Après deux ans de travaux de rénovation et 45 millions d’euros, les derniers jours d’octobre ont vu s’ouvrir à Florence le nouveau musée du Duomo au sein duquel sont abritées pas moins de 750 oeuvres retraçant toute l’histoire de la Renaissance, depuis son lieu de naissance jusqu’à sa conquête de l’Europe.
“Ce musée, qui raconte l’évolution du gothique à la Renaissance, de sa naissance à sa maturité, remonte donc aux racines de la grandeur de Florence, car c’est ici qu’est né et s’est développé un mouvement artistique qui a changé le cours du monde“, explique à l’AFP le président de l’Oeuvre de Santa Maria del Fiore (le “vrai” nom du Duomo), Franco Lucchesi, qui a financé à hauteur de 45 millions d’euros les travaux.
La réalisation de la coupole (1420-1436) du Duomo de Florence, conçue par le talentueux architecte florentin Filippo Brunelleschi, est une dates des plus capitales puisqu’elle a été retenu comme celle de la naissance de la Renaissance.
Michel-Ange, Donatello, Lorenzo Ghiberti, Andrea del Verrochio, Luca della Robbia, tous les plus grands noms de la sculpture du Moyen-Age et de la Renaissance florentine ont travaillé pour la cité toscane, et leurs réalisations sont à leur tour exposées sur quelques 6000 mètres carrés, où art et foi se mêlent.
Parmi les œuvres les plus importantes on peut y admirer les bas-reliefs originaux de Lorenzo Ghiberti de la Porte du Paradis du baptistère, les sculptures d’Arnolfo di Cambio provenant en grande partie de l’antique façade de la cathédrale comme la statue de Boniface VIII, les bas-reliefs d’Andrea Pisano détachés du campanile, les cantoria du duomo de Donatello et de Luca della Robbia qui furent placées au-dessus de la porte de la sacristie des Messes jusqu’en 1688, l’autel en argent agrémenté d’émaux et de dorures qui exigea 400 kg d’argent, financé par l’Arte di Calimala et qui comporte des scènes de la vie de saint Jean Baptiste exécuté pour le baptistère entre 1366 et 1480 par les sculpteurs et orfèvres tels que Antonio Pollaiuolo, Cennino Cennini et Andrea del Verrocchio.
Marie-Madeleine pénitente de Donatello, jamais été montrée au public trône au premier étage, « elle est représentée non pas vêtue d’une peau d’animal, comme son alter ego Jean-Baptiste, mais vêtue de ses seuls cheveux », explique Mgr Verdon. Sculptée de bois, emplie d’émotion et de spiritualité, les femmes de Florence l’ont de tout temps vénérée, s’inclinant devant cette femme pécheresse dont la vie va totalement changer après sa rencontre avec Jésus.
Outre Saint Matthieu de Bernardo Ciuffagni et Saint Luc de Nanni di Banco, c’est la Pietà aux quatre figures de Michel-Ange qui est incontestablement la star du nouveau musée ; l’artiste l’a conçue à la fin de sa vie et la destinait à orner sa tombe, y ayant représenté ce qui lui tenait le plus à cœur : la spiritualité et la figure du Christ mourant. Saint Nicodème a ici les traits de Michel-Ange, juste après la déposition de la Croix, soulevant le Christ, ce qui en fait une « oeuvre extrêmement novatrice ; mais Michel-Ange ne s’avéra pas du tout satisfait de cette oeuvre, d’une part parce que, avec l’âge, il était devenu presque aveugle et que donc il ne sculptait pas comme il aurait voulu » explique Franco Lucchesi. A la mort de l’artiste, la Pietà tomba entre les mains des grands-ducs de Florence qui la destinèrent à l’Oeuvre du Duomo.
Véritable écrin à la gloire de la Renaissance, le nouveau musée du Duomo version XXIè siècle est aussi moderne que fascinant, à l’image de Florence, connue pour sa richesse artistique exceptionnelle.
Museo dell’Opera del Duomo, 9 piazza del Duomo :