Avec un parcours de visite repensé, dans un monument chef-d’œuvre de l’architecture Renaissance, le château de Montal ouvre de nouveau ses portes au public, à partir du 9 juillet 2016
Après 18 mois de fermeture pour travaux de conservation, de protection de l’édifice et de ses collections, le Centre des monuments nationaux (CMN) ouvre de nouveau à la visite le château de Montal le 9 juillet 2016. Situé dans le nord du Lot, au pied des falaises des Césarines, le monument est un chef-d’œuvre de l’architecture Renaissance.
Edifié par Jeanne de Balsac à partir de 1519, il est un témoignage de la pensée humaniste et de la culture exceptionnelle de cette femme de caractère. Par le biais d’un répertoire iconographique complexe, sa propriétaire exprime en effet la douleur et le deuil, mais également les valeurs morales mises en exergue par les penseurs de son temps. Le décor de la cour intérieure et de l’escalier d’honneur en sont les témoins.
Resté aux mains des descendants de la famille de Montal jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, le château de Montal, vendu par les Plas de Tanes au XIXème siècle, est dépouillé de son décor sculpté à partir de 1880.
En 1908, Maurice Fenaille, un riche industriel pionnier dans le domaine pétrolier qui a déjà acquis plusieurs éléments sculptés provenant de Montal, achète le château et s’engage dans sa restauration. Durant cinq ans, ce mécène exceptionnel mène un travail titanesque grâce à ses connaissances historiques, sa fortune et ses relations avec Auguste Rodin, qu’il consulte très régulièrement pour la restitution des décors sculptés. En un temps record et avec une efficacité exemplaire, Maurice Fenaille réalise ainsi pour le château de Montal une action de sauvegarde magistrale.
En mai 1913, Maurice Fenaille fait don à l’État, sous réserve d’usufruit pour lui et ses enfants, du château et de son mobilier, accompagné d’un domaine d’une vingtaine d’hectares et de 200 000 francs dont les revenus et bénéfices doivent servir à l’entretien du monument. Ce don est célébré par une réception au château avec le président Raymond Poincaré en septembre de la même année. Le château de Montal a joué pendant la Première et surtout la Seconde guerre mondiale un rôle qui mérite d’être rappelé. En effet, si Maurice Fenaille y accueille des blessés lors de la guerre de 1914-1918 et sa fille les princes de Belgique en 1941 à la suite à l’invasion nazie, ce sont des hôtes bien particuliers qui y sont abrités de 1943 à 1945. Ce sont en effet des centaines de caisses renfermant les trésors du musée du Louvre, y compris la « Joconde » de Léonard de Vinci, qui y furent gardés à l’abri d’éventuels bombardements. En remerciement de cette protection, le musée du Louvre a mis en dépôt au château de Montal un portrait d’Henri II issu de l’atelier de François Clouet, qui est présenté dans la grande salle du rez-de-chaussée. Ce portrait sera restauré en 2017 afin d’être en accord avec la politique de restauration du monument et de ses collections.
Un nouveau parcours de visite
Le parcours de visite du château de Montal a été repensé et enrichi. Dès l’entrée dans le monument, le rôle essentiel qu’a joué Maurice Fenaille dans sa restauration est mis en exergue. De plus, les collections du monument sont particulièrement valorisées dans le nouveau parcours de visite puisqu’aucune intervention de conservation sur ces dernières n’avait été réalisée entre 1913 et 2006.
© Patrick Müller – CMN
Castelnau-Bretenoux
Situés à seulement huit kilomètres de distance, les deux châteaux sont complémentaires dans leur histoire, leur architecture médiévale et renaissance, leur collection de meubles et d’objets d’art réunies dans les années 1900, et leur sauvetage et restauration par des personnalités atypiques (Maurice Fenaille pour le château de Montal et Jean Mouliérat pour celui de Castelnau-Bretenoux). Ils s’inscrivent tous deux dans le Pays d’Art et d’Histoire de la Vallée de la Dordogne lotoise. Le lien entre les deux châteaux est d’autant plus éloquent lorsque l’on rappelle que Jeanne de Balsac, à l’origine du château de Montal, était aussi la fille d’Antoinette de CastelnauBretenoux, portant donc le nom du château voisin.
Un billet jumelé permet aux visiteurs de compléter leur expérience, dans un autre chef-d’œuvre du réseau du Centre des monuments nationaux, par la connaissance de l’histoire et du patrimoine de la vallée de la Dordogne.
© Patrick Müller – CMN
Cérémonie de donation du château de Montal à l’Etat en 1913 © Jean-Luc Paillé – CMN
Château de Montal
46400 Saint-Jean-Lespinasse