsi un certain nombre de documents d’archives et de tableaux historiques qui seront exposés pour comprendre l’enjeu de cette période faste pour les avancées administratives, intellectuelles et sociales qui se déroulaient sur un fond de crise financière et d’endettement qui allaient mener la Tunisie à sa mise sous tutelle. Elle se termine par une period-room et une section consacrée à l’instauration du protectorat français en Tunisie. Cette section sera située dans la salle dite « du traité », qui a accueilli la signature de cet acte et rassemblera des objets de mémoire uniques, tels que la table de signature du traité, afin d’évoquer ce moment particulier de l’histoire nationale qui allait clore la période dite « des réformes » et faire entrer la Tunisie dans un cycle nouveau, marqué par l’empreinte française.
Commissaire de l’exposition : Ridha Moumni
Photo : Charles Gleyre, Portrait de Ahmad Bey, Tunis, Palais Qsar es-Saïd © Fondation Rambourg Tunisie
Dostour, Constitution de 1861, Archives Nationales de Tunisie © Fondation Rambourg Tunisie
L’Eveil d’une nation, L’art à l’aube d’une Tunisie moderne (1837-1881)
Exposition jusqu’au 27 février 2017
Palais Kssar Said
– Route du Bardo – Tunis
Le site de l’exposition : http://www.leveildunenation.com
Le site de la Fondation Rambourg : http://www.rambourgfoundation.org/fr
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