L’art, la culture, la création sont-ils à vendre ?

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L'art, la culture, la création sont-ils à vendre ?
L'art, la culture, la création sont-ils à vendre ?

La France, selon Terra nova, décline sur le marché de l’art. Pour le rétablir, le think tank proche du Parti socialiste préconise des solutions hyper libérales. La place de la France sur le marché de l’art mondial a reculé au cours des soixante-dix dernières années. Leader en 1945, notre pays est désormais en quatrième position en termes de chiffre d’affaires des ventes publiques d’œuvres d’art, derrière la Chine, les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

La croissance spectaculaire du marché de l’art mondial depuis le début des années 2000, poussée par l’arrivée d’artistes et d’acheteurs de pays émergents comme l’Inde et la Chine, et le rôle social croissant que joue l’art contemporain, ne s’est pas réalisée à l’avantage de la France. On estime que les ventes publiques représentent entre 30 et 50 % du marché de l’art global, le reste étant peu visible car réalisé sur le marché privé (vente de gré-à-gré, galeries…). En 2004, la France représentait 7,2 %* d’un marché mondial des ventes publiques de 2,85 milliards de dollars .

Dix ans plus tard, les transactions sur ce marché ont été multipliées par cinq pour atteindre un total de 15,2 milliards de dollars en 2014. La France ne représente plus que 3,3 % de ces ventes. Alors que les œuvres de Basquiat, Koons et Wool (tous trois américains) représentent 22 % du marché mondial de l’art contemporain, l’artiste français qui a le plus vendu en 2013, Robert Combas, n’occupe que la 134e place du classement mondial des artistes.

La présence marginale des artistes français dans les grandes collections internationales fait écho à ces données : si les artistes français du début du siècle sont bien représentés au MoMa de San Francisco ou à la Tate Modern de Londres, la scène française postérieure à 1960 est presque totalement absente et la représentation de la création contemporaine se limite à quelques créateurs phares (Sophie Calle, Christian Boltanski…). En outre, la représentation des acteurs hexagonaux n’est pas particulièrement forte dans les grands rendez-vous à l’étranger : par exemple, en 2011, les galeries françaises n’ont représenté que 7,4 % des exposants de la foire de Bâle (Art Basel). Si l’on considère seulement le marché de l’art contemporain, les artistes français sont encore plus absents : en 2014, ils ne représentent que 0,7 % du produit des ventes publiques du marché de l’art contemporain réparti par nationalités d’artistes** .  Lire la suite sur Terra Nova : Création et marché de l’art : comment renouveler l’attractivité de la France ?

* Tendances du Marché de l’Art 2004, rapport Artprice (2004)
** Le marché de l’art contemporain 2014, le rapport annuel Artprice, rapport Artprice (2014)

[vc_text_titles title=”Les propositions de Terra Nova :” title_type=”h3″ page_title_type=”v1″ title_align=”left”]

1) Former les étudiants en art aux notions de gestion et de communication.
2) Réorienter une partie des aides publiques vers l’exposition et la promotion, et non plus
seulement vers la production.
3) Créer des incubateurs dédiés à l’art, en s’inspirant des mots d’ordre de la French Tech
« Fédérer, Accélérer, Rayonner ».
4) Regrouper sous un seul label les acteurs actifs à l’international.
5) Permettre la contractualisation du droit de suite.
6) Rassembler sous une marque ombrelle les grands événements artistiques parisiens
7) Créer un MOOC dédié à l’art contemporain afin de délivrer à ceux qui le souhaitent une
culture générale artistique dans ce domaine ainsi que les clefs de compréhension de la vie
artistique et de ses réseaux.
8) Créer une plateforme online cartographiant la production artistique en France afin de
contribuer à la clarification d’un marché souvent considéré comme opaque.
9) Rattraper le retard des acteurs dans le numérique.
10) Créer une instance professionnelle pour le marché de l’art en ligne pour en garantir le bon
fonctionnement.

Source Terra Nova 

«L'homme au doigt» de Giacometti
«L’homme au doigt» de Giacometti a été adjugé en trois minutes, cette année à 141,28 millions de dollars
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Ce n’est pas l’art qui est malade, mais c’est la France qui est malade de son art comme malade de beaucoup d’autres choses, et notamment du tabou de parler d’argent.

L’autre maladie c’est le prix de l’art des artistes morts, dont la valeur des oeuvres a dépassé depuis longtemps le bon entendement. La multiplication de ventes, soit disant de prestige, favorise une idée névrosée de ce qu’est une oeuvre d’art et de son prix dans l’esprit du grand public. L’art et la création ne sont pas seulement un produit marchand mais devrait aussi favoriser l’échange et le partage entre les peuples, entre les hommes. La vente doit servir à la fois à faire vivre l’artiste et les structures qui le soutiennent ; or, beaucoup de collectionneurs sont devenus de simples spéculateurs dans un monde d’argent qui ne respecte rien et qui ne tient aucunement compte de la vie et de la création.

La Fiac reflète bien cet état d’esprit, rassembleuse dans un sens, elle sanctifie le principe de l’argent roi au profit de l’art roi. Pourquoi acheter une oeuvre que parce qu’elle est chère ? L’art et la culture, on en parle beaucoup ; ça rapporte beaucoup à certains, mais ses vrais acteurs, ceux qui l’a font et la font vivre, sont ceux qui en profitent le moins.

Le parti socialiste veut libéraliser encore et davantage un monde où il n’y a déjà plus de loi. Seule la loi du plus fort et de l’argent règne, elle défigure jour après jour notre monde et l’entraîne dans un trou noir qui n’est surement pas de l’art. Réfléchir au financement de la création, c’est réfléchir à la manière dont on veut vivre. On félicite les grands spéculateurs, les grands acheteurs sans se soucier du pourquoi de ces actions. L’argent dans l’art comme dans tous les autres univers ne redescend pas vers le bas, il est happé par des machines à faire de l’argent et du pourcentage sur les ventes. On entretient depuis fort longtemps l’élitisme dans le monde de l’art, qui est, quoi qu’il en soit, réel, mais posons la question du pourquoi.

D’un côté des gens parlent de l’accessibilité à la culture et de l’autre ceux qui ont les cordons de la bourse font tout pour conserver la mainmise sur le butin. Bien sur que nous avons de bons et grands artistes en France, mais sont-il respectés par ceux qui sont censés les recevoir, les accompagner et leur mettre le pied à l’étrier ?

Il n’y a pas que le vu à la télé pour exister, mais le pas vu à la télé est un sacré passage à vivre pour des milliers d’artistes. L’art fait du bien là où cela fait mal. La création aide le monde à se tenir debout. L’art peut être un marché avec du sens, mais arrêtons de vendre n’importe quoi à n’importe quel prix. Beaucoup d’artistes créent parce qu’ils ont envie de dire des choses, de vivre autrement, dans un avenir plus serein.

La vie n’a pas de prix, mais on pourrait croire que oui. Réfléchir sur le monde de l’art de la création est une bonne chose, mais il faudrait aussi changer les mentalités et les attentes de ceux qui ne créent rien mais qui gagnent de l’argent sur le dos de l’art et de la création. Chaque travail mérite salaire, mais ne rien faire, ne mérite rien.

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