La planète mode de Jean Paul Gaultier : De la rue aux étoiles

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    PIERRE ET GILLES – JEAN PAUL GAULTIER, 1990 – COMMANDE SPÉCIALE POUR ILLUSTRER LA COUVERTURE DU ROMAN-PHOTO AUTOBIOGRAPHIQUE
    À NOUS DEUX LA MODE PHOTOGRAPHIE PEINTE, ENCADRÉE PAR LES ARTISTES COLLECTION PARTICULIÈRE, PARIS
    © PIERRE ET GILLES. COURTESY GALERIE JÉRÔME DE NOIRMONT, PARIS.
    PHOTOGRAPHIE: RAINER TORRADO

    La FUNDACIÓN MAPFRE présente pour la première fois en Espagne l’oeuvre de Jean Paul Gaultier, célébrant ainsi les 35 ans de carrière du créateur. Initiée et produite par le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), cette première exposition internationale dédiée au créateur se veut un projet innovant, qui permet de jeter un nouveau regard éclairant sur son oeuvre et son influence dans le monde de la mode.

    L’exposition, qui prend la forme d’une installation contemporaine plus que d’une rétrospective, se compose de 110 modèles couture et prêt à- porter. Elle comprend également plus de 50 croquis, accompagnés de pièces audio-visuelles, d’ extraits de défilés et interviews ainsi que de ses premiers dessins et photographies, qui dans leur ensemble, témoignent autant de ses propositions risquées et pointues que de la virtuosité et de l’artisanat de ses créations.

    Cette exposition présente pour la première fois l’oeuvre de Jean Paul Gaultier au public espagnol, ainsi que certaines oeuvres jamais montrées auparavant en Espagne (par exemple les deux corsets de la tournée de Madonna Blond Ambition Tour, 1990). Jean Paul Gaultier entretient une relation particulière avec l’Espagne. Il se livre en ces termes dans une interview récente avec le commissaire de l’exposition : « Enfant, j’allais souvent en Espagne avec mes parents. Je voulais devenir professeur d’espagnol! Le destin a voulu que ma plus grande passion, la mode, devienne ma profession. J’ai collaboré avec de nombreux artistes espagnols, comme Pedro Almodóvar, pour qui j’ai dessiné en trois occasions les vêtements pour Rossy de Palma, Elena Anaya et Victoria Abril, ou pour le danseur Joaquín Cortés.

    L’Espagne, de par sa culture unique, du flamenco à la movida, a toujours été pour moi une source d’inspiration. J’ai réinterprété ses vestes de toréador, ses éventails ou ses châles sévillans dans de nombreuses collections ».

    Cette affinité et les collaborations de l’artiste avec le cinéma, la mode et la danse espagnols sont très présents dans l’exposition. Pedro Almodóvar, en particulier, prête à cette occasion des pièces et des esquisses réalisées pour La piel que habito (2011), La mauvaise éducation (2004) et Kika (1993). Elles ne seront visibles qu’à Madrid. Nathalie Bondil , directrice et conservatrice en chef du Musée des beaux-arts de Montréal a initié ce projet. Elle a voulu dès le départ réaliser une exposition sur Jean Paul Gaultier pour son humanité, sa vision ouverte sur la société où chacun peut s’affirmer comme il est. Pour elle, au delà de la virtuosité technique résultant de l’exceptionnel savoir-faire des différents métiers de la haute couture, d’une imagination débridée et de collaborations artistiques historiques, il y a chez Jean Paul Gaultier une vraie générosité et un message social très fort, sous couvert d’humour et de légèreté.

    Jean Paul Gaultier a été défini comme «enfant terrible» de la mode. Il doit ce qualificatif à la capacité qu’il a, comme cela est parfois le cas chez les grands artistes, de fusionner dans ses créations la culture d’élite et la culture de masse. La rue est à la fois sa source d’inspiration et son idéal car comme tous les grands artistes, son désir premier est que ses créations soient portées, soient vécues et soient vues.

    C’est dans cette optique que la FUNDACIÓN MAPFRE a décidé de prendre part à l’ambitieux projet d’itinérance de l’exposition organisée par le Musée des beaux-arts de Montréal en collaboration avec La Maison Jean Paul Gaultier. L’exposition, inaugurée en juin 2011 à Montréal, a ensuite été présentée au Dallas Museum of Fine Arts, et au deYoung Fine Arts Museum de San Francisco. Après son étape madrilène, elle sera visible au Kunsthal de Rotterdam (février – mai 2013) et enfin au Arkitekturmuseet de Stockholm (juin – septembre 2013). Après avoir présenté la rétrospective sur la vie et l’oeuvre de Yves Saint-Laurent (2011), la FUNDACIÓN MAPFRE a voulu présenter l’oeuvre de Jean Paul Gaultier, dépouillée de son couvert de l’humour pour le révéler comme l’un des artistes les plus emblématiques du XXe au XXIe siècle. L’exposition se complète d’un catalogue édité par le Musée des beaux-arts de Montréal dans lequel sont abordées et analysées toute sa carrière et son influence, d’un point de vue chronologique et conceptuel, à travers des interviews et des essais de personnalités de référence du monde de la mode. Tout au long de l’exposition, 30 mannequins parés de diverses perruques et ornements, création d’Odile Gilbert, fondatrice de l’Atelier 68 à Paris, « s’humanisent » grâce à des visages interactifs créés au moyen de projections audio-visuelles qui surprendront les visiteurs.

    La production, le design et l’installation de ces mannequins virtuels dynamiques, drôles et poétiques, ont été réalisés par Denis Marleau et Stéphanie Jasmin de UBU – Compagnie de création de Montréal. Une douzaine de personnalités – dont Jean Paul Gaultier – ont prêté leurs traits, et certaines leurs voix pour la réalisation de ce projet.

    JEAN PAUL GAULTIER lance sa première collection de prêt-à-porter en 1976 et fonde sa propre maison de haute couture en 1997. Très tôt, ses designs avant-gardistes fissurent les codes sociaux et esthétiques établis. Des oeuvres inédites de Cindy Sherman, Andy Warhol, Richard Avedon, Mario Testino, Pierre & Gilles ou Inez van Lamsweerde & Vinoodh Matadin, montrent l’importance de son oeuvre aussi bien dans le monde de la mode que dans la société qui l’entoure. Ses nombreuses collaborations avec le 7e art, la musique ou la danse, laissent leur empreinte significative dans cette exposition (Pedro Almodóvar et Luc Besson pour le cinéma, Kylie Minogue et Madonna dans le milieu de la pop music, ou des chorégraphes de référence comme Maurice Béjart ou Régine Chopinot).

    CROQUIS DE COSTUME DE SCÈNE POUR MADONNA, BLOND AMBITION WORLD TOUR, 1989-1990 © JEAN PAUL GAULTIER

    L’exposition se divise en six parties, et propose un cheminement dans la vie et l’oeuvre de Jean Paul Gaultier, de son enfance et ses débuts dans la mode à aujourd’hui.

    Cette section est une introduction à l’univers du couturier. À travers ses grands signes identitaires : marins, sirènes, iconographie religieuse, le ton est donné. Son premier modèle (1971), jamais montré auparavant, y est exposé.

    Le Boudoir

    Cette section donne un aperçu de l’enfance de Jean Paul Gaultier et ses premières influences, marquées par la figure de sa grand-mère. Le film Falbalas laisse une empreinte profonde chez l’artiste, notamment dans sa manière de concevoir la façon de se vêtir des femmes : les corsets, les corsages et la subversion latente de l’usage du sousvêtement que fait Jean Paul Gaultier, viennent de cette première époque, où il pense convertir les vêtements traditionnellement cachés en symboles de pouvoir.

    Gaultier redessine corsets, jarretelles et sous-vêtements en proposant des pièces qui abandonnent le secret de l’intimité pour se convertir en foyer d’attention.

    Il redessine corsets, jarretelles et sous-vêtements en proposant des pièces qui abandonnent le secret de l’intimité pour mieux attirer l’attention. Soutiens-gorge de forme conique et vêtements corsets se muent en instruments de pouvoir pour les femmes, en décidant de faire émerger les dessous à la surface. Ici nous trouverons deux corsets appartenant à Madonna, réalisés pour le Blond Ambition Tour de 1990, que l’artiste a cédé pour l’exposition ainsi que des vêtements de sa tournée Confessions Tour de 2006 et MDNA World Tour de 2012.

    À fleur de peau

    Jean Paul Gaultier définit la peau comme le premier des vêtements. L’ornementation ou la décoration dont elle peut être le support ont été une grande source d’inspiration tout au long de sa carrière. En plusieurs occasions ses créations donnent lieu à des jeux proches de la nudité, la peau écorchée ou tatouée.

    Gaultier définit la peau comme le premier des vêtements.

    Cette section montre aussi que les matériaux se collent au corps pour le redessiner, ou encore son approche de la mode masculine avec de nombreux exemples parmi lesquels ses fameuses jupes pour homme.

    Punk Cancan

    DEPUIS les débuts de sa carrière, l’artiste réalise une fusion de styles et d’influences en principe opposés. Notamment entre l’élégance et le classicisme parisien où il naît et vit, et le développement du mouvement punk qu’il découvre à Londres et avec lequel il communie dès ses premiers moments.

    Gaultier réalise une fusion de styles et d’influences en principe opposés.

    Les icônes parisiennes (Kiki de Montparnasse ou Catherine Deneuve) et les symboles de sa ville, comme le béret ou la gabardine trench, se transforment sous l’influence de l’imaginaire du Paris de Pigalle et des punks tatoués de Londres. Latex, cuir, dentelles ou filets acquièrent un nouveau sens de pouvoir, d’élégance et de transgression. Dans cette section nous trouverons la collaboration spéciale du grafffer espagnol SUSO 33.

    Jungle Urbaine

    GAULTIER fusionne ses influences multi-ethniques dans ce qu’il nomme la jungle urbaine. Les arabes du quartier de Barbès, les rabbins newyorkais, les femmes chinoises qui deviennent danseuses de flamenco, l’iconographie russe ou les maharajas de Bollywood forment une nouvelle esthétique intégrée à la haute couture française.

    Les cultures du monde entier fusionnent pour former une nouvelle esthétique intégrée à la haute couture.

    Pour exprimer ces courants, il se sert entre autre de différents usages du cuir, de la peau de python ou de crocodile, et de divers types de plumes d’oiseaux exotiques.

    Metropolis

    S’INSPIRANT de la new-wave et de la musique house des années soixante dix, le couturier en vient à explorer les champs de la haute technologie et de la science-fiction. Depuis ses premiers designs de bijoux électroniques et la collection High-Tech de 1979, il s’est toujours trouvé à l’avant-garde. Le vinyle, le lycra, le néoprène, les tissus en trois dimensions ou matériaux gonflables ont été quelques-uns de ses grands apports à la couture.

    Jean Paul Gaultier franchit un cap dans sa capacité à surprendre par ses collaborations avec des personnalités de la pop rock, du cinéma ou de la danse. Cette section comprend une partie spéciale dédiée à la collaboration avec Pedro Almodóvar, avec notamment l’esquisse et le justaucorps nude réalisés pour le personnage de Vicente/Vera (Elena Anaya) dans le film La piel que habito (2011) ou le kimono que porte Gaël Garcia Bernal dans La mala educación (2004).

    • Exposition du 6 octobre 2012 au 6 janvier 2013

     FUNDACIÓN MAPFRE : Salle RECOLETOS

    • Paseo de Recoletos nº 23 Madrid – ESPAGNE

    Depuis le site www.exposicionesmapfrearte/jpg les internautes pourront connaître la trajectoire de l’artiste et ses oeuvres les plus manifestes, réaliser un parcours virtuel en haute définition dans chacune des salles, et écouter les commentaires de spécialistes. Il sera égalementpossible de consulter un extrait du catalogue et d’accéder à toute l’information nécessaire sur les ateliers et les visites.

    Commissaire :  Thierry-Maxime Loriot