Les lauréats du Rory Peck Awards 2013

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    Rory Peck Awards
    Les lauréats du Rory Peck Awards ©Rory Peck Awards

    Le Rory Peck Trust est la seule organisation au monde dédiée au soutien financier, à la sécurité et au bien-être des journalistes indépendants et de leurs familles. Petite structure à fort impact, le Trust est présent dans plus de 60 pays, et aide financièrement les journalistes indépendants et leurs familles dans les moments difficiles, et soutient des partenariats et différents projets. Le Trust fournit également aux journalistes indépendants des bourses de formation à la sécurité et a récemment lancé une nouvelle ressource en ligne sur la sécurité, l’assurance, et le développement professionnel, adaptée aux besoins de cette profession.  En tant qu’organisation à but non lucratif et sans couleur politique, le Rory Peck Trust dépend entièrement des donations de ses bienfaiteurs et de ses sponsors pour mener à bien sa mission.

    La cérémonie des Rory Peck Awards a salué hier soir le travail des hommes et des femmes caméramans indépendants qui tournent des reportages d’actualité, à l’occasion d’un événement organisé par Christiane Amanpour de CNN et ABC News, et James Mates d’ITV News, au British Film Institute Southbank à Londres.

    Le Rory Peck Award dans la catégorie « News » a été décerné au jeune journaliste indépendant britannique Aris Roussinos pour «Ground Zero Mali : The Battle of Gao» , projet autofinancé et diffusé par VICE. Ce reportage filme un combat dans les rues de Gao dans le Nord du Mali, datant de février 2013, alors que les troupes maliennes tentaient d’envahir des bâtiments alors aux mains du commando islamiste Mujao. Il s’agit d’une vidéo très rare de la guerre qui a ravagé le Mali. Elle montre le manque cruel de formation et de discipline militaire de l’armée malienne, mais aussi le manque d’équipements et de tactiques, en plein milieu de cette bataille chaotique. Le jury a félicité la force des séquences d’Aris Roussinos et la proximité du caméraman avec l’armée malienne : «Il s’est engouffré au cœur du conflit et a capturé des moments étonnamment comiques pour une zone de guerre… c’est un reportage de guerre classique, un grand moment de journalisme, qui se suffit à lui-même tellement le tournage est remarquable.»

    Le Rory Peck Award dans la catégorie « Features » a été décerné au réalisateur indépendant britannique Olly Lambert pour «Syria: Across the Lines» commandé et diffusé par l’émission Dispatches de Channel 4. Olly a passé un total de cinq semaines dans la vallée de l’Oronte pour documenter la vie des habitants des villages situés de part et d’autre du fleuve, représentant les deux camps de la guerre.  Son film dévoile la façon dont le conflit déchire les communautés cohabitant autrefois en paix et s’achève sur les effets dévastateurs d’une double frappe aérienne sur le village rebelle, qui a fait 17 victimes.  Pour le jury, ce reportage est un «moment de télévision vraiment inoubliable». L’un des membres a ajouté : «Le jeu de caméras est remarquable, le résultat est superbe. Olly a porté un regard de documentaire sur une situation d’actualités des plus chaotiques.  Cela nous en dit long sur la guerre en Syrie, les situations de guerre en général et le chaos qui s’ensuit, le tout avec une réelle touche humaine

    Le Sony Impact Award a été décerné aux journalistes indépendants du Bangladesh Soumen Guha et Dipak Chandra Sutradhar pour «Hazaribag, cuir toxique», des productions Wild Angle (WA) pour Public Sénat, Ushuaïa TV et La Locale. Soumen et Dipak ont prétexté filmer une publicité pour une entreprise française du cuir pour avoir accès au bidonville géant des tanneries de Hazaribag, situé dans la banlieue de Dhaka. Leur film fournit des preuves irréfutables des conditions effroyables et sordides d’un demi-million d’ouvriers travaillant dans les usines qui utilisent des produits toxiques sources de cancer et autres maladies, et qui tuent la plupart d’entre eux avant l’âge de cinquante ans. Le cuir qui sort de ces usines sert à fabriquer des produits bon marché (ceintures et sacs) à destination de l’Europe. Le jury a qualifié le film « d’œuvre intelligente proposant des séquences marquantes ». « Ces caméramans ont risqué gros en filmant leur reportage au nez et à la barbe des propriétaires des usines. Ils se sont mis en danger physiquement en tournant ce film… Ils ont capturé des images saisissantes d’une industrie aux effets dévastateurs ; le simple fait de les regarder m’a provoqué des démangeaisons. »

    Le journaliste indépendant azerbaïdjanais Idrak Abbasov a reçu cette année le Prix Martin Adler, sponsorisé par Hexagon, qui rend hommage au travail d’un journaliste local indépendant ayant apporté une contribution importante au secteur de la production de news. L’objectif de ce prix est de saluer le dévouement et le talent des journalistes indépendants qui travaillent dans des conditions et circonstances difficiles dans leur propre pays. L’Azerbaïdjan connaît de plus en plus de restrictions sur la liberté de presse et l’on y recense un nombre croissant d’attaques envers les journalistes au cours des dernières années. Idrak a travaillé avec une détermination acharnée pour couvrir des sujets destinés à une grande variété de médias indépendants dont la presse écrite, Internet, la radio et la télévision.  En avril 2012, Idrak s’est retrouvé dans un état critique après avoir été frappé jusqu’à l’inconscience lors du tournage de protestations autour de la démolition de maisons à Bakou par la société pétrolière nationale SOCAR. Il a passé plusieurs mois à l’hôpital, dans l’incapacité de travailler. Mais lorsque de violentes protestations ont éclaté dans la ville d’Ismayilli en janvier, Idrak a mis ses soucis personnels de côté pour capturer des images qu’il pensait indispensables pour ses concitoyens et le monde entier. Les séquences ont été diffusées sur obyectiv.tv.  Le gouverneur a été mis à la porte.  Le prix a été décerné à Idrak en reconnaissance de son courage, de son calme et de sa détermination à couvrir des événements dans des conditions les plus extrêmes.

    «Les hommes et les femmes caméramans indépendants d’aujourd’hui ont une tâche ô combien difficile », a déclaré Tina Carr, directrice du Rory Peck Trust. « Nombreux sont ceux qui travaillent dans des conditions extrêmes et dangereuses, sans aucune aide. Malgré cela, ils réussissent à produire un travail remarquable et essentiel. C’est un honneur d’accueillir les finalistes et les gagnants de cette année pour voir des films et des reportages si intéressants. Ils méritent tous notre soutien, nos remerciements et notre reconnaissance. »

    Olivier Bovis, responsable de la division AV Media chez Sony Professional Solutions Europe. «Pour moi personnellement, participer à la cérémonie des Rory Peck Awards chaque année m’aide à comprendre pourquoi, chez Sony, nous faisons ce que nous faisons. C’est gratifiant de savoir que notre technologie permet de raconter des histoires fortes et émouvantes lorsqu’elles sont dans les mains de ces journalistes indépendants à l’incroyable talent. Et nous sommes fiers d’apporter notre soutien au Rory Peck Trust et à son travail crucial auprès des journalistes indépendants. »

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