Les Jours Sans : Alimentation et pénurie en temps de guerre

Faisant suite à l’exposition de 2013, Pour vous, Mesdames !, qui traitait du vêtement et de la mode en temps de guerre, l’exposition « Les Jours Sans », organisée à l’initiative du CHRD de Lyon et reposant sur un comité scientifique réunissant des historiens et des chercheurs spécialistes du sujet, nous fait revivre le quotidien des Français soumis aux restrictions alimentaires durant et après la Seconde Guerre mondiale. Comment faire dans un pays où soudain tout se met à manquer ? Comment survivre ? Comment compenser la pénurie ? Comment supporter la faim, les restrictions et les cartes d’alimentation surtout en milieu urbain ? Que nous disent les témoins de ce drame, de cette tragédie ?

Telles sont les questions qu’aborde cette exposition, qui couvre les années allant de 1939 à 1949, mais qui prouve que les conséquences et les comportements face à la nourriture devaient marquer les esprits pour de nombreuses années, et dont le focus est la vile de Lyon, particulièrement touchée en raison de l’augmentation de sa population.

Le public pourra non seulement acquérir des connaissances historiques mais également se souvenir pour certains visiteurs de ces heures de queue dans les files d’attente, pour être confronté au final à des étals presque vides, et la disparité qui existait entre riches ou pauvres, entre ceux qui avaient accès au marché noir, et ceux qui avaient ou non de la famille à la campagne. Collections privées et publiques, archives, complétées par une riche documentation iconographique que complètent d’agréables dispositifs sonores et audiovisuels, assurent la richesse de cette exposition, renforcée par une scénographie d’un esthétisme sans précédent et réalisé par l’atelier L+M qui, après Traits résistants en 2011 et C’est le débarquement en 2014, signe sa troisième scénographie pour le CHRD.

Le parcours, faisant preuve d’une conception graphique contemporaine, est aussi ludique qu’original, les cimaises « à trous » évoquant les coupons et tickets manquants sur les cartes d’approvisionnement, les vitrines-boîtes scandées d’étagères en bois faisant un clin d’oeil aux rayonnages des épiceries, le tout dans des tons se déclinant du bleu gris au rose passé afin de rappeler les tons des tickets d’alimentation.

L’intérêt de l’exposition repose également sur la présence de documents et d’objets de nature et d’intensité très différentes, allant du bocal de haricots verts daté de 1942 à une série de cartes postales humoristiques situées non loin d’un morceau de pain ramené par un déporté de Dachau ou bien encore de photographies attestant de la sous-nutrition des malades des hôpitaux lyonnais.

Organiser la pénurie, accéder à la nourriture, déjouer les restrictions et parer aux difficultés, se ravitailler et subir la malnutrition, enfin rêver de nourriture, tels sont les thèmes qu’abordera cette exposition hors du commun, et qui sera agrémentée, grâce aux membres de la Fondation Habitat et Humanisme, de témoignages de celles et ceux qui conservent la mémoire des années de restrictions et de pénuries, et qui feront l’objet d’une séquence spécifique dans l’exposition. Un temps fort, riche en sens et en émotions. De nombreuses conférences, tables rondes, visites guidées et projections de films compléteront l’exposition.