Démocratisation, renouvellement, indépendance et pluralisme des médias : telles sont les priorités de Fleur Pellerin pour développer la vie culturelle en 2016.
Participer à la vie culturelle de notre pays c’est aussi participer à sa vie démocratique. Dans cette perspective, garantir l’indépendance et le pluralisme des médias est un enjeu fondamental. Sans journalisme et sans journalistes, il n’y a pas de conversation nationale.
Nous continuerons d’y travailler en mettant en œuvre la réforme des aides à la presse : nous voulons aider plus et aider mieux là où se jouent le pluralisme et l’avenir de la presse. Mon Ministère engagera un vaste travail de reclassification de la presse magazine, pour faire en sorte que l’aide postale soit prioritairement fléchée vers la presse d’Information Politique et Générale et vers la presse du Savoir et de la Connaissance à partir du 1er janvier 2017.
Dans l’immédiat, la redistribution de l’effort de l’Etat nous aura permis de mener à bien deux chantiers : l’élargissement de l’aide aux journaux à faibles ressources publicitaires à tous les périodiques d’Information Politique et Générale, et la création d’un fonds de soutien pérenne aux médias de proximité.
Renforcer le pluralisme des médias, c’est aussi préparer leur avenir. Nous serons donc aux côtés des nouveaux médias d’information qui veulent prendre leur envol, par le soutien à l’innovation, par la réforme du fonds stratégique, par une bourse pour la création de nouveaux médias, par le lancement d’un programme d’incubateurs et d’un programme de recherche. J’aurai l’occasion de revenir sur ce plan en faveur de l’émergence et de l’innovation.
Renforcer le pluralisme de l’information, c’est aussi la vocation du projet de chaîne d’information publique, porté par France Télévisions avec le concours des autres acteurs de l’audiovisuel public. Je n’ignore pas les réticences, ni même les inquiétudes quant à la forme qu’elle prendra. Pour ma part, j’avais fait du décryptage de l’information l’un des axes majeurs de la feuille de route que j’avais préparée pour la nouvelle présidence en 2015. J’estime en effet que le service public a une singularité à revendiquer.
Le pluralisme et l’indépendance des médias ont parfois besoin d’être mieux garantis dans la loi. A fortiori dans un contexte de concentration des médias comme celui que nous vivons aujourd’hui à travers le monde. Avec Patrick Bloche, que je salue, nous travaillerons dans l’année qui vient à une proposition de loi en ce sens.
Parce qu’elles sont par essence l’objet de recherche et de travail des historiens, les archives participent aussi à la conversation nationale : elles sont indispensables à une interprétation scientifique, sereine et apaisée, de ce qui fait notre histoire. J’aurai aussi l’occasion, dans les semaines qui viennent, de vous présenter ma politique en faveur des archives.
Photo : Jean Marc Lebeaupin pour artsixMic
Lors de ses vœux à la presse le 20 janvier, la ministre de la Culture et de la Communication Fleur Pellerin a placé « l’indépendance et le pluralisme des médias » parmi ses priorités. Une proposition de loi pour mieux garantir l’indépendance des médias est préparée par le député et président de la commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale, Patrick Bloche, avec le soutien de la ministre de la Culture et de la Communication. Elle concerne avant tout le secteur audiovisuel, en réaction à la récente mainmise de Vincent Bolloré sur Canal +.
Le Spiil, convaincu qu’il n’existe pas de pluralisme sans indépendance, se réjouit que ces sujets soient mis à l’agenda. Les 150 éditeurs membres du Spiil, qui ont fait de l’indépendance de la presse le thème de la dernière Journée de la presse en ligne, souhaitent que la presse ne soit pas oubliée dans les débats en cours.
Suite à des bouleversements profonds, la situation de l’indépendance des entreprises de presse de notre pays est aujourd’hui dramatique. Le nombre de quotidiens papier, nationaux ou régionaux pouvant se prétendre indépendants s’est réduit en quelques années comme peau de chagrin, dans un secteur très concentré par la succession de rachats. Il en va de même pour la presse professionnelle et pour une large part de l’information numérique.
Cette évolution est lourde de conséquences pour la crédibilité de l’information et pour le maintien du pluralisme. Dès lors que les intérêts de l’actionnaire sont principalement liés à d’autres secteurs économiques, le conflit d’intérêt existe et génère une suspicion du public.
Le Spiil souhaite par conséquent que les travaux en cours :
– intègrent une réflexion sur les conflits d’intérêts liés à l’actionnariat des entreprises de presse et sur la notion d’indépendance de ces entreprises ;
– incitent les éditeurs à une plus grande publicité des éléments susceptibles de générer un conflit d’intérêts et devant donc être portés à la connaissance du public (actionnariat, gouvernance, revenus) ;
– intègrent une réflexion sur la responsabilité de l’État, et notamment des aides à la presse, dans le panorama actuel extrêmement préoccupant de l’indépendance des entreprises de presse françaises.