La Résistance au Musée de l’Homme : Le Musée de l’Homme célèbre les 80 ans du réseau de résistance qui porte son nom.
En célébrant les 80 ans du réseau de Résistance, le Musée de l’Homme souhaite réaffirmer l’importance de l’engagement des intellectuels et du monde scientifique et culturel dans la défense des valeurs humanistes et fraternelles. Le réseau de Résistance du Musée de l’Homme voit le jour au cours de l’été 1940 sous l’impulsion de l’anthropologue Boris Vildé, du linguiste Anatole Lewitsky, et de la bibliothécaire de l’institution, Yvonne Oddon, avec le soutien de Paul Rivet, le directeur du nouveau musée qui a ouvert en 1938. Il s’agit d’un des tout premiers groupes clandestins de lutte contre les Nazis à se mettre en place dans la France occupée dès le début de l’invasion allemande. Autour de ce noyau gravitent de nombreux intellectuels et avocats parmi lesquels Jean Cassou, Pierre Brossolette, Sylvette Leleu, Agnès Humbert, Maurice Nordmann ou encore René Sanson. Dans ces premières actions si précoces de résistance à l’ennemi, les groupes ne sont pas véritablement structurés. Cependant l’équipe emmenée par Boris Vildé commence à agir véritablement à partir d’octobre 1940.
Qu’il s’agisse de Paul Rivet ou des membres du réseau de Résistance du Musée de l’Homme, aucun de ces hommes et aucune de ces femmes n’ont cessé de lutter pour défendre la liberté de pensée, l’accès aux savoirs et l’égalité des peuples. Depuis sa réouverture et sa complète refonte en 2015, le Musée de l’Homme poursuit les missions édictées par son premier directeur : défendre un message humaniste et universaliste tout en combattant l’obscurantisme. A travers ses expositions et en se basant sur les données des recherches scientifiques, le Musée lutte contre les préjugés et donne à voir l’unité de l’espèce humaine dans sa diversité afin que le public puisse mieux la comprendre.
“Le fascisme fait appel aux passions des hommes pour annuler leur intelligence critique : il maquille les faits ; il brouille les idées. Notre objectif est de rétablir la réalité des faits et la clarté des idées.” Paul Rivet – 28 avril 1934 dans l’éditorial du n°1 de la revue Vigilance du Comité de vigilance des Intellectuels antifascistes dont il est le président.
Les dates importantes :
Mars 1934
Création du Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes par Paul Rivet.
20 juin 1938
Inauguration du Musée de l’Homme installé dans le nouveau palais de Chaillot édifié pour l’Exposition internationale de 1937. Son fondateur et premier directeur est Paul Rivet, professeur au Muséum d’Histoire naturelle, savant engagé défenseur des valeurs humanistes et universalistes, contre l’idéologie raciste du régime nazi.
14 juin 1940
Entrée des Allemands dans Paris. Paul Rivet maintient le Musée ouvert et placarde le poème « If » de Rudyard Kipling à son entrée.
14 juillet 1940
Paul Rivet adresse une lettre ouverte au maréchal Pétain : « Le pays n’est pas avec vous, la France n’est plus avec vous ».
Été 1940
Prisonnier de guerre, Boris Vildé s’évade et rejoint ses camarades au Musée de l’Homme : sous sa conduite le mouvement clandestin se met en place avec Anatole Lewitsky, Yvonne Oddon, et le soutien de Paul Rivet.
Octobre 1940
Premières actions du groupe qui se structure et facilite l’évasion de prisonniers.
15 décembre 1940
Publication du premier numéro de la revue Résistance. 4 numéros suivront, le 30 décembre 1940, le 31 janvier 1941, le 1er mars 1941 et 25 mars 1941.
10 février 1941
Anatole Lewitsky et Yvonne Oddon sont arrêtés par la Gestapo.
26 mars 1941
Boris Vildé est arrêté à son tour par la Gestapo après son retour de la zone libre où il y a développé le réseau.
6 janvier 1942
Début du procès des dix-sept personnes accusées de mener des actions contre le pouvoir en place.
17 février 1942
Fin du procès des membres du réseau : sept hommes sont condamnés à mort ; trois femmes, elles aussi condamnées, sont déportées vers des camps en Allemagne.
23 février 1942
Boris Vildé, Anatole Lewitsky et cinq autres accusés sont fusillés au fort du Mont Valérien.
13 août 1942
Arrestation de Germaine Tillion.
3 novembre 1943
Boris Vildé et Anatole Lewitsky sont décorés de la médaille de la Résistance à titre posthume par le général de Gaulle.
Avril 1945
Yvonne Oddon est libérée du camp de Ravensbrück où elle était retenue.
Mai 1945
Libération de Germaine Tillion.
1946
Germaine Tillion enregistre le réseau de résistance sous le nom de « Réseau du Musée de l’Homme – Hauet – Vildé ».
27 mai 2015
La dépouille de Germaine Tillion entre au Panthéon, en même temps que trois autres grandes figures de la Résistance, Geneviève de Gaulle Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay
1940, LA RÉSISTANCE AU MUSÉE DE L’HOMME
Le 14 juin 1940 au matin, jour de l’entrée des Allemands dans Paris, avant même que le maréchal Pétain ne signe l’Armistice, le 22 juin 1940, Paul Rivet, directeur du Musée de l’Homme ouvrait les portes du musée. Il y placardait symboliquement la traduction du poème de Rudyard Kipling, « If » (1895), en français « Tu seras un homme mon fils ». En affichant ce texte, il place ainsi l’institution en opposition avec le gouvernement et ouvre la voie aux membres de la Résistance du Musée de l’Homme.
Tu seras un Homme, Mon Fils
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.
Traduction du poème « If » (1895) de Rudyard Kipling par André Maurois, tiré des « Silences du Général Bramble » (1918)
Musée de l’Homme
17 place du Trocadéro
75016 Paris
A voir aussi sur artsixMic :
Casa Lopez et Edith Mézard : Leur maison rêvée en Provence
Les champs des possibles au Cac l’arTsenal
L’été de la forêt à la Friche de l’Escalette
Earth 2020 by Jeanne Morel et Paul Marlier : Quand l’art illumine les consciences !
Saype : Beyond Crisis and Beyond Walls Project
Snapchat et Damien Hirst : Nouvelle expérience de réalité virtuelle
Not Cancelled : Une exposition collective d’art contemporain en ligne
Guillaume de Sardes by Barbara Polla
Mimiko Türkkan : Million Dollar Artist by Barbara Polla
Déborah Bruni : Quartier Rouge au Sinner Hôtel
Yves Viallard alias l’Atelier Mad présente Babel à la Upper Gallery
Les Triplés à la montagne de Nicole Lambert à la galerie Art’n Chéry
Manara et Pratt pour la 1ère fois ensemble chez Huberty et Breyne
Elina Kechicheva présente Des Études Sauvages
Speedy Graphito : Tout un monde en soi
L’île dans les isles : Voyages dans l’archipel anglo-normand avec Olivier Mériel
ANNA Pavlikovskaya-Photographie : La Russie d’aujourd’hui
Emile Gallé : Maître verrier, Maître de l’Art nouveau
Annecy Paysages : Interview et Reportage