Son « Laudato si’ », texte de l’église de loin le plus important depuis Vatican II, et ses derniers discours en Amérique Latine, surtout celui très remarqué en Bolivie, ont conféré au Pape François une stature prophétique.
Sa critique acerbe de notre système économique actuel, qui lui a valu d’enregistrer une baisse de sa popularité aux Etats-Unis où il doit se rendre en septembre prochain, fait de lui une entité politique à l’échelle mondiale. Certes il nous interpelle quant aux différences sociales qui persistent entre Nord et Sud, appelant qu’une plus grande équité entre les hommes va de paire avec la résolution de nos défis écologiques et que le libéralisme économique et la croissance du PIB qu’il engendre, l’a toujours été au détriment de la planète, mais même si ces différences ne sont plus ce qu’elles ont été et si l’Inde et la Chine ne sont pas exempts d’émissions de gaz à effet de serre, il est vrai que notre monde doit s’ouvrir à une économie plus égalitaire et responsable en luttant contre l’exclusion et l’injustice que provoquent l’argent devenu roi.
Le Pape François dénonce notre « économie qui tue » et qui « continue de nier à des milliers de millions de frères les droits économiques sociaux et culturels les plus élémentaires ». Il encourage l’initiative individuelle, surtout chez les pauvres, mais celle-ci demeure capitale pour tous car c’est notre comportement à chacun qui contribuera à un meilleur épanouissement de tous. Des inégalités, il y en aura toujours, et nous devons tout faire pour les réduire, afin d’obtenir une plus grande cohésion entre le Nord et le Sud en provoquant une évolution du système économique et financier.
Force vive et incontournable de notre monde, en prenant la parole haut et fort, le Pape François a provoqué des débats politiques, économiques et sociaux, lesquels vont devoir désormais s’articuler autour de lui.
Photo : Le Pape François arrive sur la place du Christ-Rédempteur, à Santa Cruz (Bolivie), pour y célébrer la messe – EPA