Dans l’exposition « Les Panoramas de 2100 », Luc Schuiten se laisse guider par la perfection et la beauté de la nature pour proposer ses Cités Végétales.
Trois siècles séparent Claude Nicolas Ledoux, architecte créateur de la Saline, de Luc Schuiten qui exporte à travers le monde sa vision toute personnelle de ce que seront les plus grandes villes en 2100. Quant au 18ème siècle, Claude Nicolas Ledoux s’inspirait de la chute d’une goutte d’eau pour dessiner la ville de Chaux, Luc Schuiten se laisse guider aujourd’hui par la perfection et la beauté de la nature pour proposer ses Cités Végétales. Jusqu’au 21 octobre 2018, ses projections visionnaires se déclinent dans l’exposition « Les Panoramas de 2100 » et inspirent les jardins du 18ème festival !
Depuis près de 40 ans, l’architecte Luc Schuiten cherche inlassablement des solutions alternatives à la dégradation de l’environnement et à l’architecture objet de design, banalement mondiale. S’affranchissant des lignes rigides ou traditionnelles de la construction, il tente de gérer différemment les matériaux et les techniques, axe sa recherche sur des maisons bioclimatiques, rêve d’habitarbres ; ces logements organiques en osmose avec le végétal.
Luc Schuiten : « Le paysage urbain a un passé, un présent et un futur qui est parfaitement perceptible à l’observateur attentif. C’est ce que je tente de montrer dans mes tableaux en intégrant la 4ème dimension dans le champ d’un cadre limité à 2 dimensions. Par cette façon de procéder j’invite les gens à entrer dans mes œuvres pour mieux percevoir les mutations en cours et les vrais enjeux d’un monde nouveau à bâtir. »
Les Panoramas de 2100 Luc Schuiten
À quoi ressembleront la planète, nos villes et Arc-et-Senans au siècle prochain? Répondre à cette question par l’image constitue la tentative présentée à la Saline royale. Le parti pris de la scénographie propose une immersion vers des solutions positives et résolument optimistes. L’axe de la réflexion est le développement durable, le biomimétisme et le vivant comme matériau de construction. L’objectif n’est pas tant de montrer une vision des plus réalistes de notre avenir, mais bien d’ouvrir largement une porte vers les possibles désirables par l’utilisation optimalisée de toutes les extraordinaires ressources du vivant. La scénographie privilégie la communication par l’image, les objets et les installations tout en y incluant de petits textes. Le visiteur est ainsi appelé à se positionner sur ses propres désirs, pour son avenir et celui de ses descendants. Pour ce faire, il sera contraint de porter son regard bien au-delà de son pouvoir d’anticipation habituel.
Luc Schuiten côté jardin
Le premier jardin, Vertigo, propose une immersion dans un univers mêlant la régularité architecturale des tours des villes à la folie organique de la nature. Gagnés par des plantes grimpantes avides de lumière, les tours se parent de couleurs, d’odeurs au son du bruissement des feuilles. Après avoir été spectateur, le visiteur devient acteur. L’écureuil saute, l’oiseau se pose, le singe se balance, les insectes virevoltent. Et nous ? Nous pourrions marcher, tel des funambules, sur le réseau infini qui se dessine d’arbre en arbre. Le jardin des émergents, du nom des plus hauts arbres de la forêt, invitent à parcourir la canopée. Il propose un nouveau regard sur ce monde inconnu et fragile. Pied à terre pour explorer à présent les différents stades de développement de la forêt. Tout comme l’Homme, la forêt s’installe progressivement et se développe pas à pas. Les années passent et au cours de sa vie, l’Homme s’accroît et mûrit d’année en année tout comme la forêt qui est alors d’une maturité permettant de l’exploiter pour y édifier un lieu de confort, une bulle dans le jardin : c’est la chambre verte qui invite à s’allonger pour contempler une échappée vers le ciel.
Attention terre d’expérimentation ! Ici rien de conventionnel pour cette parcelle qui propose des habitats alternatifs en matériaux naturels. Ainsi Thomas Vallas érige des murs de mycéliums tandis qu’Evelyne Adam fait pousser des dômes habitables du nom de KerTerre, le tout selon un design imaginé par Luc Schuiten. Sur ce jardin, l’expression habiter la terre prend tout son sens… Le lotus, symbole ancestral de sagesse et de spiritualité, végétal incroyablement bien adapté à son milieu aquatique est l’élément central du jardin inspiré de la cité lotus de Luc Schuiten. Ici l’élément eau, source de vie, permet à la cité de se développée en adoptant les caractéristiques de la fleur de lotus. La cité des vagues est sans cesse en mouvement, les arbres formant un bâtiment finiront par dépérir avant d’être remplacés par de plus jeunes sujets qui, à leur tour, formeront un bâtiment. Créant ainsi un mouvement semblable aux dunes et aux vagues. Les visiteurs pourront donc apercevoir, sur les côtés de la vague, de jeunes arbres destinés à devenir les futurs piliers porteurs. Embarquement immédiat dans un univers où l’environnement et la nature sont devenus des modèles à suivre et à reproduire. Ce jardin propose des solutions de déplacements durables et inspirées de la nature. Ce biomimétisme offre alors des perspectives de vues et de vies nouvelles au coeur de la cité.
Le jardin de vasques invite à une déambulation à travers différents biotopes, délimité par les mouvements de sol et décrit par la scénographie végétale. Le jardin adopte alors le rôle d’un espace vivrier, de production végétale et alimentaire. L’art du jardinier consiste ici à regrouper et synthétiser les ressources dont toute la cité a besoin. La succession des révolutions industrielles a saturé l’atmosphère de gaz à effet de serre. Là, la concentration de gaz carbonique a généré le développement spectaculaire d’une espèce en particulier : la prêle. Bientôt, la plante en métamorphose forme une véritable architecture végétale. C’est au milieu de ces édifices naturels que les survivants se retranchent.
Bienvenue dans le monde utopique de la société des Habitarbres en contraste avec notre mode de vie très minéral. L’équilibre en est le maître mot. Ses habitants humains y ont autant de considération que le règne végétal, mycélien, et animal. Les déplacements sont libres et aisés dans cette cité nébuleuse aux apparences de forêt qui regorge de richesses. Une autre société existe si nous voulons bien la voir. Elle n’attend que nous pour naître. Le futur est déjà là, il se conjugue avec la nature.
Photo : ©Luc Schuiten
Les Panoramas de 2100
Les Cités Végétales de Luc Schuiten s’emparent de la Saline royale
Exposition jusqu’au 21 octobre 2018
Saline royale
25610 Arc-et-Senans
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