Les Français et l’alcool : la Fondation pour la Recherche en Alcoologie, s’est penché sur l’activité physique et ses relations avec la consommation d’alcool.
L’Observatoire 2016 « Les Français et l’alcool », réalisé à l’initiative de la Fondation pour la Recherche en Alcoologie, s’est penché sur l’activité physique et ses relations avec la consommation d’alcool. Cette analyse sera présentée notamment dans le cadre de la journée scientifique de la Fondation organisée le 29 septembre à Paris sur le thème : « Le sport, facteur de protection ou d’exposition au risque alcool ? ».
Les résultats 2016 portent également sur les connaissances pratiques nécessaires à la maîtrise de sa consommation (équivalence entre boissons, repères de consommation) et sur les comportements lors de situations particulières (lors des sorties entre amis et pendant la grossesse).
Le sport, une pratique qui divise la France en 2
Une moitié environ des personnes interrogées déclare faire du sport de manière régulière (52 %). Les Français qui déclarent pratiquer régulièrement un sport sont plus souvent des hommes (56 % versus 47 %), plus jeunes (43,4 ans versus 46,4 ans), et plus souvent actifs (59 % versus 42 %). Ceux qui déclarent une activité physique régulière estiment consacrer 4 heures par semaine à celle-ci. Dans ce cadre, un peu plus d’une personne sur 10 (11 %) déclare avoir eu un accident lié à son activité sportive durant les trois dernières années.
Addictions : 5 % au sport, 15 % à l’alcool
L’addiction à l’activité physique peut être mesurée par le questionnaire (EAI) Exercise Addiction Inventory (voir en annexe). Dans le cadre de l’Observatoire 2016, 5 % des personnes interrogées présentent les critères d’addiction au sport (soit un score total supérieur à 23 au questionnaire EAI). Ce phénomène d’addiction au sport touche indifféremment les deux sexes, quelle que soit la taille de l’agglomération dans laquelle ils vivent. Ces Français « accrocs au sport » sont deux fois moins souvent actifs professionnellement et sont beaucoup plus jeunes (37,1 ans versus 45,3 ans).
Pour l’alcool, le questionnaire a mesuré la fréquence de consommation d’alcool et utilisé le test DETA qui permet de détecter une consommation problématique. Selon ce test (en 4 questions), 15 % des personnes interrogées présentent un score égal ou supérieur à 2. Ce score signifie que l’on est en présence d’une consommation « à problème », qu’il convient donc de prendre en charge.
Relations sport et alcool : trois fois plus de problèmes d’alcool chez les « accros » au sport
La relation entre pratique régulière d’un sport et consommation d’alcool est complexe. Les personnes qui déclarent une activité physique régulière ont plus souvent que les autres une fréquence de consommation élevée (au moins hebdomadaire pour 57 % versus 43 %). En revanche, ils présentent moins souvent des problèmes d’alcool. Ce résultat rappelle combien la « fréquence » de consommation est un index incomplet de la consommation « à problème » d’alcool. On peut par exemple boire irrégulièrement de l’alcool et avoir des problèmes d’alcool, et inversement.
Pour les Français ayant une addiction au sport, leur fréquence de consommation n’est pas plus élevée que celle de ceux qui n’ont pas d’addiction au sport mais ils sont trois fois plus fréquemment exposés à une consommation problématique d’alcool (11 % versus 4 %). La pratique sportive en état d’alcoolisation étant peu probable, les alcoolisations excessives de type « 3ème mi-temps » pourraient être impliquées. D’autre part, ceux qui sont dans l’excès le sont probablement dans plusieurs domaines.
Selon l’OFDT (Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies), près de 9 personnes sur 10 (87 %) parmi les 18-75 ans déclarent avoir bu de l’alcool au moins une fois dans l’année en 2014. Pourtant, les quelques informations de base sur un produit aussi familier, mais néanmoins à risque, restent peu connues.
4 personnes interrogées sur 10 ne connaissent pas l’équivalence entre les boissons.
L’équivalence entre les boissons alcoolisées, qui est véhiculée par toutes les campagnes de prévention du risque alcool, rappelle qu’aux doses servies dans les cafés, chaque boisson alcoolisée contient approximativement la même quantité d’alcool pur, soit 10 grammes, ce qui correspond à un verre « standard » ou une « unité d’alcool ».
Près de 4 Français sur 10 (38 %) pensent toujours que les verres qui leur sont présentés (ci-dessous) ne contiennent pas la même quantité d’alcool. Cette connaissance ne progresse pas depuis 2014, puisque 34 % des personnes interrogées faisaient la même erreur deux ans auparavant. On constate toujours que ce sont les plus jeunes, notamment les garçons (70 % des 18-24 ans), qui se trompent le moins.
l’équivalence entre les boissons
Les repères de consommation à moindre risque :
Les repères de consommation d’alcool à moindre risque ont été formulés à l’usage des professionnels de santé afin de faciliter le repérage des consommations, d’une part, et du grand public, aux fins de prévention des consommations d’autre part. En France, les repères sont les suivants : une consommation de 3 unités d’alcool maximum par jour pour les hommes, 2 unités d’alcool maximum par jour pour les femmes, 4 unités d’alcool maximum en une seule occasion, au moins un jour sans alcool par semaine. L’abstinence est bien sûr recommandée dans les situations à risque : en cas de grossesse, au travail, lors de la prise de médicaments…
En ce qui concerne ces repères chez les hommes, seules 29 % des personnes interrogées les connaissent (ou en tout cas le déclarent de manière correcte), 46 % le situent en-dessous de trois verres et 24 % le surestiment (en le situant au-delà de 3 verres par jour, dont 14 % au-delà de 4 verres par jour). Ces chiffres sont globalement stables comparés à ceux de 2014.
Ces repères de consommation à moindre risque chez les femmes sont cités avec exactitude par 44 % des personnes interrogées, et en dessous de deux verres par 28 %. A peu près la même proportion d’interviewés propose par contre des seuils au-dessus de 3 verres par jour. On remarque donc que le seuil féminin est mieux apprécié (ou deviné), bien que dans les deux cas ces repères quotidiens restent insuffisamment connus dans tous les cas.
Le conducteur désigné : systématique pour 6 Français sur 10
Si l’on exclut de l’échantillon ceux qui ne boivent jamais d’alcool ou ne sortent pas en voiture, 6 Français sur 10 (61 %) déclarent désigner systématiquement un conducteur qui ne boira pas pour ramener les autres (Si vous sortez en groupe et en voiture (en famille, entre amis, entre collègues ou autres), décidez-vous ensemble à l’avance que l’un d’entre vous ne boira pas d’alcool afin de pouvoir prendre le volant au retour ?). Ce chiffre est stable depuis 2014 (63 %).
Un quart des personnes interrogées déclarent adopter « souvent » le principe du conducteur désigné (25 %). Il reste toutefois 12 % des personnes interrogées qui désignent « rarement » ou « jamais » un conducteur sobre. Ce sont les hommes de 35 à 49 ans et ceux de plus de 65 ans qui sont les plus réticents à appliquer le principe du conducteur désigné.
Les consommateurs les plus fréquents (consommation quotidienne plutôt qu’hebdomadaire par exemple) pratiquent moins le conducteur désigné, de même que ceux qui présentent les signes d’une consommation problématique d’alcool (49 %, contre 65 % qui n’ont pas de problèmes).
Le « zéro alcool pendant la grossesse » connu par 86 % des jeunes femmes
Les trois quarts des Français (75 %, contre 72 % en 2014) conseilleraient à une femme enceinte de ne pas boire du tout pendant sa grossesse. Un peu plus de deux sur 10 (22 %, contre 26 % en 2014) se trompe en répondant « qu’elle peut boire un verre de temps en temps, mais pas plus ». Seulement 1 % pense qu’une femme enceinte peut boire régulièrement, mais modérément, en évitant l’ivresse. A noter que 86 % des jeunes femmes de 18 à 24 ans et 80 % de celles qui ont entre 25 et 34 ans savent qu’il ne faut pas du tout consommer d’alcool pendant la grossesse. C’est parmi les personnes plus âgées (de 50 à 65 ans), et notamment les hommes, que la connaissance du « zéro alcool pendant la grossesse » est la moins répandue (67 % seulement des hommes de 65 ans et plus).
Ceux qui ignorent cette consigne ignorent aussi plus souvent l’équivalence entre les boissons alcoolisées (27 % versus 22 %). Et plus la consommation est fréquente, moins la recommandation est reconnue (39 % pour les consommations quotidiennes, 11 % pour les consommations mensuelles). Enfin, les personnes ayant des problèmes d’alcool sont aussi moins souvent informées (23 % versus 29 %).
1ère journée scientifique le 29 septembre 2016 : http://www.fondationrecherchealcoologie.org/1ere-journee-scientifique/
Photo : Fondation pour la Recherche en Alcoologie
L’édition 2016 été réalisée par GFK ISL CR France, entre le 13 et le 21 juin 2016, auprès de 2002 individus, âgés de 18 ans et plus, issus du Panel Online GfK ISL, qui ont répondu en ligne à l’enquête (selon la même méthode qu’en 2014, les précédents Observatoires ayant été en revanche réalisés en face-à-face ce qui limite les comparaisons dans le temps).
la Fondation pour la recherche en alcoologie
Récemment créée, la Fondation pour la recherche en alcoologie a pour vocation de développer et partager la connaissance sur l’alcool. Fondation sous l’égide de la Fondation de France, reconnue d’utilité publique, ses missions sont de soutenir la recherche et de faire connaître les savoirs sur ce thème avec l’ambition de contribuer à l’amélioration de la santé publique