Joël Desbouiges : « faire cohabiter l’expressionnisme et un sens de l’épure ».
Artiste plasticien, peintre, illustrateur, photographe, lithographe et sculpteur français, Joël Desbouiges a 17 ans lorsqu’il intègre l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Limoges, où il suit les cours de dessin de Claude Viallat et où il rencontre Raoul Haussmann et se forme au contact des œuvres de Robert Motherwell, Meret Oppenheim, Gérard Gasiorowski et Ellworth Kelly.
Les événements de mai 1968 lui apportent la conviction que « ses peintures seront porteuses de messages » et il commence à peindre selon les principes de Support/surface une série de toiles libres de grand format sur le thème Personnages/Violence, cherchant à y dénoncer :
« la violence dans laquelle se débat intemporellement notre société »
A travers ses créations, rythmées et connues pour être conjuguées par séries, telle celle des Terres Partagées qui fut réalisée en hommage à Jean-Paul Riopelle, Joël Desbouiges s’efforce de « faire cohabiter l’expressionnisme et un sens de l’épure ».
Son attachement pour Collioure remonte à son enfance, époque où il y passait ses vacances avec ses parents. Ancré dans sa mémoire et dans son cœur, la petite commune située au bord de la mer Méditerranée sur la Côte Vermeille et qui a séduit de nombreux artistes, a conforté le peintre dans son cheminement créateur, et c’est donc avec un grand plaisir qu’il a répondu à l’invitation du Musée d’art moderne. Pour ce faire, l’artiste a passé plusieurs semaines en résidence à Collioure entre 2015 et 2016, pour travailler sur une relecture des œuvres de Matisse peintes dans le petit port catalan en 1905, établissant un dialogue avec ses propres œuvres.
Emergeront de ce temps de réflexion, sept superbes et impressionnantes toiles aux couleurs fauves avec le clocher comme emblème, et dans lesquelles deux bandes de camouflage rose et mauve s’immiscent dans le paysage. Le dialogue avec Matisse se poursuit inlassablement dans la série Voramar où les éléments décoratifs matissiens se conjuguent avec les sujets récurrents dans l’œuvre de Joël Desbouiges comme les bois des cerfs et les canards.
Le musée donnera également à voir un travail de recompilation des œuvres des dernières années et seront ainsi présentés au public un travail autour des calendriers des années 1950, puis 1967 date à laquelle la famille venait en vacances ; les séries Sur le motif et Pour le souvenir qui dénoncent la disparition du Collioure originel et l’arrivée du tourisme de masse ; la magnifique série de sept acryliques sur toile de Main d’écume, ainsi que son travail photographique en Digigraphie avec la série de Paysages de suie de 2014.
Cherchant à transmettre son savoir et sa philosophie artistique, l’artiste joint à sa carrière d’artiste celle de l’enseignement. Dès 1976, il est nommé professeur aux Beaux Arts de Caen, où il exerce jusqu’en 1980. Il enseigne ensuite à l’Ecole des Beaux-Arts de Clermont Ferrand de 1980 à 1990 puis à celle de Besançon jusqu’en 2013.
Un bien beau travail à admirer dans un cadre de charme jusqu’en octobre prochain.
Musée d’art moderne de Collioure
4 Route de Port-Vendres, 66190 Collioure